Succumb - XXI

Chronique CD album

chronique Succumb - XXI

Formés en 2014 à San Francisco sous le nom de Cloak, avant de changer de nom en 2017, le quatuor Succumb délivre, en ce début d'automne, leur second album, XXI. Et dedans, ce n'est pas la beauté des couleurs et la parfois douce mélancolie qui accompagne cette saison que vous trouverez, mais la grisaille, des teintes en noir et blanc, et surtout pas mal de grandes mandales dans la gueule.

 

L'assaut y est en effet globalement continu, sous la forme d'un deathgrind punkisant et vaguement blackened dont l'objectif principal semble tout de même être de mener une étude sur la modification de la géographie des dents dans l'espace suite à exposition prolongée à leur musique.

 

Voyez plutôt les termes et conditions expérimentales de ladite étude :

 

La batterie (d'Harry Cantwell de Bosse-de-Nage) qui redouble de double pédale et de petits breaks syncopés, avec une propension notable à l'accélération et au pétage de fût plus rapide que dans votre bar préféré ? Check.

Les guitares aux riffs dégueulasses (dans le bon sens du terme, celui qui fait plisser le front et retrousser la babine inférieure avec un air méchant) qui viennent soulever la poussière et la faire voler en tout sens pour en tartiner plus d'une paire d'oreilles ? Check.

La basse qui en rajoute dans le charcutage du sol et des tympans ? Check de même.

La voix qui semble tout droit sortie d'un bad trip auquel on aura tenté (sans succès) de remédier en ingérant 1 kilos de coquillettes trop cuites auxquelles on en aurait rajouté une crue ? Check aussi, elle n'est vraiment pas contente, Cheri Musrasrik.

 

Faut dire que son background dans des groupes plutôt noise-punk dénote tout de même avec le genre de voix que l'on s'attend à retrouver sur un disque de ce style. Alors attention, tout cela est tout de même fort agressif et frontal, ne nous méprenons pas. D'ailleurs, bien que j'aie une certaine habitude tout de même de ce genre de facétie, il m'a fallu un peu de temps avant de me rendre compte que l'on avait une chanteuse qui maltraitait ce micro. On n'est pas ici dans les vocaux death assez gras pour se passer d'huile de cuisson pour le reste de l'année, mais la performance reste sans aucune concession, sèche, rauque et bien énervée.

 

Les textes, quant à eux, sont largement inspirés par la poésie de William Butler, Germinal de Zola et la littérature de la fin du XIXème et début du Xxème. Pas de bouillabaisse de tripes fourrées à la bidoche ici, désolé pour celles et ceux qui ne jurent que par le putride et sanguinolant.

 

Enregistré chez un bonhomme que l'on connaît plutôt pour ses méfaits dans la scène post-black, Jack Shirley (Deafheaven, Bosse-de-Nage, Botanist, Oathbreaker, …), XXI a un son à la fois excellent et austère, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'espace et de superflu. Dans l'ensemble, c'est un bon gros rentre-dedans avec des influences punk, que l'on peut sentir par exemple dans le riffing sur des titres comme « Okeanos » ou en partie sur « 8 Trigrams », mais aussi légèrement black (« Graal », du tremolo tendu réparti ici et là), même si la rythmique de base est toujours plus deathgrind.

 

L'une des choses que je trouve intéressantes dans cet album, c'est que Succumb brouille un peu les pistes. Déjà du fait de la diversité d'influences dont on a parlé plus haut, et ce chant assez surprenant, et apparemment diabolique en concert. Mais aussi avec la longueur des morceaux, qui sont assez longs pour un album du style (certains viennent faire péter les six ou sept minutes tout de même). Ensuite, avec cette pochette (que je trouve personnellement super classe) qui guiderait plutôt une première impression vers une sorte de stoner/doom ésotérique '80s enregistré sur cassette.

 

Bref. On en retient un disque bien méchant proposé ici par Succumb, qui mérite tout à fait qu'on y jette une oreille (au risque de se la faire couper). Il y a toujours un je-ne-sais-quoi qui m'empêche d'y trouver tout à fait mon compte, mais il égayera sans doute vos soirées « violence et carton-pâte ».

photo de Pingouins
le 23/09/2021

2 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 23/09/2021 à 09:32:42

J'avais retiré le lien parce que ce n'est pas le bon Cloak que l'on a dans la base de données :)
Du coup j'ai ré-enlevé.
Et diantre, cette pochette est quand même classe.

Crom

Crom le 23/09/2021 à 19:30:09

J'aime la chro, bien moins l'album sans relief dans son tabassage. Et puis ce chant....au secours.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025
  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025