Biocide - Le Syndrome de Meurfy
Chronique CD album

- Style
Fusion - Label(s)
narkosia - Date de sortie
5 décembre 2005
Existant depuis 1996, les Biocide commence à faire parler d'eux depuis la sortie remarquée de leur 1er LP Narkosia. Et depuis me direz-vous? Et bien depuis je n'entendais plus trop parler d'eux à vrai dire, mais c'est qu'ils ont tourné les gaillards depuis, et pas qu'en France; d'où ce relatif manque de news peut-être. Et c'est en assistant au concert de Cave In + Pelican que je découvre ce groupe français qui m'a très agréablement surpris, celui-ci étant ultra en place et dégageant un panel d'ambiances et d'humeurs à grands renforts d'influences très variées - ce qui m'a donné envie de me pencher un peu plus sur ce combo.
N'ayant pas eu l'occasion d'écouter Narkosia (le grand sommeil) , c'est avec une oreille toute vierge que je me suis plongé dans ce riche Syndrome de Meurfy en ayant encore dans l'esprit leur prestation à la boule noire, et ce, tout à leur grand avantage soyons francs. Amateurs de gros Métal ou de Hardcore qui tache, de hargne tout juste controlée, de riffs haineux ou encore d'atmosphères sombrissimes passez votre chemin, je vous l'annonce tout de go! Ce n'est pas du tout dans ce genre de styles cathartiques que tape Biocide. Le groupe, qui existe depuis un moment déjà, a su ingérer nombre d'influences, a du écouter ou cotoyer nombre de groupes et a ingéré tout ça en en faisant sa propre matière. Matière à la texture principalement rock, mais qui serait plus un espèce de joyeux patchwork chamaré plutôt qu'un triste matériau uni; ça passe facilement d'une ambiance à une autre et on se retrouve sans pouvoir dire ouf! d'une piste psychédélique aux sonorités étranges et presque intersidérales à une ballade rock, puis à un autre titre assez énervé ou pétri de riffs et de rythmes groovy. Un album de Biocide est à 1000 lieues de n'être qu'une succession de pistes, c'est un monde en soi avec une cohésion, une matrice principale qu'il n'est nul besoin d'expliquer tant elle apparaît flagrante dès les premières écoutes.
Alors qu'est-ce qui différencie ce combo de tant d'autres? Et bien imaginez des riffs de Primus mélangés avec des mélodies soyeuses mais groovy à la Incubus, ou bien des délires à la Mike Patton sur un rythme funky, le tout donnant un rendu tout à fait cohérent et juste. Et bien Biocide ce serait à peu près ça; une sorte de Psykup avec une approche encore plus jazz et moins death mais dans un esprit tout aussi barré (et ce, sans oublier le talent bien sûr). Des morceaux magnifiques tel 'Voices' dévoilent tout le potentiel émotionnel du groupe, pour peu qu'on en aurait douté. En fait, le groupe sait allier son profil un peu décalé, qui nous dépeindrait volontiers un univers tel que celui de leur artwork; vivant, coloré, un poil inquiétant, et totalement improbable. Quelques lueurs venant éclairer ce tableau à coup de mélodies à la Kaddisfly (rappelant un peu Dredg pour ceux ne connaissant pas ces derniers) comme sur '60.000 floors to learn how to Fly', où là on a clairement la banane avec la tête oscillant de droite à gauche, comme bercé.
Voilà un combo qui, n'appartenant à aucune scène précise que je sois en mesure d'identifier clairement, sait s'imposer avec des titres tous autant réussis les uns que les autres en nous baladant dans un labyrinthe de styles où s'entrechoquent nos préjugés. En outre, je vous encourage vivement à les voir sur scène, car ils y ont un son tout aussi net et leurs morceaux prennent une dimension encore plus cinématographique (voilà l'adjectif qui, définitivement , me manquait pour les décrire).
1 COMMENTAIRE
cglaume le 22/02/2016 à 12:52:33
Une superbe découverte tardive pour ma part. La musique de Biocide part dans tous les sens, les pieds de la formation restant néanmoins plus particulièrement ancrés dans la « Fusion Néo Nawak » à la Psykup / toumaï / Empalot et la Math-Rock déluré (de PoiL). Sur cet album on croise également du Punk, de la Noise, du Blues, Pink Floyd, Faith No More, les Portobello Bones, Vladimir Bozar, ou encore Aspirateur de Langue. Bon certes, il y a des longueurs et des langueurs… Mais aussi quelques titres assez énormes.
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