Kitty In A Casket - Kiss & Hell

Chronique CD album (41:41)

chronique Kitty In A Casket - Kiss & Hell

J'avoue : il y avait beaucoup d'auto-dérision lorsque j'ai choisi parmi l'effluve de liens promo cet album de Kitty In A Casket. Avec un soupçon de trollattitude. Juste un peu. En même temps, vous la voyez cette pochette ? Une donzelle typée pin-up bonnasse chevauchant un missile, ça laissait envisager quelque chose de rigolo, vous ne trouvez pas ? Bon allez, c'est vrai, vous avez gagné : ce n'était pas un peu mais carrément beaucoup.

 

J'y allais la fleur au fusil, m'attendant à un truc horror rock. Genre cet épouvantail gothico-sophistiquo-gay de Wednesday 13 – je m'excuse auprès des fans mais c'est tout ce que l'imagerie du monsieur m'inspire – qui se serait transformé en pin-up des années 50. Gentille femme au foyer se voyant mettre les mains dans le cambouis pour contribuer à l'effort de guerre pendant que monsieur est à la guerre. Douce mais qui par un twist digne d'un nanard de série B, voire carrément Z, se serait fait possédé par une forme démoniaque hautement nymphomane qui l'aurait transformée en danseuse de charme pour les handicapés de la caserne militaire de cette petite ville de cambrousse en plein cœur de l'Amérique profonde et hypocritement puritaine. Oui, je sais, j'ai l'imagination débordante en terme d'imageries. En tout cas, traduisez tout ça en musique et vous aurez la moindre petite once d'idée de ce en quoi je m'attendais...

 

Eh bien, en fait, avec les Autrichiens de Kitty In A Casket, dans la réalité... Loupé, on est très loin de ça ! Du pop/rock banal et classique à pleurer qui nous fera souvent penser à du No Doubt qui aurait mangé une miette de rockabilly. Mais juste une miette, juste pour faire plaisir parce que franchement, cet aspect n'est pas aussi présent que le dossier de presse cherche à nous le faire gober. No Doubt... Sans doute pour le côté vitrine d'une frontwoman dynamique et pas désagréable à regarder dont le timbre se rapproche d'ailleurs de celui de Gwen Stefani par moment. Mais du No Doubt du pauvre, sans imagination. Bon, je suis dure, Kiss & Hell est un album qui se laisse écouter tranquille, sans qu'on n'en ressorte la moindre once de dégoût. En revanche, on en retiendra surtout l'oubli systématique qu'il inspire. Car si certaines pistes font office de tubes très radio-friendly aussi mielleux qu'efficace comme « Sticks & Stones » ou encore « Bloodlust », qu'on se prendra à chantonner vite fait pour les oublier sitôt terminé, c'est surtout l'indifférence qui prime quand on écoute ce disque. La faute à une homogénéité consternante : toujours les mêmes sonorités, les mêmes rythmiques, les mêmes constructions, les mêmes lignes vocales, ce serait à peine d'ailleurs si l'on remarque une chanson chantée en allemand avec « Feuer & Eis ». Autant dire que l'attention a tôt fait de lâcher le morceau. C'est dire, on se surprendrait presque à apprécier tomber sur la bonus track, « Gone », seule balade acoustique notable, lui aussi classique et basique dans l'exercice. Car au final, c'est bien là la seule note d'exotisme dans les tempos.

 

Alors, si vous trouviez que mon appréhension avant écoute semblait bien kitsch et peu ragoûtant, il s'avère tout de même qu'elle s'avère fort sublimée. Car Kitty In A Casket, c'est aussi un groupe avec une ambition visuelle. Et à priori, on se retrouve face au même syndrome qu'un groupe comme les Butcher Babies : le visuel n'est là que dans les images réelles à grand renfort d'illustrations et autres cosplay de scènes et vidéos. De la poudre aux yeux dans le sens où cela n'a aucune conséquence sur la musique : un comble quand on sait que c'est un point majeur pointé du doigt dans la com'. Et on en reviendra toujours au même point de départ, c'est-à-dire à de la musique basique et banale, sans imagination, jetée comme un pavé dans la mare au sein d'une scène qui n'en manque déjà pas. Ce n'est pas faute pour les Autrichiens d'essayer de s'extirper de tout ça avec l'intro de « Lurking In A Dark » un peu shock rock sur les bords. Pour mieux s'en aller vingt secondes plus tard vers leurs vieux démons platoniques.

 

Un groupe ambitieux qui ne donne pas les moyens de ses ambitions donc. Car franchement, ce n'est pas en se costumant sur scène qu'on peut se rallier une armée de fidèles peinturlés dans la fleur de l'âge comme ça dans le sens où pour les faire venir dans la fosse, il faudrait déjà offrir de l'imagerie musicale. Qui n'existe décemment pas dans Kiss & Hell. Alors, certes, je conçois, dans le domaine, je peux me montrer bien difficile. Mais en même temps, ce n'est pas de ma faute si je baigne dans les Stolen Babies – qui réussit son pari musical visuel avec brio, lui – depuis 2006. Et je ne parle pas de Sir Alice Cooper, pilloné à mort pour se retrouver par heureuse méprise dans le pot de poudre Guigoz.

photo de Margoth
le 29/03/2016

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 29/03/2016 à 12:24:11

"on en retiendra surtout l'oubli systématique qu'il inspire".

Beau quasi-oxymore qui fait mal aux synapses :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/03/2016 à 14:14:32

Au secours, encore plus mou que The Creepshow... Que The Hellfreaks maudissent les groupes de pop récupérant l'imagerie psycho et mangent leurs cadavres.

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