Grima - Nightside
Chronique CD album (49:00)

- Style
Atmoblack sibérien en partie décongelé - Label(s)
Napalm Records - Date de sortie
28 February 2025 - Lieu d'enregistrement Grima The Mighty Studio (Russie)
- écouter via bandcamp
Les Russes de Grima font partie des groupes qui jalonnent solidement l’horizon d’écoute et de rédaction des chroniqueurs de Black Metal, depuis qu’ils claquent de manière méthodique un album tous les deux ans. Nightside, déjà leur 6e long-format, fraichement sorti chez Napalm Records (après une longue période de collab’ avec le label finlandais Naturmarcht Productions), a quelque peu dérogé à la règle, puisque plus de 30 mois le séparent de l'élégant Frostbitten. À noter entretemps la sortie d'un EP live 4 titres Red Forest Ritual.
Souhaitant – comme le suggère la superbe pochette créée par Paolo Girardi – toujours aussi ardemment « honorer l’esprit de la forêt sibérienne, la taïga », les jumeaux Sysoev semblent avoir davantage pris de temps à composer cette nouvelle offrande réfrigérée. Et pourtant voilà sans doute la proposition la moins probante sortie par le duo à la face boisée, devenu quartet en studio et en concert avec le renfort de Serpentum à la guitare (basse) et Vlad à la batterie. Cette impression tiède, pour ne pas dire mitigée, je m’la traine depuis le premier titre mis à l’honneur, à savoir "Skull Gatherers". Or, contrairement à d’autres sorties récentes qui ont pu en bénéficier, à l’exemple du dernier Aara qui a su peu à peu dévoiler sa richesse d’écritures et sa puissance d’exécution, les multiples écoutes de ces dernières semaines n’y ont rien fait. Peut-être est-ce le résultat d’un rythme (trop ?) soutenu, pour ne pas dire effréné (6 albums en dix ans tout de même), mais on a sans doute atteint ici un plateau dans la qualité de composition, un plateau accusant même un faux-plat descendant. Et le passage chez Napalm n’y semble pour pas grand-chose…
La morsure polaire se desserre, l’atmosphère glacial se réchauffe, le tout devenant beaucoup moins immersif. Notre Xuaterc me pourra que plussoyer, lui qui n’apprécie guère cet instrument, mais dès l’intro "Cult", le bayan est très mis en avant, au détriment d’autres éléments, samplés ou orchestrés, qui faisaient tout l’ADN de ce Black atmo sibérien (cris d’animaux, forêts pliant sous le vent, …). Cet accordéon traditionnel russe est très inégalement inséré dans le mix final de ce Nightside, avec grande maladresse à la fin de "Skull Gatherers" ou à la 4e minute de "Mist and Fog"… Il offre pourtant un pur moment de grâce mélancolique durant 80 secondes, à l’entame de "Flight of the Silver Storm", véritable gemme de cet album, par top isolée, faisant suite à "Beyond the Dark Horizon", morceau sympathique, mais trop dansant. Cet ADN s’effrite, mais ne se délite donc pas … Ouf ! La participation de deux guests au chant clair – Savely Nevzorov et Ilya Panyukov – est à souligner, mais cette autre novation ne convainc pas complètement, bien davantage en tout cas sur le joli "Impending Death Premonition" que sur l’oubliable "Curse of the Void". L’intérêt pour cet album, ravivé par instant sur le bon "Where We Are Lost" (2e-3e puis 5e minutes), ne tient pas sur la longueur, alors que l’on s’approche de la fin de ces 50 minutes. Mid-tempo trop présent, riffing trop ressemblant, lignes de basse trop peu expressives (à l’exception notable du titre "Mist and Fog"), textures vocales et ambiances musicales trop linéaires… difficile de dire ce qui cloche exactement dans ce dernier Grima, mais je stoppe l’écoute en ayant passé un moment agréable, mais juste agréable en fait, alors que je m’attendais à … autre chose voilà tout.
Nul voyage glacial dans les paysages sibériens, nulle atmosphère rituélique entre le Blanc et le Rouge, nulle aventure intérieure portée par des compos froidement incarnées par leurs deux créateurs, juste un honnête album d’Atmoblack…
... Je m'en vais du coup écouter "The Shepherds of the Mountain and Plains" pour faire passer ma (relative) déception !
3 COMMENTAIRES
Xuaterc le 10/03/2025 à 18:56:55
Comme quoi, il vaut vraiment mieux s'abstenir d'utiliser cet instrument.
Vincent Bouvier le 11/03/2025 à 07:43:02
Tu entends quoi par "nulle atmosphère rituélique entre le Blanc et le Rouge" 🤔
Aldorus Berthier le 12/03/2025 à 06:15:22
Wah Paolo Girardi... C'est l'une des premières fois que je reconnais le nom d'un artworker :o
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