Tattva - Naraka

Chronique CD album (38:42)

chronique Tattva - Naraka

Si vous vous êtes peut-être déjà engoués – en tout cas je vous le souhaite – du Black Metal védique des Tchèques de Cult of Fire, alors vous vous emballerez probablement devant le Black Metal karmique de Tattva. Signifiant « Vérité » / « Réalité » en sanskrit, ce one-man project s’est extrait peu à peu des limbes du sud-ouest de la France depuis sa création en 2012, pour faire jaillir un éclat créatif plus franc en 2020 avec l’EP Live The Body. Live The Soul. Est enclenché l’année suivante un cycle prolifique avec le premier album Nirjara puis l’EP Avanati.

 

Ces deux dernières surfaces d’expression, aussi bien musicales que spirituelles, avaient besoin d’un troisième support pour trouver son équilibre, en fait pour achever une trilogie : ce sera donc Naraka. Puisant son identité et son atmosphère dans la religion hindouiste, l’artiste J poursuit sa quête de sens, persuadé qu’il est que l’homme fait face à une sujétion implacable aux volitions, à la causalité des événements qu’ils provoquent et qui balisent son existence, surtout lorsque celui-ci, à « la fin du cycle de l’âme », doit rendre compte de ses actions, de son bilan moral à Mara, le Dieu de la Mort. Formant l’un dans l’autre un maillon musical d’une même chaîne mystique, chacun des 8 morceaux, à commencer par l’intro musicale "Winds of Pestilence" (bonifiée de trois minutes supplémentaires sur le vinyle sous le nom de "Anima Oppressi"), relate « une part de la roue de la vie » et dépeint les facettes multiples de l’âme humaine et de ses nombreux tourments.

 

Rien de mieux alors que l’artwork proposé par Macchabée Artworks (qui bosse déjà avec Ophe, Inexistence, Kosmos, …) pour mettre ces mots et ce concept spirituel en images à l’aide de dessins bien chargés et vraiment évocateurs.

 

Rien de mieux, ensuite, qu’un registre vocal très recherché – un levier d’expérimentation à lui tout seul – où le shriek n’est pas un simple shriek, où le grawl n’est pas un simple grawl, mais l’un comme l’autre un rauque de souffrance, déchirant et expiatoire, faisant écho à une âme envahie d’un flot d’entraves et de servitudes et en quête de libération ("The wheel of life - Karma", "Liberated - Prani" et surtout "Expiate - Nama Rupa").

 

Rien de mieux, enfin, qu’un « Black Metal intimiste » pour rendre le tout définitivement expressif, autorisant les vocaux et les lignes instrumentales à faire corps le temps de cet album. J enclenche tambour battant – et ça tombe dru dès "Hell's Path - Naraka" – un processus qualitatif, pluriel et intense d’expérimentation sonore et de variation de tempos, le tout enrobé dans un univers mystique fort bien mis en valeur. Pour écouter Naraka, il faut ainsi savoir s’abandonner aux plaisirs nombreux provoqués par l’écoute d’une musique bien loin d’être corsetée, qui va piocher aussi bien dans le Death que dans le Doom ("... And...Death… - Jati"). Un tel trésor d’arborescence musicale et rythmique est palpable sur le bien troussé "Judgment - Manu Shya", qui s’achève sur deux minutes particulièrement habitées ou sur les emballants "Liberated - Prani" et " Ethered - Peta Yoni".

 

Je m’étais fait la même remarque dernièrement avec Ars Moriendi, mais voilà une œuvre qui détone positivement.

Un effort plus que bienvenu de déstandardisation du (Black) Metal hexagonal, à l’heure où ce dernier s’homogénéise dangereusement.

photo de Seisachtheion
le 22/02/2022

1 COMMENTAIRE

J

J le 22/02/2022 à 10:18:04

merci beaucoup Seisachteion pour la chro, el temps et l'intérêt porté à Tattva...!

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