Pomegranate Tiger - Entities

Chronique CD album (1:06:11)

chronique Pomegranate Tiger - Entities

Pomegranate Tiger… Euh, c’est-à-dire? On parle bien là d'un tigre-grenade (…le fruit!)? Comme il pourrait y avoir un Mango Lion, ou un Papaya Panther? Ah oui, c’est vrai, j'oubliais: le cannabis a été légalisé au Canada… Comment? Une référence à Dali? C’est quoi le rapp…

 

 

Ok ok, je vois. Nous avons donc affaire à des étudiants en histoire de l’art c’est ça? Vérifions: le groupe a été créé sur le campus de l’Univeristy de Winsor, en Ontario… Haha: bingo! Etudiants en histoire de l’art ou en paléonto-musicologie d’ailleurs, Pomegranate Tiger étant issu des cendres de Rock-a-saurus Rex. Mouais, tout compte fait je reste sur l’hypothèse de la marie-jeanne…

 

Si l’on vous parle d’Entities aujourd’hui – alors que celui-ci est sorti en 2013 – c’est que je mets un temps fou à dépiler mes propres achats au milieu du déluge de nouveautés qui ne cesse de s'abattre sur nos têtes. Mais le mini-flashback présent vaut le coup, promis, tant la chose risque fort d’intéresser les amateurs d’intelligence et de beauté instrumentales. Parce que ce premier album du groupe a été tricoté dans l'intention d'émoustiller les amateurs d’Animals As Leaders tout comme les fans de – la comparaison suivante est fortement conditionnée par les écoutes que j’ai effectuées en parallèle – Carcariass (pour la merveilleuse guitare lead) ou Etrange (pour l’ambition qui ne sacrifie jamais l’accessibilité). Il s’agit en effet ici de Metal instrumental technico-progressif de haute volée, largement imprégné de Djent, mais néanmoins incroyablement élégant et équilibré. D’ailleurs le monde n’a – heureusement! – pas besoin de mes écrits pour découvrir ce genre de prometteurs "nouveaux" arrivants car l’album s’est tellement bien écoulé qu'il a fait un passage dans les meilleures ventes d’album sur Bandcamp et iTunes peu après sa sortie!

 

Entities mériterait une longue visite guidée pleine d’enthousiasme et de longues pauses où l’on s’attarderait sur telle construction osée et telle envolée guitaristique pleine de panache. Mais comme j’ai déjà tendance à faire trop long, on va tenter une approche plus globale. Ces 12 titres offrent donc plus d’une heure d’une élégante broderie métallique où sont explorées toutes les variantes possibles du contraste [Lead chirurgicale et mélodiquement lumineuse Vs Rythmique moderne et massivement syncopée]. Le dosage fait tantôt pencher la balance du côté du charclage d’humus à logique quantique, tantôt du côté de la guirlande de notes de satin. On tremble donc sous des ondes de choc cataclysmiques avant de se rasséréner autour d’une magnifique fontaine cristalline, et inversement. Au milieu de cette savante guirlande toute de nuances, quelques ilots interludesques: l’intro délicate « Gift of Tongues », le piano de « Drifting », la fraîcheur sereine de « Ocean - I. White Ship », les gants blancs de « Ocean - III. The Golden Portal » et la B.O. World-orchstrale « Regenesis » – ce gros quart d’heure de musique ayant autant avoir avec le Metal que ma grand-mère avec la fan base de Sadistik Exekution. Entre douceurs non saturées et cabrioles cyber-techniques, respirations calmes et kaléidoscopes musicaux, morceaux courts et fresques dépassant les 10 minutes, les Canadiens ne cessent de changer de pied, histoire que l’auditeur ne sature pas. Et c’est ainsi que l’on goûte pleinement aux suaves plaisirs du brillant « Sign Of Ruin », de « Ocean - II. Maelstrom » et autres « Stars », sans que la jauge à lassitude n'atteigne un niveau critique.

 

Cependant – et c’est là que le masque tombe et que le chroniqueur se révèle ne pas être un fan hardcore du genre – sur la longueur je dois avouer trouver une certaine uniformité de ton, une certaine constance aussi bien émotionnelle que stylistique, qui douche un peu l’enthousiasme naturellement causé par un tel niveau de maîtrise instrumentale et de telles compositions. Le progophile né pendant les 90s se délectera sans aucune restriction de cette œuvre somptueuse, mais pour le progueux non pratiquant que je suis – qui ne parle pas couramment la langue ni n'en suit les usages (enfin moins que ceux pratiqués à HM-2land et Nawakland) – l’alliance de durées relativement conséquentes et d’un format un peu monolithique empêchent l’accession au symbolique 8/10 synonyme de reviens-y fréquent. Et Entities de provoquer donc mon admiration plus qu’il ne gagne vraiment ma sympathie. Les amateurs des groupes précités (mais non: pas Sadistik Exekution!) se doivent néanmoins de se précipiter sur cet album, ainsi que sur son successeur, Boundless, réalisé par une formation depuis devenue one-man-band.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: l’ambition, la classe, l’équilibre, la sophistication, les mélodies ainsi que la complexité d’un mélange Animals As Leaders / Carcariass, le tout projeté dans un univers Prog entièrement instrumental: voilà ce que propose Entities. Autant vous dire que les amateurs n’ont pas fini de se pourlécher les babines et de s’emmiéliser les feuilles!

photo de Cglaume
le 31/01/2020

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