Old Man Gloom - Seminar IX: Darkness Of Being

Chronique CD album (48:19)

chronique Old Man Gloom - Seminar IX: Darkness Of Being

Commençons par du name dropping. Si je vous dis Converge, Isis, Cave In, ça vous parle ? Si oui, poursuivez la lecture passionnante de cette chronique ultime, vous ne le regretterez pas. Sinon, nous vous souhaitons un bon confinement. Le chanteur de feu Isis, Aaron Turner, se trouve à l’initiative de ce projet, dès 1999. Tout comme ils l’ont déjà fait en 2001, Old Man Gloom sortent en 2020 deux albums, dont voici la première fournée. Une fois n’est pas coutume, nous allons décortiquer cet opus dans le détail, piste par piste. Pourquoi ? Parce que chaque morceau jouit de sa propre identité, voire, de son propre genre musical, apportant à l’ensemble des 48 minutes totales une diversité et une richesse créatrice sans que l’album ne donne l’impression de partir dans tous les sens. Il va donc de soi que s’arrêter à la première piste ne suffit pas pour se faire une idée de ce que réserve cet album. Le risque de constater une certaine faiblesse d’un titre par rapport aux autres demeure, évidemment, au vu de la diversité du menu, mais en réalité, il n’en est rien. Au contraire, chaque nouvelle piste plonge l’auditeur davantage dans l’univers de l’album en en dévoilant un nouveau visage. L’expérience de l’écoute n’en devient que plus excitante. Procédons.


Sans fioriture, sans avertissement, sans intro, le titre d’ouverture prend l’auditeur au dépourvu. Construit sur un riff et demi joué en boucles, mécanique, machinal, hypnotique, il emporte d’emblée tout sur son passage. C’est en prêtant l’oreille qu’on remarque les petits arrangements industriels qui enrichissent l’atmosphère malsaine du morceau. On se croirait presque chez un Ministry malade. Avant que le chant, guttural, menaçant, n’entre en scène, après 3 minutes de boucles martelantes. Pour aussitôt se taire et enchaîner sur une des marques de fabrique du groupe, qu’on retrouve sur tous ses albums : des plages ambient, des passages industriels purs, faits de crissements, de grincements, de souffles rauques de machines. « Hell to toe » verse dans le post-metal sludgesque, lourd et tellurique à souhait. Pas le temps de s’installer dans l’épuisement des riffs, voilà qu’on enchaîne, après un interlude asthmatique, sur « The bleeding sun » avec une intro introduisant les premiers éléments mélodiques de l’album. Entêtante, celle-ci reste présente même lorsque le chant s’étale en de courtes plaintes rageuses. Avant que le morceau, sans se départir de ses composantes mélodiques, parte sur du hardcore de bon aloi, enfiévré et nerveux. « Canto de santos » démarre avec une guitare acoustique débile, avant de jouer entre silence angoissant et bruissements industriels dignes des meilleurs albums des papes du genre, Illusion of Safety ou Nurse with Wound. Insidieusement, la batterie opère son entrée, tribale en diable, avant celle des guitares, annonciatrices d’une éruption qui ne manquera pas de vous cueillir sans prévenir. Quand le titre déverse soudain ses giclées de lave, c’est dans un élan de pur hardcore féroce à vous en faire péter les cervicales et à jouer à la corde à sauter avec vos propres viscères. Le titre se termine dans une orgie de dissonances dégénérées et orgasmiques. Placé avec intelligence, « Death rhymes » s’avère totalement acoustique. Une respiration ? Un répit ? Dans la bestialité de l’album, sans doute, mais on n’est pas là pour conter fleurette non plus. Une chaude ambiance mélancolique à vous en foutre la chiale habite la chanson. Toute relative qu’elle puisse paraître, cette respiration dans l’album ne dure guère, car voilà que « In your name » et son atmosphère martiale replace l’auditeur sur le chemin du post-metal digne de la musique de groupes comme Cult of Luna. Le génie de Old Man Gloom s’exprime sur ce titre. La rythmique qui renvoie au défilé de bottes battant le pavé se trouve balayée par un vent de samples, un souffle froid, tandis qu’un groove insensé contrebalance les vociférations animales. Le titre nous gratifie même d’un solo de guitare sensuel et chaloupé. Pur joyau qui s’accorde avant son final un bain de larsen. Groggy, l’auditeur se trouve à point pour le coup de grâce. « Love is bravery », donc. Une intro mécanique, comme les rouages déréglés d’une horloge ne donnant plus l’heure, prépare le terrain pour une ligne de basse sexy sur laquelle se collent de la manière la plus moite qui soit les plaintes et des guitares et du chant. Apothéose qui confine à la transe. Dont  la fin laisse volontairement sur sa faim. En attendant la seconde fournée que le groupe livrera cette même année.

 

photo de Moland Fengkov
le 02/11/2020

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