O'funk'illo - Sesión Golfa

Chronique CD album (1:00:56)

chronique O'funk'illo - Sesión Golfa

En général, ça se passe comme ça: le petit groupe super prometteur qui nous avait claqué le beignet avec un premier album de folie – bien que par encore tout à fait libéré de ses influences – revient au bout de quelques albums et années 1) avec un opus moins costaud 2) mais irréprochable sur la forme 3) et fort d’une personnalité plus affirmée. Le glissement classique de la catégorie « jeunesse impulsive, imaginative mais éjaculatrice précoce » vers le domaine des vieux routards aguerris dont la Muse a déjà bien donné. Alors nous autres qui avions découvert tout récemment (14 ans de retard… Et alors?) le premier album éponyme d’O’Funk’illo, en enfournant peu de temps après dans nos oreilles Sesión Golfa – le tout dernier (enfin presque puisque débarque tout juste 5mentario) qui date de 2011 –, c’est un peu à ça qu’on s’attendait: du metal groovy moins énervé, plus scintillant, et sans doute un peu moins marqué par Infectious Grooves.

 

Eh bien c’est exactement ça, mais pas tout à fait. Et inversement.

Alors pour faire le bilan, abordons la chose par le biais des 3 points évoqués ci-dessus, à la queue leu leu.

 

Moins maousse costaud le petit-nouveau-ou-presque?

Ouaip. Car, même en faisant abstraction de l’effet de surprise qui, aujourd’hui, n’est plus de mise, on reconnaitra que, globalement, Sesión Golfa propose des titres un poil moins excellents que ceux du tout premier. Ou plutôt, quantitativement parlant, moins de titres complètement déments. Ce qui laisse encore beaucoup de place pour les frissons de plaisir, vous me direz. Parce qu’il est difficile de ne pas partir dans une séance de saltos incoercibles sur l’épais tapis de basse tendu comme un trampoline que nous propose « Dame La Pasta ». Parce que « Hasta Las Cejas » dégage un groove à la cool complètement irrésistible (et offre la bande son la plus décalée qui soit à un film/clip de zombies). Parce que ‘y a sacrément bon le ska metal de « Revolución Urbana ». Parce que « Pili Chicha » funkise du popotin que c'en est un vrai plaisir. Et parce que la reprise live de « Acción Mutante » des Def Con Dos (groupe de rap metal espagnol pas hyper connu par chez nous) finit les aventures sur un mélange extra de punk hardcore hyper véloce et de fusion funky. M’enfin à côté de ça, la longue escapade flamenco plus ou moins électrifiée « Bulemetal » est moins enthousiasmante – entre autre parce que pas des masses focalisée. « Shalao », bien que doté d’un refrain sympatoche, fait dans le hardcore mou du genou. Et le blues espagnol de « Llaman A La Puerta » est trop indolent. Bref, les eaux de ce golfe sont tantôt chaudes-tropicales, tantôt tièdes façon La-Hague-en-sortie-de-réacteur.

 

Emballage certifié satisfait ou remboursé?

Sesión Golfa c’est un gros GROS son, le top des studios espagnols (du moins c’est ce que l’on imagine), une multitude de musiciens, de chœurs, de cuivres, d’atmosphères (la cool attitude se déclinant ici en bluesy, funky, groovy, sexy, punky, hardcory… mais, non, pas en françoisehardy). C’est bien simple: quand on colle « Donde Estaras Tu » sur la platine, on a l’impression d’écouter l’hymne de la Coupe du Monde de Foot 2152 (organisée à Séville, comme chacun sait), avec, forcément, moult choristes, chutes de confettis, balayages de spots cyclopéens, orchestres en tenue à paillettes, et featurings de Sir Elton John. On est loin du concert de fond de squat (bien que, rassurez-vous, on soit également très loin du divan de Drucker), à un tel point que de temps à autre – comme sur le très moelleux « Sin Exagerar » – on se dit que tout ça passerait sans problème sur une radio à large audience.

 

Enfin une « patte O’Funk’Illo »?

Non. Enfin si, dans la mesure où par « patte O’Funk’illo » l’on entend « Infectious Grooves from Spain ». Sur ce plan le groupe reste fidèle à ses racines, sans essayer de développer un truc 100% original. Ainsi dès les premiers pas de la basse sur « Dame La Pasta », on se demande si l'on n’a pas entre les mains le tant attendu 5e album du petit-frère funky de Suicidal Tendencies. Et même sur « Hasta Las Cejas », on a l’impression que c’est Sarsippius qui se fume un oinj’ avec des potes wet backs. Evidemment, cette similitude n’est pas systématique... M'enfin très fréquente quand même. D'ailleurs sur « No Pare Ompare », c’est carrément un riff entier qui semble extrait de la discographie du groove infectieux. Et quand il s’éloigne des terres de Cyco Miko, le kilo de funk s’en va sur celles de Lenny Kravitz (« Pili Chicha »), de Carlos Santana (« Sin Exagerar ») ou de Jamiroquai (« Donde Estaras Tu »), s’éloignant pour l'occasion de quelques brasses supplémentaires du rivage metal / hardcore – qui constitue heureusement encore toujours ses racines.

 

Alors? Eh bien quelles que soient les conclusions qui puissent être tirées de l’« analyse » ci-dessus, au final on prend un sacré plaisir à écouter ce Sesión Golfa. Funky en diable, chaleureux, généreux (tu parles d’un camembert là, c’est ça?), espiègle, festif, plein du soleil et de l’énergie (mais aussi des langueurs) de l’Andalousie, l’album trouvera naturellement sa place aux côtés des Cool Cavemen et autres Fishbone au sein de la « playlist » des longs trajets en famille dans la Scenic blindée de valises, quand il est nécessaire de plaire au plus grand monde tout en s’envoyant quand même de la bonne zic!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus moelleux et grand public que O’funk’illo – l’autre album chroniqué en ces pages – Sesión Golfa n’en reste pas moins une superbe tranche de metal/rock funky à grosses guitares, gros ressorts et gros soleil. Un album pour faire la teuf en été, entre une descente de sangria et un match de basket.

photo de Cglaume
le 14/12/2014

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