Necropod - Uniform Anxiety
Chronique CD album (23:15)

- Style
Nawak Rétro-Electro-Black - Label(s)
Maggot House - Date de sortie
14 avril 2023 - Lieu d'enregistrement Monochrome Productions
- écouter via bandcamp
C’était en 2017. Alors qu’on avait fini par faire notre deuil des très bons mais franchement peu prolifiques Meatfeast (du Nawak Metal d’Outre-Manche tendance pathologies lourdes : va donc les écouter sur Bandcamp ou ailleurs…), Ben Neal et Jon Garbett s’étaient rappelés à notre bon souvenir via un nouveau projet, tout aussi improbable que son prédécesseur, Necropod, entité Bidibipo-beuhmeuhisante dont le premier EP avait consisté à emblackifier la sortie d’un autre projet, plus ouvertement Electro celui-là, Octopod.
Vous suivez toujours ?
Il ne vous en faut pas beaucoup pour perdre le fil hein…
Retour en 2023, année où les Pâques furent plus joyeuses encore qu’à l’accoutumée dans les milieux déglingo-électro-BM (milieux assez confidentiels, dont les membres seraient bien embêtés, vu leurs effectifs, s’ils avaient à constituer rien qu’une bête équipe de foot) du fait de la livraison, le 14 avril, d’un 2e EP, Uniform Anxiety – c’était pas trop tôt, hein, parce qu’on commençait à s’engourdir les oreilles à attendre la saison 2 ! Pourtant non, détrompez-vous : nulle nouvelle sortie signalée chez Octopod… Se pourrait-il qu’on ait cette fois droit à de l’original, du mitonné en direct depuis le fond de la marmite necropodienne ?
Mais oui mon Volody' !
« Ces six années de mutisme péri-covidesque ont-elles altéré la patte Necropod ? », se demandent, une lueur d’inquiétude brûlant en fond de prunelle, les légions fébriles des fans des Anglais ? Le suspense sera court : non. Les boucles et beats synthétiquement endiablés livrés par nos deux amis sont toujours traversés de riffs froids et de vociférations semblant régurgitées par un ivrogne corpse-painté tentant d’empêcher des pigeons farceurs de souiller de leurs fientes sa 5e bouteille de Villageoise de la journée. Mais la véritable nature de cette Anxiété Uniforme, c’est encore le groupe qui en parle le mieux – s’ils étaient tous d’aussi bons auto-descripteurs, nous autres chroniqueurs n’aurions plus rien à faire – quand il dit, après avoir évoqué en vrac sonorités 16 bits, mélodies magiques, nostalgie 80s, grognements solitaires et riffs BM, que « …son écoute procure les mêmes sensations que de visionner des animés en pyjama, à 5:00 du mat’, alors qu’une angoisse diffuse commence à vous saisir on ne sait trop pourquoi… »
Mais approfondissons un brin, pour ceux qui ne connaitraient pas encore l'univers du 'Pod. Ainsi que pour les autres.
La BAR et les synthétiseurs rétro, volontairement cheaps, voire chiptunesques, vont en rebuter plus d’un. C’est fait exprès. D’ailleurs si les loustics voulaient nous brosser dans le sens du poil, ils ne démarreraient pas leurs festivités par ces 20 secondes absurdes qui constituent l’intégralité de la piste « Intro ». Notez que cela n’empêche ni les explosions d’énergie, ni la restitution de belles ambiances quasi-Eurodance (« Neon Dungeon »), voire de quelques atmosphères Clubbin’ (« The Road to Eleanor »). Des riffs glacés, quoiqu’aplatis et livrés sous cellophane, font au moment propice entrer chauve-souris et démons lubriques sur la piste de dance, le DJ finissant de faire à la fois rire et frissonner l’assemblée en déblatérant dans un sabir vomito-shrieké des menaces que lui seul est à même de comprendre.
Grossissant le trait parfois jusqu’au comique, variant les tempos et les atmosphères (ça speede sur « The Road to Eleanor », ça va jusqu’à ramper sur « Hatch Divine », c’est tendu sur « Benidorm » mais complètement atmo-psyché sur « Unicorn Anxiety »…), Necropod n’oublie jamais d’ajouter une grande louchée de guitare solo à ses morceaux, histoire de rappeler qu’on n’est pas non plus chez 2Unlimited.
À la fois complice et témoin éberlué, spectateur hilare et victime envoûté, l’auditeur en est réduit à se dandiner, grimaçant et pouffant à la fois, comme la fameuse Mercredi si celle-ci était éclairée de lumières stroboscopiques roses et qu’elle était fan de Fadades et Uratsakidogi plutôt que des Cramps et de gotheries britonnes…
Alors bon, vous voulez savoir quoi de plus crénom ? Uniform Anxiety est bizarre mais bonnard, expertement pas sérieux et violemment frappé. Cet EP est donc carrément fait pour vous… Ou alors pas du tout. Choisis ton camp et ta pilule, Néo !
La chronique, version courte: il aura fallu attendre 6 années, mais ça y est, la boîte de nuit Electro-rétro-weirdo-Black Necropod a réouvert ses portes. Et la déco n’a quasi pas changé ! Alors si vous voulez vous trémousser à nouveau sur des beats cheaps et outranciers, sentir le souffle pixelisé du vent des fjords mordre vos chairs moites, et reprendre en chœur les injonctions fielleuses du poivrot shriekant derrière ses platines, ceci sous le double patronage de Fadades et Uratsakidogi, foncez sur Uniform Anxiety !
4 COMMENTAIRES
Xuaterc le 28/09/2023 à 11:03:04
"dans les milieux déglingo-électro-BM" Si on arrive à s'organiser un match de ping-pong on est content
cglaume le 28/09/2023 à 11:45:15
🤣🤣
8oris le 28/09/2023 à 12:17:10
Quel programme. Je m'en vais tester ça promptement
8oris le 28/09/2023 à 12:52:13
Bizarre mais, sans qu'on sache pourquoi - et c'est ça qui est un peu magique, c'est super cool effectivement. Un genre de trolling musical qui fonctionne contre toute attente!
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