Miët - Stumbling, Climbing, Nesting

Chronique CD album (47:25)

chronique Miët - Stumbling, Climbing, Nesting

Regardez bien cette pochette bien arty dans l'âme parce qu'elle représente pile poil ce qu'est ce premier album de Miët : on éclate pour mieux reconstruire. A la tête : une personnalité, une Nantaise dénommée Suzy LeVoid. Qui ne compte que sur ses cordes vocales, sa basse et une simple machine à boucles. En découle une œuvre toute personnelle qui porte aussi bien sa jaquette que son intitulé. Stumbling, Climbing, Nesting. Trébucher, grimper et faire son nid en français. Tant pour sa génitrice qui ne cache pas la difficulté de l'accouchement que pour l'auditeur. Parce que le rejeton ne se laisse pas apprivoiser facilement.

 

Les premières écoutes sont même profondément déroutantes. On joue ici sur le minimalisme. Point de guitare, point de clavier, il faudra se contenter d'une simple section rythmique et d'une voix sans jamais remplir et surcharger un espace sonore des plus sommaires. Malgré tout, on distingue une affection pour le rock, la pop et la noise. Comme si l'on faisait se côtoyer une PJ Harvey avec une Björk. La première pour un aplomb et timbre de voix pas si éloigné. La seconde, de façon plus évidente, pour cette notion d'épurement et de placement de lignes vocales vis-à-vis du reste dans un premier temps. Et dans un second temps, dans ce que représente le résultat. A savoir, le fait d'avoir une impression un peu frustrante mais interpellante d'avoir au final affaire à une simple portion de l'expérience. Stumbling, Climbing, Nesting dégage cette aura d’œuvre qui joue autant sur le sonore que l'extra-sonore. Bien entendu, il faudra vérifier cette impression en allant voir ce que Miët peut bien donner sur les planches mais j'ai eu l'occasion d'entendre quelques retours ne faisant que confirmer cette impression : à grand renforts de jeux de lights, effets de fumées, voire de projections vidéo et de sa génitrice qui interprète en vivant à fond son expérience, toute la matière sonore présente dans cette galette pourrait bien prendre son sens. Il suffit d'aller jeter un coup d’œil à l'exercice des vidéoclips pour déjà ressentir comme un début de cela tant le visionnage ne laisse pas le même effet qu'une simple écoute seule du même titre.

 

Mais en soi, cette base incomplète n'est pas forcément complètement rédhibitoire. Passé le côté énigmatique des premières écoutes, on peut parvenir à vivre des choses très édifiantes. D'où le rappel de l'intitulé : on trébuche les premières fois et l'on finit par lentement et progressivement s'approprier la matière jusqu'à finir par se forger peu à peu son jardin secret. Si le côté instrumental est épuré à son maximum, dégageant ainsi l'aspect de la musicalité dans son sens strict de l'équation, tous les aspects liés à l'intensité et l'émotionnel sont bel et bien présents de par la voix de sa narratrice. Miët nous dépeint toute les nuances de sa mélancolie, son mal-être et son malaise vis-à-vis de la société dans laquelle l'on se doit de vivre. Et ça picote nos cœurs comme si l'on passer nos doigts dans de la laine de verre.

 

Ça titille le for intérieur, pas toujours dans son sens le plus agréable. Et ça picote même encore une fois la lecture terminée. C'est qu'on n'a peut-être pas tout compris – avons-nous cerné la chose déjà ? – mais l'on ne peut s'empêcher de se dire que l'on a vécu quelque chose d'intéressant. Sans qu'on ne puisse trop expliquer pourquoi. D'où cette chronique abstraite, d'un intérêt tout relatif à vrai dire. Mais en soi, il n'y a finalement pas grand-chose à décrire : certains arriveront à s'y plonger, non sans préparation préalable, alors que d'autres trouveront ça insupportablement bobo-hipster. Et déjà, pour en arriver là, vous devez déjà lancer cette galette. Autant dire que ce n'est pas cette bafouille qui le fera à votre place.

photo de Margoth
le 16/03/2020

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