Protosequence - A Blunt Description of Something Obscene

Chronique Maxi-cd / EP (44:50)

chronique Protosequence - A Blunt Description of Something Obscene

Mon traiteur canadien est formidable: à chaque fois que je me rends à son échoppe, j’en reviens avec une nouvelle acquisition qui met mes sens en émoi. Oh le spectre de ce qu’il propose est assez limité, c’est vrai: il s’agit quasiment toujours de Metal extrême technique. Mais ce sont des saveurs infiniment riches, qui s’avèrent toujours légèrement différentes d’un article à l’autre. Plus subtilement séduisantes quand j’ouvre une boite de Beyond Creation. Plus piquantes et musclées quand j’opte pour une barquette de Beneath The Massacre. Plus généreuses – mais gare à la phase digestive – quand je craque pour une plâtrée d’Augury. Lors d’emplettes récentes, ce dealer de bon goût a placé dans mon caddie un échantillon de Protosequence. Vous non plus vous ne connaissiez pas? Sans doute parce que le groupe n’a sorti que des singles et des EP durant ses 6 années d’activité… En tous cas la dernière courte gerbe discographique dont il est aujourd’hui question est extrêmement convaincante, et mérite amplement sa présence sur l'alléchant étalage de mon commerçant préféré.

 

Les toutes premières secondes de « Savagery in Fundamental Behaviors » sont caractéristiques de ce mélange de finesse et de tension qui prévaut sur les 2 fois vingt minutes que dure l’EP (2*20, oui: j’en reparle plus loin). Cymbales délicatement mais fermement mises au pas, cascade de notes bondissantes, basse qui ping-et-pongue avec sa grande sœur plus généreusement encordée: on croirait écouter les premières notes de l’opus 2020 d’Atheist. Puis arrivent les détours tortueux, grassouillets mais techniques, qui rappellent que l’Amérique du Nord a connu une grosse vague Deathcore (… dont une sous-branche technique, cf. le catalogue Sumerian Records) après la lointaine époque où sortaient les 3 premiers albums de la bande à Kelly Shaefer. Ce côté plus « moderne » – qui ne signifie donc pas ici « djenteux » mais « grumeleux » – se confirme rapidement via quelques pig squeals épars et autant de passages purement Slam (après la barre des 3 minutes sur le morceau-titre par exemple).

 

Il faut pourtant ne pas se laisser aller au mouvement de recul que certains seront alors tentés d’esquisser. Car si l’on met de côté des vocaux vraiment extrêmes (on a également le droit à des shrieks fortement acides) et quelques mosh parts graisseuses, le gros d’A Blunt Description of Something Obscene n’est en fait que savantes broderies de l’extrême, canevas denses et adroits drapés, ceux-ci essuyant parfois – il est vrai – une généreuse avalanche de BPM. Le groupe peut de plus s'attribuer à juste titre l’étiquette « progressif » du fait de la sophistication de ses compos, de l’utilisation ponctuelle d’un violon (sur « The Pale »), mais également du fait de certains passages plus vaporeux, comme le début du morceau-titre qui dégaine un chant clair très acceptable (non non, rien à voir avec un gimmick Metalcore) avant de prolonger les caresses par des growleries doucement mélodiques à la Opeth. Et puisque l’on évoque beaucoup le chant au cours de ces dernières lignes, profitons-en pour préciser que les oreilles les plus fragiles pourront zapper les couinements agressifs et les borborygmes inamicaux sur les 4 dernières pistes – celles-ci ne consistant ni plus ni moins qu’en des versions instrumentales des 4 premiers titres. D’où mon « 2 fois 20 minutes » précédent, et d’où l’explication du nom « EP » pour une sortie de quand même 44 minutes.

 

A Blunt Description of Something Obscene est donc comparable à une intense partie de flipper, avec ses lumières qui clignotent follement, ses accélérations brutales et ses moments de pure folie lors desquels on a un peu du mal à suivre la trajectoire de la bille. Mais malgré un propos extrêmement dense, les Canadiens réussissent à rendre l’expérience fluide et agréable grâce à un dosage habile des différentes composantes qui constituent la trame de leurs compos, et à un recours fréquent à des fils d’Ariane mélodiques qu’il est relativement aisé de suivre. Il faut donc reconnaître que ce sacripant de traiteur a brillamment réussi son coup: l’échantillon A Blunt Description of Something Obscene m’aura fait rudement saliver. C'est que je me ferais bien une vraie grosse tranche longue durée de Protosequence à présent!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: à la fois brutal, technique et – par moments – progressif, A Blunt Description of Something Obscene propose une belle tranche de Death Metal chiadé mais couillu qui doit pour beaucoup à son héritage canadien, mais également aux groupes de Deathcore technique ricains. De la bonne came pour ceux qui vibrent aux noms de Beyond Creation, The Faceless ou encore Exocrine.

photo de Cglaume
le 04/11/2020

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