Moisson Livide - Sent Empèri Gascon

Nul besoin de posséder des dons de voyance pour comprendre que Moisson Livide est une émanation du groupe de Folk Metal du Sud-Ouest Boisson Divine. Darkagnan, le chanteur, guitariste, bassiste et joueur de boha (la cornemuse occitane) de ces derniers, est parti, quasiment en solo, s’égayer chez Moisson Livide pour proposer une musique plus métallique. Il n’est épaulé dans sa quête que par le batteur Philippe Etcheblast, prenant en charge les instruments rock habituels, le bouzouki, la fameuse boha, le hautbois et la flûte irlandaise. Sent Empéri Gascon est donc, après un titre sur un split CD en 2022, son premier album. 

Comme son nom peut le laisser entendre, cet album, ainsi que tout le concept derrière Moisson Livide, après un rapide côté blague, est un hommage à la culture gasconne. Comme chez Boisson Divine, les paroles sont en langue d’Oc. Ce mélange entre Black, Folk, Heavy et gros refrains entêtants peut sembler assez classique, mais quand on y regarde de plus près, les groupes proposant ce genre se font plutôt rares. Il ne faut pas négliger l’enrobage médiévalisant de la musique de Moisson Livide, qui peut rappeler un autre groupe glorifiant l’héritage gascon, Aorlhac.

Original, ce mélange est donc rafraîchissant au sein d’une scène congestionnée à l’extrême. Un mot également sur l’artwork, qui ravira les yeux et les zygomatiques des amateurs, comme moi, de cartes anciennes. Il illustre parfaitement un propos oscillant en permanence entre rétro et futurisme : la prison impériale à Paris…

Les riffs rugueux et blackisants sont particulièrement épiques, notamment sur le titre éponyme, et se mettent au service du propos Folk, un peu comme peuvent le faire les pirates de Barbar’O’Rhum. L’auditeur attentif sent cependant bien que le projet vient du Folk, et que les éléments « Metal », même s’ils sont bien intégrés, arrivent après. C’est peut-être là l’un des seuls reproches que l’on pourrait faire à ce premier album, qui ne manque pas de qualités. Doté d’une production plus que correcte (on est loin des mises en son en contreplaqué de fond de cave parfois présentes dans le BM), il est l’œuvre d’un musicien à la passion débordante, honnête et drôle jusqu’à la moelle.

Adishatz ! comme on dit par chez moi.

Xuaterc

le 11/12/2024