Pestilence - Exitivm
Chronique CD album (40:05)

- Style
Death metal tortueux - Label(s)
Agonia Records - Date de sortie
25 juin 2021 - Lieu d'enregistrement Pitchnote Productions
- écouter via bandcamp
Pestilence et moi, nous vivons une relation de type « Je t’aime moi non plus ». Enfin je dis « nous vivons », mais les vétérans bataves n’ont bien évidemment pas connaissance de l’existence d’un lapin jaune franchouillard passant leur discographie au tamis de ses grandes oreilles. N’empêche, bien que non bijective (on dit « injective » si je me souviens bien, voire « surjective » selon le point de vue adopté), cette relation s'avère tantôt ardente, tantôt ramollo. Parce que d’un côté le gugusse qui vous parle porte haut dans son cœur les Consuming Impulse, Testimony of The Ancients et autre Spheres, mais de l’autre il conchie (du moins « il a conchié » – j’avoue ne pas l’avoir réécouté depuis) Obsideo. Trop raplapla, trop vicieux, trop le chibre en berne… L’album du « grand retour », Resurrection Macabre, m’avait déjà semblé bien creux, mais l’opus de 2013 s’était avéré être la cerise véreuse sur le macchabée gâté. Par respect pour la famille du défunt, j’avais donc décidé de consciencieusement ignorer les autres agitations discographiques commises depuis lors. Quoiqu’une oreille jetée aussi rapidement que nonchalamment en direction d’Hadeon semblait attester que, sur celui-ci, les nuages n’étaient peut-être plus aussi gris ni aussi nombreux…
Cette dernière impression n’étant pas si mauvaise, et les intentions du groupe semblant être de revisiter les glorieux débuts des 90s, ma pogne jaune et velue n’hésita pas un instant au moment de saisir au vol le promo d’Exitivm. Vous savez ce qu’on dit: on a vu parfois rejaillir le feu de l'ancien groupe de Death devenu tout miteux. C’est fort de ce fol espoir – comme quoi, pas besoin d’être jeune pour être naïf – que je m’attelais donc à renouer les liens avec ce bon vieux Patrick Mameli…
Mais pour commencer (… dit-il en tête du 3e paragraphe), toute chronique digne de ce nom se doit de consacrer un passage informatif à ces changements divers et variés qui constituent une part non négligeable du discours promotionnel officiel – celui-ci pouvant parfois contenir une ou deux infos pas forcément inutiles. Alors exécutons-nous. Pour ce 9e album, le Patoche a joué les DRH extrémistes en faisant table et line-up ras du passé. Les nouveaux arrivés à bord du navire Pestilence s’appellent Joost van der Graaf (un ex-Dew-Scented, à la basse), Rutger van Noordenburg (un nain connu, à la guitare) et Michiel van der Plicht (un ex-God Dethroned, ex-Prostitute Disfigurement, ex-Toxocara, ex-Itécommeunepuce – trouvez l’intrus – à la batterie). Mais – scoop? non – le renouvellement en question ne change rien ou presque à la mixture musicale pestilentielle étant donné que c’est le Papat’ qui continue de tenir fermement la baguette de chef d’orchestre. Autre changement: le groupe a quitté Hammerheart Records pour Agonia Records. Bref, rien de notable. Alors si vous le voulez bien, laissons là cet encart superficiellement informatif pour reprendre le cours normal de notre chronique…
Exitivm. Du latin, donc. Avec tout plein de V à la place des U, que ce soit dans le nom de l’album comme au sein de chacun des titres. Pour faire comme dans « cvlte » ou dans « trve », sans doute. ‘sont pas un peu trop vieux pour ces conner… ce genre de gimmicks à 3 balles les loustics? Ils ne sortent pourtant pas là leur 2e album de Black...!? M’enfin bon, je vous promettais de vraies infos et je reste encore à la surface des choses… Sauf que ces petites coquetteries un peu ridicules constituent une sorte de mise en abyme du contenu de ce 9e album: on serait en effet tenté de dire que sur Exitivm Pestilence joue aux p’tits jeunes tout-durs-tout-renfrognés qui s’en retournent à la formule Testimony of The Ancients / Spheres… Mais sans que cela produise l’effet escompté! Parce que – pour vous la faire courte et un peu caricaturale – sur cette cuvée 2021 1) soit on nous sert du Testimony-like bien sympa mais pas non plus renversant (ça sent un peu trop le déjà vu) 2) soit on nous propose du Spheres-like tout retors et sinueux mais sans cette grâce et ces trouvailles lumineuses qui faisaient la différence. Sans compter que le groupe a de nouveau truffé ses compos de nappes de synthé bien datées, et qu’il clôt l’album sur une outro fortement typée (carrément ringarde? Non je ne l’ai pas dit…) qui aurait à la limite pu servir d’intro, mais qui en l’état nous laisse sur une impression un peu piteuse (on voulait du panache, des canons qui tonnent, des gerbes lumineuses – bref un coup d'éclat final – nous!)…
Continuons avec quelques instantanés, histoire de ne pas nous contenter de balancer des vacheries en l’air. Pour commencer, après une intro bien trop longue et ampoulée (près de 3 minutes quand même), « Morbvs Propagationem » ouvre les hostilités en mettant le doigt en plein milieu de Testimony of The Ancients. Rien de neuf à l’horizon, mais ce coup d’œil dans le rétro fait rudement plaisir à entendre. Si l’on jette une oreille à « Internicionem », quelques brasses plus loin, l’impression reste sensiblement la même, ce morceau collant fort aux basques de « Lost Souls ». Et puisqu’on est parti sur les bons moments que nous réserve l’opus, continuons avec « Mortifervm », plus typé Spheres, mais qui gère relativement bien son approche en crabe – contrairement à nombre de compères de tracklist moins bien lotis. « Inficiat » semble initialement parti pour nous faire des nœuds à la moelle épinière, mais il prend heureusement vite le parti de saccades lourdes et groovy qui lui sauvent la mise (on se lèche même inconsciemment les babines à 1:40, lors d’une délicieuse salve d’habiles déséquilibres rythmiques). Ultime rayon de soleil de l’album, « Immortvos » nous offre un dernier détour par Testimony, bien plaisant celui-là encore, ainsi qu’une autre mosherie de choix, toute dégingandée celle-là, qui relance la chaîne de production d’endorphine. Mais en dehors de ces quelques pistes mieux lunées que la moyenne, l’auditeur se heurte à de louvoyantes séances de morne nostalgie ainsi qu’à des riffs tortueux exempts de tout sexappeal. A ce titre les cailloux les plus désagréables dans nos chaussures s’appellent « Sempiternvs » (va et vient nauséeux, et riffs rebrousse-poils), « Pericvlvm Externvm » (tortillons, chœurs nébuleux, grimaces en coin) et « Exitivm » (oui, le morceau-titre, tout en contorsions poussives et en échardes drapées de brouillard cosmique). Pas glop quoi, surtout quand on finit la balade sur « Personatvs Mortem » (je vous ai dit tout le « bien » que je pense de cette outro quelques lignes plus haut).
Naïf que je suis, donc, d’y avoir cru. Alors certes on est loin du syndrome « je bois le bouillon, et il est ‘achement froid » d’Obsideo. C’est qu’il y a quelques passages kiffants sur Exitivm. Mais la part de déjà entendu et de ponçage de nerfs auditifs à l’économe est malheureusement trop importante pour qu’on vous la joue « Youpi tralala Pestilence is back sacrifions le veau gras! ». Pas de quoi lâchez les chiens aux fesses des Néerlandais, mais pas non plus de quoi mobiliser la fanfare et le comité d’accueil du village pour fêter la sortie de cet album en grandes pompes…
La chronique, version courte: une cuillère pour les fans de Testimony of The Ancients, une cuillère pour les fans de Spheres, un tout nouveau line-up… Mais rien n’y fait: il manque à Exitivm cette petite touche de génie qui faisait la différence au début des 90s. Du coup, à part quelques petits kiffs ponctuels et les ronronnements satisfaits du fan / gros chat faisant la sieste sur les charentaises de son maître, on se fait un peu suer. D’autant que les riffs de Patrick Mameli se font un malin plaisir de nous entirbouchonner vilainement les oreilles…
4 COMMENTAIRES
papy_cyril le 22/06/2021 à 12:15:26
bien trop de U dans cette chroniqve Lapin Javne !!
cglaume le 22/06/2021 à 12:46:47
Avec qve des V ce serait devenv illisible :D
el gep le 22/06/2021 à 14:57:58
Ouah la pochette est magnifique!
Salut, à plus!
Crom-Cruach le 22/06/2021 à 17:55:45
Un bon paquet de notes dans l'eau.
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