Intraveineuse - Chronicles of an Inevitable Outcome

Chronique CD album (32:29)

chronique Intraveineuse - Chronicles of an Inevitable Outcome

Intraveineuse est un duo parisien fraîchement sorti de l’oeuf et qui a fait dès ses débuts le pari de l’instrumental et de l’instrumental bien dense. A une époque où sortir un morceau de plus de 3 minutes relève du suicide commercial, Chronicles Of An Inevitable Outcome en fait 32 et, bien qu’il s’articule en 3 parties, il ne peut s’écouter, ne s’apprécier et n’être jugé que dans son intégralité. On peut donc d’ores et déjà au moins saluer le risque pris sur la forme et reconnaître une certaine intégrité artistique.

De fait, si vous n’aimez pas les groupes qui prennent leur temps pour exposer leur propos, pour installer des ambiances et si vous n’avez d’oreilles que pour les morceaux “courts et efficaces” avec du groove à gogo, de la technique de gogo, du gros sons pour les pogos, passez votre chemin. Mais si vous aimez vous installer confortablement dans une oeuvre sans avoir besoin d’y rester pleinement concentré, si vous appréciez de vous laisser uniquement porter par les émotions qu’elle vous procurera, si vous avez besoin d’un confident sonore pour vous accompagner à l’occasion d’une balade, si vous avez besoin de nourrir musicalement vos réflexions nocturnes, alors Chronicles Of An Inevitable Outcome est fait pour vous.

 

Arpèges chorusés aux saveurs gothiques, guitares saturées langoureuses, guitares acoustiques, leads gilmourien, empilements pléthorique de pistes, de nappes, batterie pleine de réverbération appuyant des tempos lents et lourds, empreinte forte du son des années 90, la musique d’Intraveineuse est riche, mélancolique mais jamais dépressive ni geignarde. Ici, la souffrance est peinte de loin, avec recul et humilité, mise en musique savamment plutôt que subie bêtement.

Si le groupe se décrit comme un mélange de doom et de metal gothique, ça n’est ni totalement vrai, ni fondamentalement faux. Il y a bien une fibre metal mais devinable plus que détectable, comme une influence lointaine dont on aurait écarté la noirceur violente au profit d’une noirceur intense. Il y a bien la lourdeur mais elle est amenée dans un souffle plutôt que dans un cri. La musique graviterait donc selon moi dans les sphères du rock alternatif très velu plutôt que dans le gros métal poilu. Mais peu importe les étiquettes, l’ensemble est très réussi, ne souffre aucun ennui. Et pour les sceptiques, l’absence de voix n’en est pas une et permet de profiter pleinement de la richesse instrumentale et musicale offerte par ce voyage.

Le mixage, parfait à tout point de vue, réussit à porter la densité de l’oeuvre pour nous éviter d’avoir jamais à la supporter et traite avec une qualité égale les instruments organiques et ceux électroniques. Il m’a fait beaucoup penser aux sons d’artistes qu’on ne cite que rarement sur le meilleur webzine du monde de l’univers: JT Bruce ou encore Ezekiel, RQTN, le côté électrique en plus. La nostalgie de ce son très typé 90's s'ajoute à merveille à la nostalgie ambiante des morceaux.

 

Intraveineuse porte donc bien son nom et se plaît à diluer doucement dans nos cerveaux une musique dont la richesse est quasi-cinématographique et se développe tout au long de ce time-lapse musical parfois sépia, parfois noir et blanc, parfois pastel. Plus qu’un bon album, Chronicles Of An Inevitable Outcome est un bel album, composé, interprété et produit avec grand soin et dont le pari semble être de faire la part belle aux ambiances. C’est réussi. Il fait partie de ses instrumentaux qu’on ne penserait pas forcément écouter mais sur lequel on s’attarde avec plaisir quand la fonction shuffle de votre lecteur audio préféré a la bonne idée de vous faire tomber dessus.

 

On aime: les émotions portées et produites, le son très riche, le côté 90's

On aime moins: un format long qui ne plaira pas aux pressés

photo de 8oris
le 19/05/2021

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