Massa Nera - Derramar | Querer | Borrar

Chronique CD album (49:22)

chronique Massa Nera - Derramar | Querer | Borrar

Et voilà que je suis de nouveau honteusement en retard sur cette chronique. J'écoute Derramar | Querer | Borrar, le nouvel album de Massa Nera, depuis plus de deux mois, et je n'ai pas réussi à coucher quelques paragraphes sur le papier avant sa sortie début décembre.

 

Pas que l'album soit mauvais, bien au contraire !

Pour ne pas faire durer le suspense trop longtemps, il est même très bon, malgré quelques errances ici et là, dont l'une (sur laquelle on reviendra) va jusqu'à être carrément incompréhensible pour moi. Mais j'espère bien tirer ça au clair dans une interview à venir avec le groupe. Même si je ne sais pas vraiment en quelle langue ça se fera, car le nom du combo est en italien ('Masse noire'), celui de l'album en espagnol ('Renverser | 'Aimer' ou 'vouloir' | Effacer'), et que c'est du New Jersey que proviennent nos quatre mercenaires du jour. Bon, je parle les trois alors ce n'est pas bien grave, mais je me pose tout de même la question. Parce qu'il va falloir en parler, de cet album, parce qu'il y a plein de choses dedans !

 

Tenez, prenez le premier morceau, par exemple, « An Endless Cycle // I Was More Than the Weight of My Work». Presque sept minutes trente au compteur, ce qui est assez osé, même pour un album qui va quasiment chercher les cinquante minutes au total. Pas facile de commencer avec un morceau aussi long, c'est exigeant et n'en a pas grand chose à foutre des conventions. Ce qui, de mon point de vue, est une bonne chose, puisque le morceau en question présente en sus globalement bien ce dans quoi on s'aventurera sur la suite : un screamo tendant parfois sur un côté plus post, parfois sur l'emoviolence, avec des transitions toujours bien amenées entre elles, des mélodies saillantes et une basse ronde et très mise en avant.

 

Mais on aura aussi de nombreuses surprises et pas de côté sur cet album : sur ce même morceau par exemple, une section beaucoup plus lumineuse et dansante, joyeuse même, s'engouffre entre les zones de friction, et ça marche plutôt bien.

Le début de « Lost Faces », sinon, au départ beaucoup plus pesant et lourd, pour un morceau au bout du compte extrêmement frontal qui vient s'abandonner dans une emoviolence désespérée, comme on le verra plus d'une fois sur ce disque.

 

Pour donner une idée du registre d'ensemble, disons que l'on est organisés autour d'un centre de gravité constitué de groupes comme Welcome The Plague Year, Ostraca, Underdark ou encore Majority Rule, le tout saupoudré d'une touche de screamo 'à la française', que l'on sent notamment proche de Daïtro. Bref, dans la lignée de groupes comme State Faults ou Frail Body.

 

Du côté du son, cela sent l'approche en grande partie DIY à plein nez, ce qui me plait, mais tout est très perceptible et différentiable. On a déjà parlé de la basse, vraiment appréciable. Mais les deux guitares ne sont pas en reste, conspirant l'une avec l'autre avec grâce et violence : le morceau « Adrift » est un parfait exemple de la capacité de Massa Nera à organiser leur musique de façon efficace tout en faisant passer des émotions à s'en arracher le cœur à l'unisson avec ces vocaux screamés à mort.

 

Jusque là, on se dit « wow, solide ». Et puis aucune voix claire ne vient gâcher la fête, malgré le fait que les quatre membres passent derrière le micro. Du coup, quand suite à la déferlante hardcore / emoviolence à la Orchid du début de « Shapeshift », on bascule sur cinq minutes d'interlude 'clubbing', à part très bien coller au titre du morceau, j'avoue ne pas du tout comprendre l'intention du groupe sur ce coup là.

Peut-être que cela correspond à la partie 'Querer' du titre de l'album, ce qu'il se passe avant et après correspondant plutôt bien aux deux autres termes. Mais j'ignore totalement si le disque est organisé autour de ce concept. Ca me fera une autre question à poser au groupe, tiens.

 

Donc un peu, pourquoi pas. Mais s'étendre cinq minutes là dedans, je trouve que ça brise vraiment trop l'élan qui s'était installé en début d'album, et rend un peu difficile la reprise derrière.

Un peu comme si, alors que vous faites de la course à pied et vous sentez dans une super forme et journée et sur le point de faire péter vos scores, quelqu'un vous tendait une bouteille de cinq litres d'eau et vous disait : « allez, faut finir ». Un peu d'eau, c'est bien pour garder le rythme. Trop, ça casse les jambes.

 

Enfin bref, malgré cette analogie à la con, on repart directement dans une emoviolence sans concession, qui remet sur les rails. Sur le reste de l'album, on n'aura plus de surprise aussi drastiquement en décalage avec le fond du propos. Mais les six derniers morceaux proposent encore de très bon moments, de la passion et de la sincérité dans ce qui est proposé. Et une mention spéciale aux violon / violoncelle qui ouvrent sur la fin très introspective de « You Mean So Much Than Misery To Me ».

 

Du coup, de Derramar | Querer | Borrar (titre qu'on peut s'imaginer être inspiré de Meshuggah, bien que la musique n'ait rien à voir), que je trouve vraiment bon dans son ensemble, j'en retiens presque trop son interlude au détriment du reste. Ce qui est peut-être l'une des raisons pour lesquelles je me retrouve en retard. Et aussi pour laquelle j'apprécie plus particulièrement la partie que je nommerai 'Derramar', c'est-à-dire l'ensemble des premiers morceaux avant l'interlude. Si le reste est bon également, j'y suis revenu moins souvent.

 

'fin bref. Massa Nera offrent ici un disque qui va de toute façon potentiellement finir dans mon top 10 de l'année, voilà, au moins c'est clair pour tout le monde malgré les critiques douteuses qui émergent de ce texte. Celles et ceux qui aiment leur screamo trempé dans l'emoviolence tout en restant en grande partie mélodique devraient y trouver facilement leur compte.

 

A écouter pour attendre à s'en faire mal au cœur que je comble mon retard pour l'interview du groupe.

photo de Pingouins
le 21/12/2022

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 22/12/2022 à 15:36:26

"Celles et ceux qui aiment leur screamo trempé dans l'emoviolence tout en restant en grande partie mélodique..." Il me semble faire parti du cœur de cible :p
J'avais déjà bien kiffé le premier LP Los Pensamientos De una Cara Palida. 
Celui-ci est encore plus riche, fouillé, arrangé... Chant toujours aussi varié..
Bref très bonne sortie, un top en fin de liste peut être.. A voir...

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