Seum - Winterized

Chronique CD album (28:32)

chronique Seum - Winterized

J'avais découvert Seum lors de leur participation à un Split album avec Fatimà et leur doom sludge metal basse batterie voix m'avait tapé dans l'esgourde pour sa lourdeur sans concession et pour le pari, réussi, de produire une musique lourde sans utiliser une seule guitare. Vous allez me dire "Ouiiii, 'fin, bon la guitare, c'est pas non plus l'instrument le plus lourd du monde, tu as déjà entendu Meshuggah sans basse?" et ça n'est pas faux mais c'est quand même pas facile de s'en passer tant nos oreilles sont habituées à la présence de cet instrument dans le monde du métal et de ses déclinaisons pléthoriques.


Bref, quand Seum m'a demandé de jeter une oreille sur leur nouvel album, j'ai donc profité de l'occasion pour m'intéresser de plus près à ce trio plus gras qu'un menu Best-Of des années 90. Après Summer Of Seum, voici donc Winterized qui tire son nom d'un processus utilisé dans l'industrie du cannabis et par lequel on extrait de l'huile de cannabis obtenue après la première première pression, toutes les impuretés, c'est à dire ce qui est gras, lipidique, résineux, cireux et collant. On ne pourrait pas trouver meilleurs adjectifs pour décrire le sludge/doom de Seum. Un album à l'ambiance puissamment exutoire car écrit pendant le confinement; un album enregistré dans la Seum-Cave, un endroit probablement sombre, aux mansardes étouffantes et circonscrit d'assourdissants murs gris. Petite anecdote : la pochette est une référence à la marque canadienne de café cheap Tim Hortons, fournisseur officie de la boisson qui a permis  au groupe l'enregistrement de l'album (les sessions commençaient à 6h du matin à cause du couvre feu).


En résultent 28 minutes d'empêtrement musical dans lesquels l'auditeur peut s'ébrouer sans retenue, patauger à loisir et s'enliser avec plaisir. En effet, Winterized, c'est un duo basse batterie qui n'a rien d'un duo et qui tape lourd et fort. D'un côté, la basse, multiple, versatile, une mappemonde sonore et schizophrène sur laquelle Piotr nous traine, une basse qui empile les couches plus que les notes, toutes plus monolithiques les unes que les autres, alourdies par des effets (filtres, synth-bass, octaver, tout y passe), d'autres par des empilement d'overdrive, de fuzz et tout un tas de joyeusetés distordantes qui vrombrissent et vomissent dans nos oreilles. On est pas dans le riff noisy et dansant à la Lightning Bolt qui sonne parfois un peu anémique. Ici, la basse n'est jamais faiblarde, elle remplit tout l'espace sonore et est comme certains de ces alcools de bûcherons: tu sais que ça va te casser la tronche mais tu t'en sers quand même une belle lampée.

Ajoutons à ça, Fred,  un batteur qui oscille entre le bûcheron et le forgeron, des bûches à la place des baguettes pour laminer des cymbales. Un batteur qui semble vouloir faire du petit bois de ses fûts. Un batteur bien au fond du temps, maîtrise l'art "de la grosse pêche qui fait taire tout le monde". Un batteur dont les roulements partent de l'au-delà pour finir dans l'infini. Un batteur de doom, tout simplement.
Pour couronner ce duo, Gaspard et sa voix, qui tronçonne dans le gras des instrumentations, en rabote les angles usant d'une puissance hallucinante d'interprétation et d'une aura qui flirte avec une malsanité, malsanité qui sied parfaitement à l'ensemble sans tomber dans le chelou-bizarre-malaisant, une malsanité artistique en quelque sorte.


Le son du mixage est dur, harsh et dégueulassement bon. Les trois musiciens sont parfaitement répartis entre "lourd et grave" (le chant), "écrasant et whoompi" (la batterie) et "abyssale et woofi" (la basse). Du bon mix qui dégouline bien, sirupeux à souhait et que l'on peut pousser pour se faire écraser par le volume sans jamais se fatiguer les oreilles.


Bien que j'ai été un peu plus circonspect avec le titre "666", une piste ambiante qui sera l'unique tâche de cet album, Seum est un trio de doom'n'bass véritablement crédible et terriblement trippant. Ça ne plaira évidement pas aux "fragilus auriculus" habitués aux sons lissés autant que polissés mais les amateurs de lourdeurs sans concession se doivent de plonger dans ce brûlot argileux et boueux car avec Winterized  Seum s'assume et nous assomme.


On aime bien: la lourdeur totale, le côté légèrement malsain
On aime moins: une piste un peu en deça.

photo de 8oris
le 30/10/2021

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