Grima - Frostbitten

Chronique CD album (48:57)

chronique Grima - Frostbitten

La clim’ musicale, vous connaissez ? Durable, renouvelable, plutôt efficace, elle permet de refroidir quasi instantanément l’atmosphère de votre pièce frappée par la torpeur estivale !  Et si vous n’avez p’us le At The Heart of Winter d’Immortal sous la main, sachez que, depuis 2014, vous pouvez allégrement taper dans la discographie des Russes de Grima. Si Rotten Garden a été mis sur le marché en janvier 2021, les jumeaux Maxim et Gleb Sysoev, a.k.a. Morbius et Vilhelm, ont eu la bonne idée de proposer leur 5e album – déjà !!! – le 29 juillet de cette année, toujours chez le label finlandais Naturmacht Productions.

 

Baisse de températures garantie, ne serait-ce qu’à l’écoute de la courte outro "Mana" et de plusieurs séquences réfrigérantes, délicatement placées au début ("Moonspell and Grief") ou à la fin des morceaux ("Gloomy Heart of the Coldest Land") !

 

Vous l’aurez compris : Frosbitten nous ramène encore une fois dans l’entrelacs des sombres et glaciales forêts de Sibérie. Inutile de m’épancher ici sur l’histoire de ce groupe (d’abord projet duo en studio, avant de trouver un prolongement sur scène sous la forme d’un quartet qui vient d’ailleurs tout juste d’achever une grosse tournée européenne), dans la mesure où cela a été largement fait dans mes chroniques de leurs deux dernières plaques polaires. On retrouve ici, à l’image de la rudesse et de la beauté concomitantes de la nature sibérienne, tout l’ADN glacial du Black Metal atmosphérique de Grima, pris entre passages tumultueux, respirations mélancoliques et souffle épique, le tout emmitouflé dans une approche animiste basée sur un véritable culte de la Forêt et des éléments naturels et vivants qui la composent, un culte sensé permettre à l’Homme de se détacher de la civilisation moderne.

 

Ce nouvel album propose une sorte de compromis, de rencontre, toujours aussi qualitative, entre l’atmoblack prégnant de Will Of The Primordial et l’identité Folk bien plus affirmée qu’offrait Rotten Garden. Par exemple, l’usage du bayan – que l’on doit en studio à l’artiste Sergey Pastukh – n’a pas du tout été négligé ici, habillement inséré dans les deux premiers morceaux et lançant avec intensité le titre "Winter Morning Tower". Marqué par une plus grande variation d’un titre à l’autre, autant dans la durée, dans la tonalité que dans les textures vocales (les clean vocals accompagnent sur "Into the Twilight" et plus encore sur "Moonspell and Grief" la voix stridente de Vilhelm), ce Frostbitten dispose de son caractère propre. Au point qu’il occupera certainement une place singulière dans la discographie de Grima. En effet, à lire les propos des jumeaux eux-mêmes, il s’agit « sans aucun doute du disque le plus froid et le plus sombre » jamais proposé jusque-là. Je plussoie largement : de morceaux tels que "Giants Eternal Sleep" et surtout "Hunger God", se dégage une ambiance bien plus inconfortable, inquiétante, voire hostile. Cela ne compromet en rien la cohérence d’ensemble, ni l’esthétique globale, ni même la force mélodique qui traverse les presque 50 minutes de cette offrande (arrêtez-vous donc sur le très beau "Into the Twilight") ; tout juste, faisons-nous face à un miroir plus sombre aux reflets plus menaçants.

 

À l’exemple du majestueux "Winter Morning Tower", du nouveau long-format jaillit à nouveau tout le talent des jumeaux de Krasnoyarsk. J’ai l’impression même d’en être parfois prisonnier, avec le risque par instant de me perdre dans une complète subjectivité. Aussi cette chronique (écrire trois textes en trois ans sur la même formation n’est pas un exercice aisé) sera-t-elle la dernière écrite par mes soins ; je laisserais à d’autres membres de la Team – s’il le souhaite bien entendu – d’arpenter les froids chemins forestiers que les Russes de Grima esquisseront dans les prochaines années à leurs auditeurs en quête d’émotions non feintes et de sons exquis.

photo de Seisachtheion
le 15/08/2022

3 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 20/08/2022 à 15:49:51

Au début je me disais "bon ils font du Grima quoi, ça marche mais ça change pas trop". Et puis en fait y'a quand même assez de nuances appréciables pour en faire un album bien reconnaissable.
Et puis j'ai l'impression que ça tire vers Agalloch dans le son ici et là, et j'apprécie. A réécouter !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/08/2022 à 17:24:04

Vraiment pas mal ce truc. Le côté atmo qui me gonfle est compensé par un chant super agressif et un bon tabassage rythmique.

Seisachtheion

Seisachtheion le 20/08/2022 à 19:19:39

Bvoui Pingouins ! Les albums de Grima nous font digérer la fin d'Agalloch 😉

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