John Carpenter - Lost Themes

Vous n'avez pas envie d'écouter ça. Vous ne le savez peut-être pas encore, mais j'dis ça, j'dis rien, et surtout c'est pour votre bien.

Moi, en tous cas, j'ai pas envie de réécouter ça.

Un petit signe efficace pour savoir si on a aimé ou pas, hein ?

En plus ça tombe mal, ça tombe sur ma gueule. Et le truc, c'est que je dois être aussi peu enclin à me complaire dans la nostalgie qu'à me soumettre à l'idolâtrie. Ou à écrire des chroniques courtes et sensées. Ou à faire le critique d'art pictural, tiens, ça ça ça serait drôle, que je me mette à chroniquer des croûtes.

Tout ça pour dire : c'est dire !

Dur...

Oh à une époque, j'avais dû bien aimer me réécouter quelques thèmes de ses banderoles originales, au père John Carpenter. Et en plus, je suis un admirateur de beaucoup de ses films, comme, tiens, Casino, Titanic, ou Les 400 Coups de Canifs dans le Comptoir.

Cette époque, si je m'en souviens bien, devait être aussi le temps du retour de Can et Goblin dans les oreilles des hipsters (je ne savais pas - pendant bien longtemps, préservé que j'étais dans mon petit F2 pourri - ce que voulait dire ce mot jusqu'à ce qu'un pote me traite de hipster, justement, quand il avait vu que je ne m'étais rasé que la moité de la tête, l'autre restant équipée de cheveux mi-longs un peu partout, sauf sur le dessus – je me trimballe une calvitie précoce qui, depuis le temps, ne l'est plus vraiment, précoce. Quel salopard !, me suis-je fait, quand j'ai lu la définition sur wiki-pedo – comme quoi je ne suis en fait qu'un pauvre plouc mal habillé – et, pire encore, quand je suis retourné à Paris et ai pu constater l'existence malheureusement bien réelle de ces drôles de trucs – certains étaient effectivement affublés d'étranges coupes de cheveux), cette époque, disais-je, c'était juste avant l'apparition de groupes nuls comme Health – j'ai dansé là-dessus au nouvel-an de je sais plus quelle année mais, que voulez-vous, j'étais à Paris – et j'étais copieusement bourré. J'adore utiliser ces petits tirets, là - qui en font des plus grands automatiquement quand j'écris sur mon traitement de texte. Sauf que des fois, ça marche pas, ils restent petits, les petits tirets. Les mystères de Open Office !

Le vrai mystère de l'Open Office, c'est qu'ils n'aient pas depuis longtemps intégré un éthylotest branchable en USB. Ça m'éviterait d'écrire autant de conneries.

Et d'utiliser autant de virgules, de parenthèses et de tirets qui deviennent plus grands ! Tous ces bidules parfois dans une seule phrase, mes pauvres amis imaginaires !

Merde ! Faut que je fasse cuire le poisson pour demain, sinon il va être gâté !

Je reviens ! A tout de suite, bougez pas !

Hop-hop, huile d'olive, citron vert, poivron vert, gingembre, curry, un brin de crème fraîche, du poivre, du sel, et avec ça ? Du riz ? Ou des patates grillées à la poêle mélangées à quelques navets ? Ah, les navets, je crains que ça le fasse pas avec le citron vert et le poivron vert lui aussi et le gingembre du poisson – question d'amertume, n'en rajoutons pas dans la tambouille... Peut-être que si, ça le ferait, mais j'ai pas envie de tester, là, j'aime bien Can pourtant, le peu que je connais, mais je préfère écouter Goat.

A toute, donc !

Alors voilà j'ai essayé un truc, pas sûr que ce soit très bon mais, avec toute l'expérience que j'ai en cuisine improvisée, ça devrait au moins être mangeable (j'ai opté pour le riz en accompagnement).

Où en étais-je ?

Ah ben oui : c'est ce qu'a dû se dire le bon John. « Ça doit être au moins écoutable. »

Pas sûr...

Oh, y'en aura bien pour refaire les éloges de la beauté minimaliste des phrases de synthés de pépère Carpentère. La sombre lumière qui sout dans l'archaïque post-retro-futurisme !

Hé, depuis quand c'est bien les synthés ? Bordel !

Les mélodies faciles, qui peuvent avoir un certain charme dans d'autres contextes peut-être, le kitsch abusif, volontaire ou non – mais j'imagine que ce gars est un pur, ou juste phonétiquement – le dancefloor décalé qui regarde ses chaussures, le super cruising sur autoroute déserte, le post-expérimentalisme néotechnologique... je... bon, autant écouter Fraktus, hein.

Singe cherche amour !

J'ai aimé Drive de Nicolas Winding Refn, mais aimer ce disque ça serait comme croire que le personnage principal de Drive est un héros, et l'admirer, alors qu'il est juste... un monstre.

Salut !

Non... avec tout le respect que je lui dois... pour ses films... je lui dois le respect.

Il a fait des films formidables qui n'ont pas été appréciés à leur juste valeur en leur temps.

Ne serait-ce que pour The Thing, tiens... Chef-d’œuvre ! Hé, avec la musique de Morricone qui l'a jouée à la Carpenters Synth styley, éhéh ! Admirable, tout ça !

Mais là, ça ne passe pas.

Refais-nous plutôt un putain de film, John !

Salut(s) pour de bon ! Cordialement.

El Gep

le 13/06/2015