The Cutthroats 9 - Dissent

Chronique CD album (26:10)

chronique The Cutthroats 9 - Dissent

Avec sept albums étalés sur plus de vingt piges, Unsane est une figure incontournable du noise hardcore new yorkais depuis un sacré bout de temps. La question que l’on peut néanmoins se poser avec le recul  que l’on a en 2014 sur la discographie du groupe reste néanmoins celle de la constance. Oui, le merdier de la bande a Spencer n’a que très peu changé au fil des décennies et oui, la rugosité, la rage et la colère n’ont pas faibli durant tout ce temps. Mais si les derniers disques d’Unsane restent reconnaissables entre mille, bien écrits et toujours aussi percutants, on peut aussi remarquer que la machine s’est peut être enrayée un chouilla. Si Visqueen, Blood Run et Wreck (dernier en date et malheureusement, le moins fameux des trois) restent de très bon disque, difficile tout de même de les trouver aussi percutants que Scattered, Smothered & Covered ou encore Occupational Hazard.

 

On peut d’ailleurs interpréter le Pigs de Dave Curran, sorti l'année dernière, comme une espèce de manière de remettre les pendules à l’heure en bombardant un noise plus frontal et plus efficace. Merci à lui.

 

Et voilà que c’est au tour de Spencer de renouer avec son backing band californien,  The Cutthroats 9 (sans Dave Curran pour le coup). Merci à lui aussi.

 

Alors, pour la faire rapide, Dissent, c’est sept titres simples, bluesy, rugueux, surplombés par les phrasés emblématiques du père Spencer. On est en terrain ultra connu et on pourrait presque se demander quel intérêt il peut bien y avoir à avoir un backing band si c’est pour faire la même musique qu’avec l’autre. Et bien la réponse est très simple ma petite dame : là où les deux (voire trois) derniers Unsane pouvaient paraître un peu trop produits, téléphonés, exagérément sombres ou que sais-je encore, Dissent renoue avec le blues primal des vieux albums. Les breaks et l’usage fréquent de l’harmonica nous rappellent Scattered, Smothered & Covered, les bavardages de guitares répondant au chant nous rappellent quant à eux Occupational Hazard. Je ne parle même pas de la guitare slide omniprésente, tant dans les chansons que sur l’ (horrible)  cover du disque. Rien de neuf sous le soleil mais putain que c’est bon… à peu près aussi bon que retrouver un bon vieux pote à l’occasion d’une cuite dantesque : les vieux reflexes, les sempiternels souvenirs, les accolades viriles, tout le merdier quoi. Point de nostalgie mal placée ici. Pas d’hommage, pas de réinterprétation. Les mecs font ce qu’ils savent faire sans dévier une seconde du sentier boueux qu’ils ont choisi d’emprunter depuis le début, jusqu’au titre conclusif, désabusé et cafardeux.

 

S’il est un disque qui peut encore nous donner l’impression qu’on a pas vieilli depuis au moins dix piges, c’est celui là, sans la moindre hésitation. Ultra jouissif et bien moins cher qu’un traitement anit-âge.

photo de Swarm
le 29/09/2014

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