Norna - Norna

Chronique CD album (40:47)

chronique Norna - Norna

Il y a toujours eu chez Tomas Liljedahl une part fondamentalement sombre et surtout glacée dans sa manière d’appréhender la musique. Compacte mais limpide, instantanée, urgente mais éternelle. Alors quand le vieux baroudeur du Grand Nord décide de remonter une team pour venir nous parler de le turpitude du monde, on ne peut que s’y intéresser. Le projet Norna oscille entre les neiges des Alpes suisses (Christophe Macquat, guitare et Marc Theurilla, batterie) et le désert blanc du Nord de la Suède (Tomas Liljedahl, chant et guitare) et tire son nom de la mythologie nordique et plus spécifiquement des Nornes, divinités régissant le destin des hommes et des Dieux.

Norna donc, nous offre son sophomore éponyme chez Pelagic Records et déverse pendant 40 minutes un post metal tendu, foisonnant, direct, parfois hésitant, mais toujours sombre.

Analyse.

 

 

L’entrée en matière est on ne peut plus frontale ; le trio, avec « Samsara», nous prend à la gorge d’entrée de jeu et sans discontinuer. Le chant est hargneux, vorace, précis (mais ça, monsieur Liljedahl nous y a habitué depuis un moment déjà) et gerbe durant ces quarante minutes les tourments de l’être humain avec toute la puissance assumée d’un quarantenaire vigoureux que le temps et les affres d’une vie de rebelle n’ont pas trop abîmé. Couplé à un riffing naviguant de manière ambiguë entre la frontalité du post metal et l’hypnotisme du doom, l’ensemble se fait particulièrement percutant et d’une cohérence infaillible. Une réelle symbiose naît de ce trio et se ressent à l’écoute notamment lorsque l’on se focalise sur le travail de composition. C’est d’autant plus notable lorsque l’on sait que le groupe est basé et en Suisse et en Suède.

Alors même que le chant se tait, que les instruments s’effacent, ne laissant s’échapper que quelques accords ou discrets arpèges, la pression se fait toujours autant palpable. Malsaine. « Shine by its own light » suffira à illustrer le propos. Et ce ne sont pas les samples disséminés tout au long de cet album et les traitements ponctuels du chant qui égaieront l’ambiance (sur ce point, on retiendra particulièrement « Ghost »).

Pris à la gorge.

Sans discontinuer.

La rythmique, agréablement mise en lumière, permet certaines respirations dans ce tumulte nerveux de part son caractère expérimental, prospecteur et indépendant. Pas de leader dans cette formation malfaisante (cathartique serait un terme plus juste) chacun entraînant l’autre vers une dynamique commune, respirante et alternante. Une association de tireurs isolés, en somme.

 

Norna propose un (court) album d’une grande intensité. Beaucoup moins d’urgence que ce que l’on aurait pu attendre en sachant Liljedahl dans le trio (les années ont passé) mais toujours autant de perplexité et surtout de puissance. C’est lourd, rugueux, bestial et insalubre. Et pourtant. Écoute après écoute, on y décèle une certaine forme de clarté que Norna puise dans son humanité.

photo de Vincent Bouvier
le 09/09/2024

5 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 09/09/2024 à 10:18:19

"Samsara" était le 1er single -j'y avais accroché direct- et le mettre en ouverture d'album est à double tranchant : il place la barre haut, on se fait happer direct...mais je n'ai pas eu le même frisson avec les titres suivants. Ça reste un excellent album aussi étouffant que libérateur.

Pingouins

Pingouins le 09/09/2024 à 20:25:16

Très sympa et clairement plus abouti que le précédent je trouve, plus varié et avec un gros travail supplémentaire sur les dissonances et les atmosphères. 
Bon en concert l'année dernière on s'était fait rouler dessus quand même hein !
J'vais juste me permettre, en complément de ta chouette chronique, de préciser que c'est le chanteur de Breach, quand même 😅

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 09/09/2024 à 20:58:16

@Pingu : -ça me semblait tellement évident que je n'ai pas pris la peine de le préciser...
-Tu les as vus où?

@ Took took : étouffant et cathartique, c'est tout à fait ça...

Pingouins

Pingouins le 09/09/2024 à 23:56:15

Roadburn !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/09/2024 à 12:54:51

Chanteur de Breach ? Mmmmm, je vais écouter.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Planet of Zeus + guests au Petit Bain à Paris le 6 mars 2025
  • DEAF RADIO à Mains d'oeuvres à Saint-Ouen le 5 décembre 2024
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !