Squid - O Monolith

Chronique CD album (41:48)

chronique Squid  - O Monolith

Au rayon du post-punk qui bourre le train de l’avant-garde avec classe et distinction, Squid s’est illustré de la plus impressionnante des manières en expulsant des méninges foutraques de ces membres l’ébouriffant Bright Green Field en 2021. Rapidement établi comme un chef d’œuvre par la presse musicale et validé massivement par le public, les jazzeux de Brighton se sont vu propulser sur le podium de l’avant-garde rock expérimentale, - aux côtés de ses collègues tout aussi talentueux de Black Midi et Black Country, New Road. Faisant déjà suite à quatre EP édités entre 2017 et 2021, Bright Green Field s’est élevé en édifice musical audacieux, à l’architecture alambiquée, dont les influences multiples s’enchevêtrent les unes aux autres, mixant efficacement post-punk, post-rock, musique électronique et jazz ; une radicalité artistique qui rappelait celle qui animait des entités telles que Père Ubu et Brian Eno, notamment lorsque ce dernier chapeautait les New-yorkais de Talking Heads. Après une tournée des festoch’s qui mis tout le monde d’accord (même les copines et copains allergiques aux bizarreries bordélico-arty succombèrent devant la scène), la question était maintenant de savoir vers quel chalutier allaient migrer les seagulls au détour de ce deuxième album.

 

Sur base d’idées musicales improvisées sur la route, les comparses s’isolèrent dans la contrée mystique du Wiltshire afin d’écrire ce nouvel album : plus précisément au Real World Studio fondé par Peter Gabriel en 1989, et mis en boîte une nouvelle fois par le stakhanoviste Dan Carrey qui, - décidément -, s’identifie comme l’une des figures musicales les plus en vue de cette scène britannique. Les artistes restent donc les mêmes aux manettes de ce O Monolith ; un second album qui se démarque tout d’abord de son prédécesseur par un nombre de titres ramené à huit et se dotant - de facto - d’une durée plus courte.

 

O Monolith démarre avec son premier single dévoilé, à savoir « Swing (In a Dream) », - inspiré du tableau L’Escarpolette de Jean-Honoré Fragonard -, et illustre avec brio le style musical déjà déployé dans le premier album, avec cette richesse dans les arrangements qui rappelle le génie avant-gardiste d’un Radiohead période Kid A. Le titre réussit à maintenir une intensité qui ne se met en sourdine que temporairement en trompette, avant de littéralement imploser : rongé par une tension créée et exacerbée tout du long. En moins de cinq minutes, Squid démontre que ses musiciens ont conservé la puissance de leurs arrangements musicaux tout en jouant davantage sur des contrastes saisissants, à l’image de « Devil’s Den » sublimé par l’usage de ses flûtes, et de l’effréné « Green Light » à la progression résolument cathartique.

 

En toute sincérité, la verve expérimentale et foutraque avec laquelle s’exprimait Squid reste inchangée ; et décortiquer chaque morceau s’avère finalement être un exercice aussi fascinant que déstabilisant tant la formation démontre avec facilité son habilité à glisser d’un registre à un autre sans perdre l’auditeurice. Ce talent de composition atteint son paroxysme sur les deux titres composant le cœur de O Monolith : « Undergrowth » et « The Blades », qui déboussolent par l’abondance de ses orchestrations, où fulgurances free jazz transpercent un premier titre construit sur base d’une ligne de basse dubbesque ; et où le second se dresse en véritable synthèse du génie créatif de ses membres. Concernant ce dernier titre, je me permets de préciser que les paroles font références aux protestations et émeutes qui eurent lieu à Bristol en opposition à un loi augmentant drastiquement le pouvoir de l’institution policière en Angleterre. D’office, je ne vais pas mentir : ça augmente de beaucoup un capital sympathie situé déjà assez haut.

 

Finalement, il serait tout à fait possible de s’étendre en long et en large sur les qualités des huit titres qui composent ce second effort ; cependant, si la langue était capable de traduire toutes les émotions procurées et véhiculées par la musique, ça se saurait. Je ne peux donc que vous inviter à découvrir ce monolithe au pouvoir d’attraction phénoménal, et qui confirme Squid comme l’une des formations les plus excitantes du moment.

photo de Arrache coeur
le 06/12/2023

1 COMMENTAIRE

AdicTo

AdicTo le 06/12/2023 à 11:51:38

Squid est de loin le groupe qui me plait le plus parmi cette nouvelle vague anglo-saxonne. Sûrement dû à ces bidouilleries et arrangements électro typés Radiohead comme tu le soulignes. J’ai même l’impression d’entendre du Air sur « Siphon Song ». Black Midi par exemple, ça s’articule un peu trop autour du texte à mon goût. Bright Green Field était une sacrée bonne surprise, O Monolith est bien bon aussi. Bref, jolie chro pour un groupe qui a amené un peu de fraîcheur dans le paysage musical 👌🏻

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