Porta Nigra - Schöpfungswut
Chronique CD album (49:49)

- Style
Black Metal - Label(s)
Soulseller Records - Date de sortie
17 janvier 2020
écouter "Die Augen des Basilisken"
Le duo de dandys allemand qui compose Porta Nigra est de retour pour un troisième album après deux qui avaient emballé à la fois la chronique et moi même. Troisième album synonyme d'intégration d'un nouveau membre, le duo devient trio avec l'arrivée de Toungue (Chaos Invocation) au chant.
Si Fin de Siècle se perdait dans les vapeurs d'absinthe et la fumée d'opium, Kaiserschnitt rappelait le foisonnement et l'expérimentation philosophique du XIXè, Schõpfungwut évoque plutôt le côté militariste prussien d'à partir de 1860. On est plus proche du casque à pointe que du cabinet de curiosités ou de la séance de spiritisme, le bruit des bottes a remplacé les coups de l'esprit frappeur. Musicalement, on est plus proche de Bethlehem que d'Arcturus. Les composantes avant-gardistes et décadentes présentes sur le premier album, que l'on retrouvait un peu en retrait sur le suivant, sont quasiment complètement absentes aujourd'hui. Cette évolution ne s'est pas faite sans heurts, puisque, selon les propos même du groupe, son orientation musicale a été à deux doigts de conduire à l'implosion du duo.
Fort heureusement, il n'en n'est rien, mais il y a fort à parier que les sentiments négatifs ont servi de moteur pour la composition de ces six longs titres qui transpirent la haine par tous leurs pores. Les riffs barbares et guerriers s'enchaînent sans discontinuer à un rythme qui rendrait jaloux une Gatling, soutenus par une batterie qui ne ralentit que très rarement, donnant à l'ensemble une impression que l'auditeur fait face à la charge de cavalerie germanique. Chaque titre est transpercé d'un solo, qui prouvent à chaque fois que le gratteux n'excelle pas seulement quand il s'agit de balancer des rythmiques implacables. La nouvelle recrue n'est pas en reste et abat un boulot monstrueux derrière le micro. Effrayant quand il œuvre dans le registre Black, guttural en chant Death et épique en voix claire, il est l'élément qui apporte de la variété à un ensemble d'une densité rare.
Il m'aura fallu de nombreuses écoutes pour saisir la logique de ce Schõpfungwut, plutôt hermétique au premier abord, non pas comme sur ses deux premiers albums et leur avant-garde décadente, mais du fait de sa radicalité surprenante. Ses qualités intrinsèques dont assez évidentes, mais comprendre comment et pourquoi il s'intègre dans la discographie de Porta Nigra et constitue une nouvelle étape réussie dans son évolution.
1 COMMENTAIRE
Seisachtheion le 28/01/2020 à 20:06:07
Encore un album de BM compliqué à dompter lors des premières écoutes...
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