Radical Kitten - Silence is Violence

Chronique CD album (35:29)

chronique Radical Kitten - Silence is Violence

Haaaa depuis mon adolescence, j'en ai écouté des albums qui se disaient violents. Des disques que leurs créateurs qualifiés de "brutaux", "sombres".
J'en ai acheté des K7 et des CD-R avec des pochettes dégueulasses dessinées au BIC bleu, tout ça au nom du DIY, d'une mentalité underground floue en pleine construction.
Parfois résonne encore cette blague de mon père à chaque fois qu'il entendait un de mes chanteurs favoris gueuler : "Il a mal à ché dins li !" ("Il a mal aux dents" soulignant de manière imagée l'âpreté d'un chant hargneux porté par un orchestre tout aussi furieux).
Cette musique me transporte depuis deux décennies, cette musique qui, depuis mes premiers boutons d'acné m'accompagne, m'encourage, me déprime, m'engueule.
 

Mais putain, je ne me suis jamais pris une tarte pareille.  Je vieillis ou ce monde est devenu trop violent pour moi ?
Radical Kitten n'opère pas dans un style que j'écoute régulièrement, dans lequel je suis à l'aise, mais c'est pas permis de me violenter comme ça les orifices auriculaires, de me défoncer la trogne à coups de décibels, de repousser mes limites auditives.

Cet album est une agression. Cet album dit "MERDE". Pas qu'au sens métaphorique, au sens littéral aussi ("Say shit to your boss"). De manière générale, cet album est une galette de négativité, un atelier sonore de contestation.

Autant être honnête, la première écoute n'est pas la plus tendre, il est même probable qu'un fort peu sympathique "Putain, qu'est-ce que c'est que ce truc ?" m'ait échappé, secoué.
La radicalité du propos musical exige un peu de temps pour se décanter puis on apprend à comprendre, en parcourant la tracklist, que la revendication est au coeur de la musique du groupe.

Alors je creuse. Pas trop, j'ai pas que ça à foutre.

Mais j'apprends vite sur son bandcamp que le groupe est de Toulouse. Qu'il se définit comme faisant du "rrriot post punk no wave, queer and feminist". Oh.
Et les paroles sont accessibles. Alors je clique, lis, écoute. Oulala, on a la même gauchiasse-compatibility !

En peu de temps, ça gagne en clarté : l'agressivité du truc ne me lâche pas. Mais ce qui semblait être une gueulardise brouillonne est en réalité un cri du coeur vindicatif et parfois revendicatif.
La sauce punk prend : il y a les mots et les maux que collent la musique.
Deux voix usent les micros. La féminine sature, fait vriller les tympans pour passer le message. La masculine, moins présente, un peu plus en retrait ne fait quand même pas dans l'ASMR ("I can't deal").
La basse, hyper-omniprésente ultra écrasante comme dans tout bon disque punk rythme l'album avec une batterie qui fait le job qu'on attend d'elle dans son style : simple, direct, efficace.
Pour la guitare, c'est carrément plus foutraque. Certains sons et soli ressemblent à mes premiers essais avec une six cordes dans les mains. Mais pas tous. Et ça fait le job. Bruyante, bruitiste, irritante elle vient remettre une couche d'agressivité.
 

Silence is violence est une bordel punk joli organisé, avec ses codes, son écriture coup de poing qui arrive à synthétiser son propos en deux minutes ou l'allonger jusqu'à quatre sans se perdre, sans fioriture.
En quelques écoutes, les slogans sont imprimés, repris pitoyablement par l'auteur de ces lignes, dans les bouchons, pour se rendre au boulot à 7h00 puis sur le retour à 18h. Parce que ma vie c'est de la merde, parce que je n'ai jamais su dire merde à mon boss.

photo de Tookie
le 04/12/2020

4 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 04/12/2020 à 11:35:00

ABAB Tookie! Mouaha :p
Le groupe a un p'tit coté The Ex vraiment chouette et puis surtout ça récure les tympans comme il faut ;)

sepulturastaman

sepulturastaman le 06/12/2020 à 10:33:35

C'est là que tu te rends compte que vieillir n'a pas que des avantage

Freaks

Freaks le 24/12/2020 à 01:34:48

C'est quoi la genance Sepult? 

Freaks

Freaks le 24/12/2020 à 01:35:09

:p

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