Svart Crown - Wolves Among The Ashes

Chronique CD album (40 mn)

chronique Svart Crown - Wolves Among The Ashes

« Mourir pour mieux renaître », tel est l’antienne inlassablement ressassée par le frontman de Svart Crown, Jean-Baptiste Le Bail, à l’approche de la sortie du 5e album Wolves Among The Ashes (le 2e chez Century Media Records), le 7 février dernier. Et pour cause : la formation azuréenne a subi une quasi complète recomposition. Exit en effet les Kevin, Verlay à la guitare et Paradis à la batterie, mais aussi Ludovic Veyssière à la basse. Les deux premiers ont été remplacés par deux musicos confirmés, en fait deux « revenants », partis tour à tour entre Profane et Abreaction. Il s’agit respectivement de Clément Flandrois, qui avait consacré sept ans de sa vie à Svart Crown avant de se tourner en 2015 vers d’autres expériences (dont l’excellent Hyrgal) et de Nicolas "Ranko" Müller, qui enfile les 200/225 bpm à la batterie comme ma mémé tricotait son sloggi®… easy !

 

Malgré cette séparation, une déchirure à ne pas en douter, l’un et l’autre étaient restés dans l’horizon amical du leader de Svart Crown, si bien que le colosse Ranko avait aidé le groupe à défendre Profane à l’occasion de quelques concerts et a surtout rejoint JB à l’été 2018 pour travailler sur le prochain opus. Clément les rejoignant dans la foulée. De ces dépannages est née une réelle alchimie, qui a catalysé les énergies du trio ainsi reconstitué. Tout cela a servi indéniablement les qualités, nombreuses, de l’enregistrement débuté à l’été 2019 dans les studios parisiens de Francis Caste, qui collabore avec JB depuis Witnessing the Fall. À cette occasion, a été intégré du sang neuf à la basse, en la personne de Julien Negro, chanteur multi-instrumentaliste passé notamment par DXS, Lord of Mushrooms et Anthropia.

 

Bien que donnant le ton d’un album bien plus abrasif, sombre et haineux que le précédent, les deux premiers morceaux m’ont complètement abusé et détourné des intentions premières du groupe, celle de se libérer d’un Black/Death d’école, peut-être un oripeau musical un peu trop gênant à porter pour Svart Crown, qui doit en avoir bien marre d'être toujours considéré comme les Behemoth français. Les premiers riffs très Hangman’s Chair, en fait très « Francis Caste », de "The Will Not Take Our Death In Vain" viennent de suite s’emmêler avec le sample d’un prêche de Jim Jones, fondateur de la secte du Temple du Peuple, à l’origine en novembre 1978 de l’un des plus importants suicides collectifs de l’Histoire (908 adeptes y sont passés). Au moyen du verbe messianique et pré-apocalyptique de ce soi-disant révérend, en fait un gros fdp, cette intro glaçante qui ne dépasse pas les deux minutes met au révélateur une humanité en pleine perte de repères, pire en totale perdition. Cette acception recouvre toutes les paroles de l’album, comme un trait d’union maudit. JB a tenu à y rajouter une autre idée forte, qui a influencé davantage l’identité visuelle de cet album (artwork de Dehn Sora) : la force conquérante et surdominante des éléments de la Nature et la capacité illusoire de l’Homme à y faire face. Une référence directe et assumée à la puissance qui se dégage de la « Porte de l’Enfer », ce champ de gaz naturel situé à Darvaza au Turkménistan et en constante combustion depuis près un demi-siècle maintenant. Cet autre thème structurant se retrouve dès "Thermageddon" (une référence à un bouquin de Bob Hunter, fondateur de Greeenpeace), le 2e titre qui sonne d’emblée très … Behemoth.

 

Svart Crown nous amène ensuite – et c’est l’attrait principal de ce Wolves Among The Ashes – sur un terrain toujours hostile, mais bien plus varié et habité qu’à son habitude. Les décélérations sont nombreuses, systématiques même, propices à la variété des riffs, à l’expressivité des lignes de base et surtout à l’insertion de chants qui sont le fait des quatre membres du line-up ! Un véritable nuancier, condensé dans "Living With The Enemy". Ok, JB se tartine la plupart des vocals, mais les compositions ont su tirer profit des capacités vocales de Klem, dont la sonorité vénéneuse délicieusement Black Metal fait merveille ici. Et que dire des chants clairs et des passages murmurés de "Down To Nowhere", cette respiration très trip-hop des 90’s, qui … détonne quelque peu ?! C’est notamment Ranko qui s’y est collé ! Mais riche de titres à la construction complexe ("Blessed Be The Fools", "At The Altar Of Beauty") et en dépit d’un morceau un peu plus convenu ("Exoria"), l’incandescence musicale des 8 morceaux et 40 mn de l’album passe vite, très vite, au point que j’aurais bien demandé un p’tit dernier… Un mauvais signe ? Nop, c’est l’inverse opposé… !

photo de Seisachtheion
le 19/03/2020

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