The Brian Jonestown Massacre - Musique de Film Imaginé

Chronique Vinyle 12" (39:42)

chronique The Brian Jonestown Massacre - Musique de Film Imaginé

Mine de rien l'antépénultième marotte du Père Newcombe pourrait bien se révéler comme LA surprise de cette année 2015.
Évidemment, le communiqué de presse ne laisse pas de place au doute, il s'agit bien du nouvel opus de The Brian Jonestown Massacre, et nous sommes invités à en parler, à le défendre comme tel.
Pour les aficionados, l'attente annuelle est récompensée, pour tous les autres – ceux qui ont suivis les aventures du groupe le temps d'un très bon Thank God for Mental Illness – 5ième plaque du groupe, sorte de blues drogué jusqu'à l'os est imparable (1996) - et d'un documentaire - Dig ! (2004) ; la surprise est de taille.

Musique de Film Imaginé se présente comme un hommage à la France, celle de François Truffaut et de Jacques Rivette. Un hommage probable à la Nouvelle vague, en somme. Quand le foie de Gainsbourg lui permettait d'être prolifique et aventureux, que William Sheller composait des opéras Pop et que Christophe errait sur la Route de Salina.

 

Musique de Film Imaginé est donc l'occasion de revenir sur le parcours de ce groupe californien qui démarre en 1987 à San Francisco dans les rêveries d'Anton Newcombe, leader despotique, prolifique, s'essayant avec boulimie à près de 70 instruments et presque autant de méthodes d'enregistrements.
Les prémisses du groupe, le situe entre le Velvet Underground et les Rolling Stones. Si la musique proposée est loin d'être violente, l'attitude et les propos côtoient rapidement les extrêmes. Newcombe est ingérable et n'hésite pas à saboter ses propres concerts, à virer ses musiciens si ceux-ci n'ont pas eu l'occasion de se barrer fissa. Une soixantaine d'entre-eux vont tenter l'expérience, le plus souvent dans des formules psychédéliques (les meilleurs moments), country, new-wave et même électro. L'expression « se perdre dans... » a tout son sens, lorsque l'on regarde dans le rétro.

 

À l'approche de la cinquantaine, Newcombe pourrait bien détenir son album le plus intéressant, pas le plus abouti – trop de brols qui frôlent la minute ou les vingtaines de secondes, pour se dire que la mise en forme tient bien la route.
Les collaborations avec Soko pour « Philadelphie Story » de William Sheller et Asia Argento « Le sacre du printemps » (déjà présent sur l'album de la réalisatrice-actrice-chanteuse) sont les moments clés de l'opus. Un titre comme « l'enfer » est bouleversant d'intentions pures . On découvre un auteur autant amoureux de la musique que des images. Un type profondément honnête qui se fiche pas mal, probablement, de l'accueil d'un tel album finalement inqualifiable.

L'américain installé à Berlin depuis quelques années semble se tourner, dorénavant, vers les collaborations et les productions d'albums pour les autres. Sans doute un moyen plus supportable pour continuer à animer le grand cirque du rock'n'roll – il passe toujours beaucoup de temps sur le côté droit de la scène, en retrait ; un moyen plus sain aussi !

photo de Eric D-Toorop
le 19/09/2015

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025
  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025