Ruïm - Black Royal Spiritism - I.O Sino da Igreja

Chronique CD album (47:00)

chronique Ruïm - Black Royal Spiritism - I.O Sino da Igreja

Passer de la chronique de RÄUM à celle de RUÏM me paraissait l’évidence même, nan ?!? Quelques lettres et le tour est ouej, …

 

… À part que niveau latitude musicale (on passe du Post-BM au Beuh Meuh pur et dur, de la Belgique à la Norvège), on ne se place pas tout à fait au même niveau.

 

Derrière RUÏM, on retrouve Rune Eriksen, THE « Blasphemer », ancien gratteux de Mayhem (1994-2008), membre d’Aura Noir et fondateur d’Vltimas. J’ai pu apprécier ses passages en guest ici et là, spécialement quand il s’est fait bassiste pour l’excellent album To Become the Great Beast d’Eternity. Ce dernier a bien sorti un nouveau méfait cette année, délicieusement intitulé Mundicide (je vous recommande sa couv’ d’ailleurs…), mais cette fois-ci cela s’est fait sans lui ! Depuis 2020, Blasphemer a réorienté sa focale sur un projet tout à fait personnel – RUÏM, nom dérivé du Portugais et qui signifie « mauvais » –, auquel il a associé un jeune batteur français, César « CsR » Vesvre (Thagirion, Agressor live, Arkhon Infaustus, ex Death Decline), biberonné au Black et au Death Metal.

 

Pour son premier long format (cela lui trottait dans la tête depuis quelques temps apparemment…), Rune Eriksen s’est inspiré d’anciennes compos et d’anciens riffs, datés de la fin des années 1990 et non utilisés du temps de Mayhem. Cela peut donc, bien des années après, nous donner une idée ce qu’on aurait pu entendre à cette époque de ce groupe légendaire ("The Black House"). Il ne se gêne d’ailleurs pas pour proposer un cover bien cuissu de "Fall of Seraphs" avec l’appui au chant de Proscriptor McGovern d’Absu ; bon il faut dire que c’est lui qui avait écrit en 1995 ce morceau, sorti pour l’EP Wolf’s Lair Abyss deux ans plus tard !

 

Cette musique agressive et incarnée s’immisce dans un cadre spirituel buissonnant où Blasphemer a souhaité mettre en avant des pratiques religieuses proches du culte de l’umbanda, tradition religieuse afro-brésilienne, pris entre christianisme et sorcellerie tribale, qui vénère aussi bien l’Immaculée Conception que Iemanja, la déesse de la mer, aussi bien Jésus-Christ que les orishas, forces brutes de la nature. Cette forme moderne, urbaine et métissée du candomblé, culte des ancêtres esclaves et des esprits metis, aurait apparemment subjugué … Blasphemer, devenu ici l’Éclectique, soucieux « de soigner vos âmes » ! Ce syncrétisme cultu(r)el et musical, que l’on retrouve même dans les paroles où s’entrechoquent le Norvégien, le Portugais et l’Anglais, trouve sa transcription directe et fidèle dans le titre de cet album – Black Royal Spiritism – I – O Sino De Igreja –, ainsi que dans le logo et la pochette, symboliquement bien chargés !

 

Hameçonné – comme pas mal d’auditeurs je pense – par l’excellent morceau "The Triumph (of Night & Fire)" (quelles premières secondes !), je m’attendais à du Black Metal fleurant bon les 90’s, un BM franc, direct, farouche, hostile, mais certainement pas à une création aussi bigarrée, perceptible d’emblée, dès l’écoute du premier titre "Blood.Sacrifice.Enthronement" dont témoigne le changement de cap à la fin de la 4e où la brutalité liminaire bien troussée disparaît devant des minutes bien plus éthérées. Ces dix minutes suffiraient presque à résumer les intentions de RUÏM.  Tantôt pécheur, tantôt adepte, Blasphemer aime à nous balancer dans des ambiances contrastées, souvent sinistres, souterraines ("O Sino da Igreja"), dissonantes ("Evig dissonans"), parfois plus atmosphériques ("Black Royal Spiritism"), jusqu’à proposer un segment ambient et instrumental de bout en bout avec "Ao Rio".

 

Je n’ose imaginer le degré de maturation d’un tel travail, dont la violence et la méticulosité vont de pair. Très personnel sans nul doute… Un véritable album-miroir ! Chapeau bas Blasphemer, mais il va peut-être falloir songer à changer d’aka…

photo de Seisachtheion
le 31/07/2023

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