Shrapnel - The Virus Conspires

Chronique CD album (43:43)

chronique Shrapnel - The Virus Conspires

Alors qu'au début des années 90s le thrash était devenu un genre moribond au sex-appeal aussi puissant que celui du néo aujourd'hui, depuis le milieu des années 2000s (... plus ou moins au moment de la sortie du Hazardous Mutation de Municipal Waste) celui-ci s'est refait une santé en béton, les jeunes loups comme les anciens soldats proposant une offre pléthorique aussi bien en terme quantitatif que qualitatif: crossover thrash, heavy thrash proggy, raw black/thrash, Bay Area thrash, techno-thrash, kamasuthrash, nec-plus-ulthrash... On trouve facilement chaussure à son pied dans le flot des sorties affiliées au genre.

 

Et si d'aventure vous vous retrouvez l'un de ces jours à pousser votre caddie dans les allées du Thrash Market près de chez vous, vous devriez pouvoir trouver The Virus Conspires – 1er album des grands-britons de Shrapnel – au rayon « classic US thrash metal ». Entre sa violence urbaine tempérée d'une expérience certaine, ses accélérations fulgurantes, ses quelques chœurs de gorilles et la finesse de ses alternances mid-tempos gaillards / sprints échevelés, le groupe rappelle une version mature de ces combos qui faisaient la loi dans les ruelles mal famées de Frisco à la grande époque du Bay Area Thrash Metal. Ainsi Shrapnel sonne comme un Slayer plus orienté bagarre que messe noire, comme un Death Angel qui aurait bouffé de l'Exodus: bref, comme une petite teigne qui toucherait méchamment sa bille – et qui bénéficierait d'un gros son à même de satisfaire le métalleux habitué aux prods botoxées (merci Russ Russel).

 

Côté Etat Civil, Shrapnel c'est Jae Hadley, chanteur vindicatif injectant d'occasionnels jets de fiel Tom Angelripperesques dans ses éructations, Nathan et Chris, deux guitaristes brillant à coups de leads et de soli bien sentis, et Simon Jackson, master-batteur sans peur ni reproche qui booste la chose aux petits oignons. C'est également Shaun McElhinney et sa basse, quoique ceux-ci manquent un peu de présence en comparaison.

 

Les 11 morceaux de The Virus Conspires sont globalement assez classiques, mais les anglais maîtrisent le dosage mid-tempos hardis / fulgurances supra-luminiques comme personne (« Red Terror » et « Pseudocommando » font très fort dans le domaine), et balancent moult soli détalant sur fond de rythmiques rageuses... Rien de révolutionnaire en soi, mais l'exécution exemplaire de ces plans dont l'amateur de thrash est particulièrement friand assure l'auditeur de passer un grand moment. Le groupe nous dégote de plus quelques idées croustllantes sur ses morceaux les plus marquants, comme la ligne mélodique récurrente de « Braindead » accompagnée d'un assaut trépidant de double courte mais efficace, ou comme cette guitare « aspirée » (écoutez par exemple à 1:12) qui participe fortement à la réussite d'un morceau-titre aussi varié que réussi. Du pain béni pour ceux qui accepteront de ne pas thrasher dans une soupe qu'on a, il est vrai, par ailleurs l'impression d'avoir déjà ingurgitée maintes fois par le passé.

 

Classique sans être trop générique, efficace et hyper carré, Shrapnel a la carrure des grands seconds couteaux. Il lui manque peut-être encore un brin de personnalité ainsi que quelques tubes rassembleurs, mais il est de ces groupes qui vous ouvriraient idéalement un Hellfest le vendredi matin, sur la Main Stage 2!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: du thrash US classique mais jouissif, sans faille et doté d'un son gros comme ça, voilà ce que Shrapnel vous propose. Ni plus, ni moins.

photo de Cglaume
le 19/08/2014

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