Ratbomb - Natural Born Grinders

Quand j'ai fait écouter pour la première fois cet album à deux bons amis à moi, amateurs de musiques bruitistes (mais pas que, que Saint Lemmy leur pardonne), j'ai présenté le groupe comme étant du rock français.

De suite, deux paires d'yeux se sont tournées vers moi d'un air dubitatif. Je n'ai pas de borgne dans mes connaissances.

Après avoir énoncé le nom du groupe, les regards se sont fait carrément goguenards. Apparemment je n'étais pas crédible. Sympa les potes qui te font confiance. Finalement, il ne faut pas prendre les corbeaux d'Odin pour des perruches de basse-cour comme le dit l'adage, bien connu.

Car en fait de rock français, les Strasbourgeois de Ratbomb ne possèdent que l'aspect baguette et béret. Une baguette en béton armé et un béret rouge pour signifier qu'ici c'est la GUERRE.

La guerre, ce n'est pas ce qu'il y de plus cool, j'en conviens. Mais dans le cas de Ratbomb la guerre c'est fun, décontracté, sexy.

Mes potes m'ont donc conseillé de remballer mon « groupe de bourrin » car en quatre minutes de conversation âpre et parfaitement argumentée (« Si, si, c'est du rock ! T'y connais rien !! Retourne donc écouter Téléphone, spice de hippie. - Pfff mais Crom achète-toi des oreilles. Ta femme te parle encore ? - Non elle hurle,  pas comme la tienne vu que t'en as pas. Etc...»), trois titres du combo étaient déjà passés.

Formé en 2011, Ratbomb pose en 2012 avec le présent album, une plaque qui me fait dire, sans honte que Ratbomb, c'est bien. Merci de votre attention, au revoir, et à bientôt sur COREandCO.

Ah parce qu' il faut argumenter en plus ?

Mais quand on parle de Grind, est-il réellement nécessaire de pondre trois pages en alexandrins ? Car compter douze pieds par vers, c'est plutôt pénible, surtout quand votre perception de la poésie s'est arrêtée aux délires alcoolisés de Benoît P. dans C'est Arrivé Près De Chez Vous.

Pigeon

Oiseau à la grise robe

Dans l'enfer des villes

A mon regard, tu te dérobes

Tu es vraiment le plus agile

Mais Ratbomb possède un charme indiscutable qui rappelle, à l'occasion, que le Grind est une dérive du Punk. Et les Strasbourgeois sont punks jusqu'à la moelle du tertre. Des Punks qui savent jouer, certes et en plus carrément rapidement. Par contre, côté versification, ils sont super nuls. L'intro braillante du premier morceau , le chant fait de gravier, les chœurs nombreux et en granit, les breaks onetoutrifor rapprochent indubitablement le gang d'un fastcore/grind/crust pas bête mais carrément méchant. Une grosse basse basique et de la guitare bien groovy-yummy, il n'en faut pas plus pour faire de Natural Born Grinders, non pas un monument de perniciosité, mais une très honnête nuisance pour vos voisins ayant voté Marine aux dernières élections.

Vous aimez les rats ? Vous aimez les bombes ? Vous apprécierez Ratbomb. C'est réducteur certes mais c'est du rock français, spice de hippie, sers-moi donc un Petit Grégory.

Crom-Cruach

le 16/05/2014