Rascal Whack - Maliveni
Chronique CD album (36:25)

- Style
Stoner / Heavy rock - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
24 juin 2021 - Lieu d'enregistrement SCA studios
- écouter via bandcamp
Récemment, mes sources athéniennes m'ont fait remonter une info sur un groupe qui avait sorti un nouvel album cet été, m'en faisant un topo précis : « Tiens, c'est un truc d'ici en 'core' quelque chose, peut-être que ça te plaira ». Aussi, ayant adoré la dernière œuvre de Kalpa, eux aussi originaires de la capitale grecque, ai-je bien volontiers jeté une oreille à ce Maliveni de Rascal Whack.
Maliveni, c'est (si j'ai bien compris, et sans garanties, à partir d'interview glanées ici et là sur le net) la forêt de cèdre de banlieue sur laquelle (entre autres) s'étend petit à petit la ville et son caractère suffocant. L'idée donc ici serait deposer comme idée centrale « l'antithèse de ce chaos : le retour aux racines, la volonté d'être attentifs à ce qu'il se passe en nous en tant qu'êtres humains et le besoin de vivre avec authenticité, à l'écart des patrons et des idoles ».
Dès le premier coup d'oeil à la pochette (par ailleurs plutôt classe), l'idée du « truc en 'core' » s'estompait déjà pour laisser la place à une pensée fugace de type « tiens, ça ressemble plutôt à une esthétique stoner, mais ça pourrait aussi être une sorte de post-core un peu psyché ». Un rapide second coup d'oeil en direction des titres des morceaux, contenant les mots « Groove, Hallucination, Space, From Heaven... » me laissait alors tout de même plutôt sur l'impression qu'on irait du côté de la première solution. Vers quelque chose de plus rond et courbé qu'anguleux et abrasif.
Passées les 20 premières secondes de mise en place vaguement ambiante (avec des sonorités surprennamment Toolesques, et on retrouvera des touches presque prog rock ici et là), le premier riff du morceau d'ouverture « Carved Ignorance » suffit à faire effectivement totalement basculer de ce côté là. Les intros de presque tous les morceaux de Maliveni suintent le stoner, sa rondeur, ses riffs roulants à deux guitares et mélodies typiques, sa basse bien mise en avant... On est directement dans ce que l'on peut attendre de la part d'un groupe de cette école musicale.
Si ce n'est pas le style que j'affectionne le plus (bien que j'apprécie de temps en temps, ou lorsque des plans stoner sont intégrés chez des formations d'autres obédiences, comme sur « White Void » dans le dernier Every Time I Die par exemple), un certain nombre de choses ont retenu mon attention sur Maliveni. D'abord, la capacité de Rascal Whack à écrire et produire de vrais riffs bien efficaces qui ne se contentent pas de la ronflante pour faire tout le travail : le gros riff sur « Slipping Away » ou le groove bien lourd et puissant sur la fin de « Pennies From Heaven », pour ne citer que deux exemples, mais tout en précisant que beaucoup d'autres sont savamment saupoudrés tout au long des huit morceaux que dure cet album. Les guitares de Gregory Tourvas et Spiros Ladas se tournent autour et se répondent, l'une dans le rythme groovy, l'autre dans les mélodies chaleureuses et psyché, pour un résultat très convaincant de ce côté là, notamment avec l'apport de la basse de Chris Ladas (j'eus aimé qu'il se nomme Chris Labas, mais malheureusement le calembour sera pour une autre fois), bien mise en avant et qui donne beaucoup de relief à l'ensemble.
Du côté de la voix, et quand bien même les voix claires ont souvent tendance à me faire préférer descendre en route, la performance de Stathis Skaloumpakas est ici assez intéressante, avec des mélodies travaillées, toujours claires et jamais hurlées, mais avec une propension à s'approcher de zones plus fry qui sont toujours bien placées, et de petites nuances en montée ou en descente qui, à mon sens, donnent une vraie qualité à l'ensemble, et ce dès le premier morceau. Quant à la batterie d'Akis Delaportas, son jeu est souvent assez fin (« The Fly ») et là encore appréciable.
Et au-delà de ces riffs efficaces, groovy et fuzzy et structures typiques du stoner, on aura aussi quelques zones qui s'aventurent dans d'autres styles, avec ici des tempos un peu plus soutenus, d'autres parfois plutôt planants et prog rock (« The Fly »), avec des voix plus clairement chantées, parfois des riffs tirant presque sur un math rock pas trop déjanté, permettant une vraie variété d'un morceau à l'autre, ce qui est là encore bienvenu. Côté lourdeur, on s'approche parfois quasiment post-metal, sans pour autant jamais tout à fait franchir le pas de la porte.
Bref, si l'on ne peut s'empêcher de penser par endroits à leurs petits camarades de Villagers of Ioannina City, du nord du pays, Rascal Whack délivrent ici un second album solide (selon ma connaissance relativement peu étendue du style), qui leur a par ailleurs permis de faire la première partie de poids plus lourds tels qu'Acid Mammoth lors de leur dernier concert à Athènes. Le chant en anglais a peut-être quelque chose à jouer dans ce côté de potentielle « reconnaissance internationale », mais le travail d'ensemble est assez qualitatif pour que les amateurs et amatrices du genre y trouvent tout à fait leur compte, d'autant plus que la production est vraiment très bonne et que chaque instrument se distingue parfaitement : le fait que l'on ne soit pas face à un mur de son aide (on n'est pas dans le doom/stoner, clairement), mais cela mérite d'être signalé tout de même.
A écouter pour réchauffer un peu l'hiver et se laisser pour une fois porter par un groove lourd et détendu. Μπράβο ρε !
PS : Comme d'habitude, ne donnez pas trop d'importance à la note, et d'autant moins pour cette fois où je m'aventure dans un style où je n'ai qu'assez peu de références au bout du compte. Donnez sa chance a minima au premier morceau, il est assez représentatif de ce que le groupe a à offrir.
Et pour faire plaisir à papy Cyril, j'ajouterai que le disque est disponible en CD en série limitée à 200 exemplaires.
2 COMMENTAIRES
papy_cyril le 31/12/2021 à 10:37:36
Il faut que je mette mes oreilles dessus; ça à l'air pour moi ce truc ;-)
Pingouins le 02/02/2022 à 09:52:29
Du coup tu as écouté papy ?
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