Tankard - Pavlov's Dawgs
Chronique CD album (55:04)

- Style
Thrash qui mousse - Label(s)
Reaper Entertainment - Date de sortie
30 septembre 2022 - Lieu d'enregistrement Gernhard Studio
écouter "Lockdown Forever"
Ils sont malins les biérophiles germains de Tankard. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne date pas d’hier ! Parce que depuis leurs tout débuts – ça remonte quand même à 36 ans, 40 si on compte la période où nos amis braillaient sous les noms d’Avenger, puis de Vortex – ils ont bien compris que le métalleux est un gamin fétichiste qui aime non seulement qu’on lui souffle dru dans les feuilles, mais également qu’on lui tape fort dans la rétine, ceci via des pochettes pleines de contrastes, de feu, de chairs, et de jouissifs excès. Ce n’est pas un hasard si les E. Repka, A. Marshall… et S. Krüger sont devenus des légendes de leur vivant ! En conséquence, à chaque fois (…oublions The Tankard et Disco Destroyer) rebelote : dès le premier contact avec la pochette le groupe rafle la mise, que la musique empaquetée sous le blister soit bonne ou non. Car comment résister au fun, aux clins d’œil, et à ces couleurs à faire se damner l’habitué du Festival d’Angoulême ? C’est sûr, parmi ceux qui parcourent encore les bacs, beaucoup ont dû céder à un achat compulsif en découvrant in situ les pochettes de nos papes du Beer Thrash !
« Alors, dis : sur le 18e album, du changement ? » Tu parles Karl ! Même pas besoin d’écouter les 10 nouveaux titres pour savoir que rien n’a bougé dans la taverne du Thrash joyeux. La trombine des deux toutous texaveryens de l’artwork nous confirme que ça glousse toujours un max chez les Allemands. Par ailleurs, en découvrant que la tracklist affiche en 3e position un évoquateur « Beerbarians », on comprend que nul coup de frein n’a été donné sur la promotion de la houblonophilie fantasque, d’autant qu’il est ici manifestement question de laisser échapper des baignoires de salive à la simple évocation du filet de liquide doré honorant la chopine consentante. Et en ce qui concerne la défense des bonnes vieilles traditions et du patrimoine local, pas de renoncement non plus si l'on en croit cette référence à la Space Beer de The Meaning of Life et la mise en avant de l’année de naissance de la bande des 4 (… 1982, donc).
Inamovibles, inoxydables, « indésoiffables » : rien ne semble pouvoir infléchir la course de ces vieux singes à qui on ne risque pas d'apprendre à brasser la Grim' Mass (... on va dire qu'elle existe). Dans son discours promotionnel, Reaper Entertainment – leur tout nouveau label – n’hésite d’ailleurs pas à les traiter de fossiles vivants ! Des physiciens parleraient sans doute plutôt d’un système ayant atteint un état de stabilité thermodynamique parfait. Et en effet, ne cherchez pas l’entropie sur Pavlov’s Dawgs : elle s’est arrêtée en chemin dans un troquet, et n’en est jamais ressortie !
Mais on bavasse, on dit des conneries, et on oublie de vous parler de la musique elle-même. En même temps vous savez parfaitement à quoi vous attendre : tantôt joyeux et cinglants comme des pirates à l’assaut d’un stand « Beaujolais Nouveau » après 15 jours à boire du jus de pomme, tantôt plus profonds et concernés par des lendemains qui chantent de plus en plus faux, les 10 titres nouveaux sont archétypalement tankardiens, du chant de Gerre aux D-beats joyeusement thrashy d’Olaf, en passant par ces bons vieux riffs qui ricochent, griffent et tourbillonnent ainsi que l’attendent les fans. Sur une base quasiment constante « Intro / Couplet / Refrain / Couplet / Refrain / Solo / Pot-pourri / Reprise de l’Intro / Refrain / Bye bye » les Allemands ajoutent 10 nouvelles briques à un édifice déjà tellement solide qu’il s’agit désormais plus d'en renouveler la déco que de renforcer la structure existante.
Sans jamais proposer ni tuerie révolutionnaire ni bouse intergalactique, nos alcooliques pas franchement anonymes alignent morceaux bonnards et bouche-trous sympas sur des formats alternant généralement entre 5 et 6 minutes. « Pavlov’s Dawgs » ouvre les hostilités avec goût et entrain pour se positionner rapidement dans le Top 3 des meilleures pistes de cette nouvelle cuvée. « Beerbarians » adopte une allure plus gaillarde, agite sa chope avec la virulence du viking sentant l’heure du pillage arriver, mais soulève un peu moins de poussière que son confrère des avant-postes. « Memento » est typique de ces moments où l’on se fait presque suer, son démarrage poussif ayant de quoi pousser au suicide des régiments entiers de lemmings. Heureusement les deux derniers membres du Top 3 arrivent rapidement. « Dark Self Intruder » tout d’abord, qui a manifestement participé à un jumelage Frankfort – Oslo au vu de la profondeur et de la froide majesté de ces riffs qu’on croirait sortis des tréfonds d’un fjord (… pas le yaourt : le nid à Beumeux). Puis « Lockdown Fever » qui tabasse comme du Slayer et pilonne tel un bombardier carburant à la Paulaner. Alors forcément, après ces deux derniers coups de pied au fut, on regrette un peu qu'un « On The Day I Die » à l'air morose traîne piteusement la patte avant d’aller s’écrouler sous le comptoir…
Au final, pas de surprise : le 18e album de Tankard pétille, mousse, et désaltère – malgré quelques morceaux à l’amertume un peu plus marquée. Nulle trace de nouveaux aromes subtiles à déguster, mais nulle perte de goût à déplorer : si vous n’avez jamais aimé les soirées Pilsener / bretzels / courses en sac, peu de chance que vous vous convertissiez soudainement au Thrash des Allemands. Par contre si vous avez envie d’une tournée supplémentaire, c’est le moment ou jamais !
La chronique, version courte: tradition, houblon, on-riffe-en-rond-mais-putain-que-c’est-bon… Tankard est une institution du Thrash teuton, et outre-Rhin cela signifie stabilité et satisfaction. Donc non, sur Pavlov’s Dawgs rien de nouveau à l’horizon. Mais ne me faites pas croire que vous y croyiez vraiment bande de pochtrons ?!
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 29/12/2022 à 17:40:28
Perso 6, 5 mais c'est car je suis à jeun comme un pruneau.
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