Organic - Where Graves Abound

Chronique CD album (39:58)

chronique Organic - Where Graves Abound

Quand on a déjà un plein semi-remorque de chroniques d'albums de Swedeath dans les pattes, écrire à propos de Where Graves Abound  s'apparente à décrire le bonheur de manger sa Nième raclette, morbier fondu sur viande des Grisons, Apremont (ou mieux : Arbois) dans les verres, ceci pour la 666e fois (… et pourquoi pas d'abord : on n'aurait pas le droit d'écrire également dans Edelweiss & Mousquetons Magazine ?). Le pitch tient en quelques mots : pas grand-chose de neuf au menu, ceux qui sachent savent déjà (et inversement), tout est dans le plaisir simple et renouvelé du gras, du juteux, du familier, et du convivial.

 

… Et crénom, chez CoreAndCo on n’est pas du genre à renâcler face à l’exercice de la redite ! Parce qu’il y a toujours une nouvelle façon de décrire l’accord parfait du cornichon et de la croûte de fromage grillée, du riff basaltique et de la rythmique sauvage, de la chaleur de la résistance rougeoyante et de la fraîcheur du vin blanc au fond de la gorge, du growl bourru et de la mélodie brumeuse…

 

Organic revient donc trois ans après Carved In Flesh. C’est un nouveau batteur qui s’occupe dorénavant de battre les œufs en neige, mais cela ne change que peu la qualité de leur mousse au magma, toujours aussi épaisse, aussi rocailleuse, aussi scrupuleusement fidèle aux dosages de la recette ancestrale de Grand Mamie HM-2, et cette fois servie dans un écrin sonore plus onctueusement ventripotent que jamais. Ah ça, ce n’est pas demain la veille que les pubs Weight Watchers ou Taillefine seront accompagnées d’un fond sonore issu de ces 39 minutes de lipides métalliques !

 

Where Graves Abound reprend la même formule que son prédécesseur, celle d’un Swedeath de tradition qui réussit l’exploit d’être à la fois compact, homogène, et pourtant varié, ceci en rendant hommage aux 4 mousquetaires du genre sans faire de jaloux : « Ropedragger » doit beaucoup à Dismember, on peut croiser Entombed aux détours de quelques marécages, la plupart des élans épiques lorgnent logiquement vers Unleashed, tandis que Grave traîne toujours dans les parages, notamment sur la face A. Organic sait se faire tantôt court (les 1:35 de « Die Schwanzdirn ») tantôt long (6:20 pour « Schizophrenic Exécution »). Tantôt sec (« Ropedragger » rappelle parfois « The Glorious Dead » de Gorefest) tantôt groovy. Tantôt doomy tantôt explosif. Tantôt sombrement mélodique – à la suédoise, forcément – tantôt crassement Punk. Tantôt guerrier – façon blindage et chenilles – tantôt barbare – avec hache et vieux chicots.

 

Mais à présent, avant d'entamer l’horoscope de la semaine, passons si vous le voulez bien à la rubrique Coups de Cœur : sur Where Graves Abound, on a grave craqué pour le petit supplément de spiritualité transcendante aux deux extrémités de l’album (les chœurs éthérés en guise d’intro & les adieux congelés servis dans leur halo sacré), mais également pour la maîtrise des codes alliée à l’efficacité de chaque instant, pour le son trop choupinou, plein de fritures grésillantes et pourtant si rond, si net… Et puis pour quelques morceaux qui ressortent – oh, à peine – du lot, comme ce « Ropedragger » brutalement évident et pourtant aussi complet que la galette du même nom, avec l'œuf trônant en son milieu. Ou encore ce « Caged In a Tomb », démonstration magistrale de savoir-faire, pleine de crâne fierté, de breaks plus filous les uns que les autres et d’enthousiasme mauvais.

 

Quand il s’agit de tartiner pour la millième fois le même saindoux musical sur les mêmes épaisses tranches d’oreilles, il y a donc les albums classiques mais routiniers, qui font bailler avec un sourire repu. Et il y a les albums familiers mais bonnards, qui font briller la prunelle et exhiber les gencives de plaisir. Vous l’aurez compris : Where Graves Abound appartient clairement à la deuxième catégorie !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Where Graves Abound est, comme son prédécesseur, un album de Swedeath classique mais suffisamment varié, futé et passionné pour donner envie de signer pour une bataille de plus en ces terres old school où l’on fait craquer ses cervicales les deux bottes profondément enfoncées dans la gadoue. Il ne fait certes jaillir nul éclair de génie de nos yeux, mais on y ressent appétit, énergie, et goût de reviens-y !

photo de Cglaume
le 15/03/2022

5 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 15/03/2022 à 09:37:55

Edelweiss & Mousquetons Magazine, c'est pour moi ça !

cglaume

cglaume le 15/03/2022 à 10:05:21

Un pack de bières de la Brasserie du Mont-Blanc pour tout abonnement de 2 ans !!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/03/2022 à 15:06:01

La Rousse et la Blonde car la Verte est immonde.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/03/2022 à 15:37:10

J'ai l'impression qu'il désanus plus les porcs que le précédent. Mais c'est subjectif.

cglaume

cglaume le 17/03/2022 à 17:39:57

Taratata: aucun animal n’a été maltraité durant l’enregistrement de cet album…

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