King Buzzo - This Machine Kills Artists
Chronique CD album (44:14)

- Style
Guitare à caustique et afro jojo - Label(s)
Ipecac - Sortie
2014 - écouter via soundcloud
Dix-sept foutus nouveaux titres au compteur. Dix-sept ! Quand le père Buzzo annonçait un disque acoustique, on ne s'attendait pas à semblable productivité, quand bien même c'est un peu l'une de ses spécialités. Attendez, comprenez : rien qu'une petite dizaine de sorties Melvins en 2013, un nouvel album annoncé pour octobre cette année, et entre tout ça, donc ce disque... Ça bosse dur, euphémisons là.
En prenant de l'âge (n'exagérons rien, la cinquantaine c'est pas la vieillesse non plus, hein...) on dirait que notre bon Buzzo semble vouloir courir de plus en plus vite, accumulant enregistrements et tournées-marathons comme certains tassent leur valises en sautant dessus à pieds joints, tout en faisant la vaisselle et répondant au téléphone. Le Boris Vian du Rock, quoi.
Ahahahah, Boris !
La fin serait-elle proche, monsieur Osborne ? Espérons que non ! Mais vous nous feriez presque douter en vous agitant ainsi dans un tel surmenage... Quoique, vus vos bonnes joues et votre teint délicatement rosé, nous devrions être rassurés.
Allons en paix.
Quoique... La guerre est proche. This Machine Kills Artists... « a group of gangsters who set out to 'rob the world », hey hello Woody !
Bien, bien, Buzzo se placerait-il en simple artisan déboulonneur de présomptueux ?
Ici en tous cas, il déboulonne ses habitudes et passe à la râpe en bois trouée. Objet plutôt rare dans la discographie de son groupe, il soutient pourtant que la plupart de ses morceaux ont été composés à l'origine sur acoustique, puis transférés sur électrique. Il n'était donc finalement pas si étonnant qu'un jour il passe à l'acte.
Acte de bravoure ou simple suite logique, besoin d'une pause chez les Meuhs ou prétexte pour ne pas rester les bras croisés sans pouvoir payer les factures, quoiqu'il en soit, Buzzo s'est retroussé les manches, a emporté sa caisse en bandoulière et vient arpenter les scènes, un joli disque sous le bras, avec sa tête de bienveillant serpenté collé dessus. Gare, le roi porte sa couronne mouvante et le regard est pétrifiant !
Recentrons-nous sur la musique. Pour beaucoup, un projet acoustique c'est feu de camp, ballades nostalgiques, voix chevrotantes et mielleuses, pour du romantisme creux à tous les étages.
Mais pas forcément, bordel ! La puissance de frappe brute n'est pas la même, certes, et il est parfois difficile de se faire entendre dans une foule avinée, mais le passage à l'acoustique peut se transformer en une occasion rêvée de clarifier le propos et de tranquillement sortir des horreurs à une assemblée consentant à écouter un peu la musique, pour une fois dans leur vie pourrie. Arrêter de se palucher sur le gros son des gros amplis à gros budget et rentrer un peu dans le vif du sujet, à poil, à l'os, à l'os à poils.
Et c'est exactement ce que nous propose notre Buzzo international ! Poil au salal !
On reconnaîtra ses coups de pattes assassins, son sens du riffing emporté et asymétrique (moins qu'en groupe ceci dit, il fait simple ici), et sa bonne voix très puissante nous tiendra en haleine même quand il n'y a presque plus rien derrière.
C'est ce qui bondit dans nos oreilles : Buzz est un fieffé chanteur qui place ses lignes et ses mots en profondeur, avec force, contrôle, et même, une certaine autorité incontestable.
Un côté « j'te dis comme j'le pense et ferme ta gueule, j'ai pas fini ».
Là. Posée, la pierre ; bon courage pour la bouger !
Donc une certaine énergie irradie de l'ensemble, on n'est pas là pour faire ronron, même s'il ressort aussi sa voix psychédélique, soufflée doucement, à plusieurs reprises. De l'assurance, mais y'a aussi de la nuance. Comme toujours, me direz-vous.
Ensuite, faut tenir la distance.
Sacré défi quand on ne veut abuser de re-recording ou autres tics de production. C'est un vrai album solo : une guitare, une voix, rien de plus.
Alors oui on décroche parfois un peu. Buzzo a une manière de faire bien à lui, et ses plans tournent parfois un peu en rond, manquant d'un chouïa de diversité, sans doute. Plusieurs morceaux se ressemblent et certains paraissent un peu creux par comparaison à d'autres beaucoup plus prenants. C'est un peu inégal, je crois qu'on dit comme ça. Surtout dans la deuxième moitié, ça flanche un peu.
Ça serait peut-être alors l'occasion d'écouter encore mieux, et de se casser un peu le cul à tenter de piger ce qu'il raconte, surtout que les titres de morceaux – plutôt cinglants, le pépère n'est jamais passé pour un gentil mâcheur de mots – ne manquent pas de panache et titillent la curiosité.
En fin de compte, Buzzo nous fait la plupart du temps du pur Melvins extra-lite, ne nous mentons pas. Des compos melvinsiennes pas très surprenantes et surtout pas encore passées au filtre crazy-heavy-freaky de son groupe, donc encore plutôt décharnées et manquant souvent – c'est un comble! – d'un poil de folie. Resteront un peu à part ces moments touchants – oui, touchants « Drunken Baby » et « Dark Brown Teeth » – et des titres plus marquants comme « Laid Back Walking », « The Vulgar Joke » ou quelques autres...
Je vous laisse le champ libre, ouvrez vos oreilles et votre cœur, repotassez un peu votre jargon anglais si ça vous dit, prenez le temps... ou tournez les talons, vous avez certainement tant de choses prodigieuses à faire.
1 COMMENTAIRE
el gep le 04/11/2020 à 22:37:11
Nique ta mère, Gep, ce disque bute!
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