Grima - Rotten Garden

Chronique CD album (43:28)

chronique Grima - Rotten Garden

Alors que Will of the Primordial de Grima a été le dernier album sorti en 2019 que j’ai choisi de chroniquer – laissant cette année de côté, le cœur lourd, pour mieux m’ouvrir à la nouvelle période qui s’ouvrait alors à moi –, Rotten Sound est le premier spécimen de 2021 sur lequel je pose une oreille très attentive ! Il faut trouver là bien sûr le signe du vif intérêt que je porte à ce projet. Les frères jumeaux Maxim et Gleb Sysoev, alias Morbius (basse, guitare) et Vihelm (chant, guitare, basse, clavier) ont gardé le même rythme de travail, à savoir un album tous les deux ans, parfois même moins comme ici (18 mois) ! On retrouve toujours en soutien le beau label finlandais Naturmacht Productions, qui tient sans nul doute à conserver l’un des éléments les plus qualitatifs et prometteurs de son roster.

 

Les souvenirs récents de l’écoute du très bon Will of the Primordial me permettent d’éviter l'amphigouri : Rotten Sound s’avère meilleur encore ! Et, je vous le dis d’emblée, cela n’est dû ni à la pochette, un peu décevante, ni aux nouveaux masques boisés, marrants mais sans plus, qu’arbore depuis peu le duo.

 

Les jumeaux Morbius et Vihelm

 

On retrouve les mêmes intentions que celles affichées à l’occasion des efforts précédents : dresser en musique, à l’aide d’un Black Metal à la croisée du folk, de l’atmosphérique et du mélodique, les contours des paysages de la Sibérie, ses forêts prisonnières du givre, ses reliefs enneigés, ses cours d’eau pétrifiés par la glace, sa faune résiliente. Mère Nature est bien là.

 

Ici, tout est dans le ton. Rien à voir avec un regard mâtiné de préjugés, porté sur cette région par des allochtones. Nous y sommes transportés, voilà tout, notamment grâce à des arrangements de qualité. Les samples sont en effet placés de manière cohérente et judicieuse, sans jamais départir, à l’exemple de la première proposition "Cedar and Owls" où les hululements de la chouette s’incrustent à merveille dans les lignes cristallines des guitares. Cela est encore plus convaincant sur le segment instrumental "Old Oak" dont les 180 secondes planantes seraient parfaites pour intégrer une compil’ de sylvothérapie nordique !

 

L'objet du bienfait: le bayan !

 

Alors que le chant de Vihelm, en progrès, prend du coffre ("Grom"), Rotten Sound est définitivement bonifié par une intégration plus prononcée du clavier et plus encore de l’accordéon. L’utilisation du premier est particulièrement prononcée (fin de "Cedar and Owls"), parfois même osée lorsque prend fin le titre éponyme. Mais quels frissons créés de la sorte, semblables aux flocons s’immisçant jusqu’à notre nuque ! Plus encore, la place du second est davantage affirmée, au point d’apparaître comme un gros atout, indispensable pour donner à l'ensemble une belle teinte folk. Alors même que je remarquais, dans Will of the Primordial, que son usage aurait pu et dû être « plus franc et plus massif », le bayan, placé à partir du superbe "At the Foot of the Red Mountains", joue un rôle déterminant. Vœu exaucé ! Accompagnant le rythme effréné des guitares, il bénéficie d’un véritable solo dès le début de la 2e minute. On le retrouve ensuite mis à l’honneur lors des premiers instants et en plein cœur de "Rotten Garden", d’où s’extrait une beauté polaire propice aux sentiments affligés. Toujours aussi atmosphérique, mais plus orageux, "Grom" offre une gnaque et une nervosité bienvenues ! À noter, enfin, la présence en bonus track de la version remasterisé de "Devotion to Lord", à l’origine dans l’album de 2015.

 

Sans céder si peu que ce soit à une approche platement laudative de ce nouvel opus, je dois bien reconnaître que se dégage à l’évidence quelque chose de particulier avec ce Grima, quelque chose d’impalpable et d’ardue à verbaliser, mais qui, au bout de ce chemin glacé, rend ce duo très attachant. Sans doute tout à la fois la sincérité artistique, l’émotion profonde et non feinte, le souffle épico-polaire, les rets mélancoliques qui jaillissent de ce travail.

 

Le cœur empli et le souffle coupé, je fais déjà face à un très solide membre de mon top 2021. Et oui, déjà…

photo de Seisachtheion
le 08/02/2021

6 COMMENTAIRES

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 08/02/2021 à 10:57:59

"quelque chose d’impalpable et d’ardue à verbaliser, mais qui, au bout de ce chemin glacé, rend ce duo très attachant". Entièrement d'accord.  Très bon album au demeurant. 

el gep

el gep le 09/02/2021 à 10:00:54

Ça pourrait me plaire! Mais bordel, y'a trop de trucs à écouter, comment vous faites!?!

Seisachtheion

Seisachtheion le 09/02/2021 à 10:31:31

Comment fais-je el gep ? Depuis le début 2021 et le raz-de-marée de sorties qualitatives qui seraient tellement sympas à chroniquer, je sors la tête de l'eau pour prendre ma respiration toutes les trois brassées au lieu d'une habituellement... Mes poumons prennent l'eau !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 09/02/2021 à 11:22:25

J'ai vu un clip: on n'est pas à la limite du ridicule tout de même ?

Groot

Groot le 10/02/2021 à 20:41:18

Tiens des fans des Gardiens de la Galaxie. Mais où est le rapport avec le black metal ?

Pingouins

Pingouins le 16/09/2021 à 14:50:52

Je pense que je préfère Will of the Primordial, que j'avais trouvé absolument excellent, mais c'est peut-être seulement parce que je n'ai pas encore assez écouté celui-ci :)
En tout, cas, y'a une nette différence de classe entre ce disque et le dernier WITTR...

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