Nature Morte - Messe Basse

Lors de mes recherches pour réaliser ma chronique du dernier Hegemon, j’ai découvert l’existence de Nature Morte. De plus, certains milieux autorisés des Internets se sont mis à bruisser à la sortie de Messe Basse. Si on ajoute à cela une photo de pochette étrange (elle me fait penser à l'émission télé Strip-tease), il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité pour cet album présenté à droite et à gauche comme original. Le groupe est un trio parisien qui avec Messe Basse publie son deuxième album. Trois musiciens dont je ne connais pas le pedigree.

Original, le Black Metal de Nature Morte l’est en effet, je n’en ai jamais entendu de tel. Cette originalité ne repose pas dans une volonté expérimentale ou dans un aspect avant-gardiste. C’est plutôt du côté des intentions qu’il faut chercher. Car, contrairement à 99,9% des groupes de ce style, il se dégage de la musique de Nature Morte un certain positiviste. Aussi antinomique que cela puisse paraître, il suite des, plutôt, longues compositions une impression de lumière et de positivité. Le Post-rock et le Black Metal cohabitent sans cesse, dans une proportion toujours égale, sans pour autant que l'on puisse taxer le groupe de sombrer dans le Post-black. Imaginez plutôt les insaisissables Sigur Rós complètement fondu et intégré dans l'hydre britannique de Saor. L'auditeur alterne en permanence entre agressivité et contemplation sans que l'on puisse réellement rapprocher les parisiens de leurs voisins d'Alcest.

Les amateurs d'Art noir pourront trouver leur compte à l'écoute de Messe Basse. « Les plans de batterie épileptiques, la voix qui donne le sentiment que le chanteur s’est coincé un orteil dans l’embrasure de la porte de la cave. »* Tout cela est au rendez-vous, mais sont également convoqués des déclamations pessimistes en voix claire (la fin de « Only Shallowness »), des arpèges délicats, ou encore de longues plages méditatives. Pour parvenir à trouver l’équilibre idéal, le groupe a fait appel à Edgard Chevallier (Demande à la Poussière, Gloomy Hellium Bath), pour l'enregistrement, le mixage et le mastering. Propriétaire et gérant du Lower Tones Place Studio, il sait, à n'en pas douter, donner un son puissant et oppressant.

Si vous n'avez pas peur du Black qui innove et expérimente, qui se débarrasse des gimmicks et qui propose une vision claire et novatrice, alors cet album est fait pour vous. Et je suis prêt à parier qu'il soit en mesure de plaire à des auditeurs habituellement réfractaires au Black Metal.

* Cliquez ici pour savoir quel est le malotru qui a osé tenir de tels propos.

Xuaterc

le 04/03/2022