Morfin - Inoculation

Chronique CD album (44:36)

chronique Morfin - Inoculation

On a tous été – au moins une fois – interpelé par l'une de ces affiches de spectacles improbables annonçant la venue triomphale des sosies officiels de Mike Brant, Joe Dassin ou Bézu qui viendront enflammer la piste de danse du camping de la Pine-en-Retz. On a tous été tenté d'aller zyeuter les performances de ces fans hystériques qui essaient tant bien que mal de faire revivre les stars mortes d'antan.

Pourquoi je vous parle de ça? Simplement parce qu'avec Morfin, on découvre bouche bée le sosie de Death. La ressemblance est tellement évidente qu'il faudrait avoir du ciment dans les yeux et de la compote dans les oreilles pour ne pas s'en rendre compte.

Quel que soit son talent, un artiste est toujours influencé par les œuvres qui l'ont précédé, tout le monde le sait. Mais peut-on encore parler d'influence lorsque la ressemblance est poussée à son paroxysme? Morfin ne joue pas de Death Metal, il joue le Metal de Death... il imite à la perfection la musique de Chuck Schuldiner, il l'imite si bien qu'on est parfois amené à se demander si les dix titres d'Inoculation ne sont pas des inédits de Death de l'époque Leprosy. Le style de riff, les plans de batterie, le groove de la basse, chaque miette de l'ADN de Morfin est entièrement repiqué sur Death. On est sidéré par une telle faculté d'imitation. Le son est absolument identique à celui du chef d'œuvre de Death. A croire qu'ils ont repris le même matériel et les mêmes réglages... on est bluffé. On tombe dans le panneau, et même les plus fins connaisseurs de Death se feront berner. La palme de l'imitation revient au chanteur qui réussit à reprendre toutes les mimiques de la voix du Chuck des débuts. 


Tout l'album est une épatante imitation de la triplette Scream Bloody Gore / Leprosy / Spiritual Healing. Aucune forme d'originalité, aucune once d'audace, aucune particule de personnalité ne se fait sentir. Morfin est un body snatcher du groupe mythique de Chuck Schuldiner... Il pousse le bouchon jusqu'à terminer leur rondelle sur une reprise de "Leprosy"...


Maintenant se pose la question de savoir si cette album présente un quelconque intérêt?


Franchement, on peut se laisser volontairement entuber par ce groupe de Didier Gustin. Certes, l'imitation est très bonne et l'on est presque content de pouvoir entendre ces vrais-faux-nouveaux-vieux titres du Death  ancien régime. SAUF QUE...


Bah... sauf que Morfin n'arrive pas à la cheville de Death. Ca ressemble à s'y méprendre mais toute l'insaisissable, l'impalpable quintessence de Death est absente: la sauvagerie mélancolique, le groove phénoménale, l'urgence angoissante qui vous attrape par les balloches et vous fouette de riffs divinement torturés sont, avec Morfin, javellisés, bouillis, châtrés. L'atmosphère est ici en plastique, fausse, artificielle, tronquée, bidon... Il y a un truc qui cloche. Et, plus on écoute cette guignolade sauce Pascal Brunner, plus on réalise que Death se situe à des années lumière de son calque bancal. Oh le scoop!


On peut facilement imiter un style d'écriture musicale, on peut singer et contrefaire des structures, on peut en revanche pas s'approprier le charisme, l'aura ou la prestance d'un artiste. Morfin l'apprendra à ses dépends.


Pull the plug.


Moi, je file m'écouter les vieux Death... libre à vous de préférer une fleshlight à une vraie ch@°£%#¤!!!

photo de Cobra Commander
le 21/02/2014

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