The Drones - The Miller's Daughter
Chronique CD album (54:02)

- Style
Punk-Blues - Label(s)
Bang! records. - Sortie
2005
écouter "The Miller's Daughter"
Voilà le troisième album de The Drones, paru en 2005 après Here Come The Lies et Wait Long By The River And The Bodies Of Your Ennemies Will Float By.
Et c'est un assemblage de bouts putréfiés tirés des sessions des deux premiers et de quelques 45T dispersés.
Et c'est au versant le plus Punk-Blues de la créature que nous sommes ici confrontés.
Tout au long de ce disque conséquent, on sera témoin d'une sempiternelle perte de contrôle imminente, sans jamais qu'elle n'arrive vraiment totalement. Les morceaux dérapent et explosent dans des bouffées d'adrénaline délirantes, bondissant de la route avec les enjoliveurs qui jaillissent dans les bas-côtés, puis c'est leurs silhouettes squelettiques à ces quatre zigues qui se détachent de la fumée de quelque bas-fonds, avec ce chant et ces guitares qui semblent totalement ivres. Ivres d'alcool, de colère, de passion ou... d'autre chose.
Et la fille des Miller danse avec les garçons.
Comment chanter juste et faux en même temps ? Prenez des notes avec, tenez, ''I Believe'' par exemple. Chanter juste ? Ou chanter faux ? Moi je me pique de le savoir, ce que je veux c'est le brio ! Ahahah !
Ah quand je parlais d'ivresse...
''I believe / In a love supreme / I'm down on my knees […] God in the cure and God in the disease'', chanson basée sur ''le morceau du même nom d'Alan Vega, le ''Love Supreme'' de Coltrane, une chanson de Blind Willie Johnson dont je n'arrive pas à me rappeler et quelques lignes que se chantait un mec à lui-même dans la rue'', selon le principal intéressé.
Un Blues saoul de toute beauté, qui fait VRAIMENT honneur aux vieux héros déchus tout Noirs du Delta, de Chicago ou d'ailleurs d'ailleurs.
Ah qu'est-ce que le Blues-Rock peut me faire chier, putain, avec toujours ces mêmes rengaines, ces mêmes accords, ce son tout propre qui pue en réalité, et ces compos sans aucune personnalité, ou alors trop bien cintrée, bien sous tout rapport. Bordel, ça fait du bien d'écouter du bon BLUES, nom de Dieu, ou même, j'ose, du bon BLUES-ROCK. Na ! On n'est pas obligé de refaire son petit Stevie Ray Vaughan illustré le doigt sur la couture, ou de jouer son truc bien à l'Américaine flonflon, totalement ringard en réalité !
- Ohé Gep réveille-toi, tu sais où tu es ?, t'es sur Core And Co, mec, tout le monde s'en fout du Blues-Rock et des clones surfaits de Stevie, réveille-toi, ce n'était qu'un mauvais rêve, réveille-toi ! -
HA ! Ah oui...
Là, on cause donc de quelque chose de vraiment sombre, qui sent les tripes et la mauvaise vie, pour de vrai. C'est pas un petit cachet sucré à sucer, hein, tranquille dans son canapé avec de la musique qui fait plaisir à belle-môman, hein. Gareth Liddiard, le gratteux-chanteur notait à ce propos qu'il était la plupart du temps bourré et crevé de fatigue à force de jouer et rejouer les morceaux dans le studio, la plupart de ce que vous entendrez sur ce disque et les deux précédents étant enregistré live dans la boîte. D'ailleurs, on entend bien quand la bande s'arrête vers la fin de ''The City'', y'a une pause, z'ont changé la bobine et c'est reparti pour un petit tour noisy final. La magie du studio à l'ancienne.
Magie d'internet pas du tout à l'ancienne, j'ai vu il y a peu qu'il existe une édition (celle de 2014, pas celle que j'ai de 2005) où y'a un morceau en plus, qui s'appelle ''Well, well, well'' (de John Lennon, ah bon...) !? Ben mince alors, je l'écoute !, je la connaissais pas !
Je reviens vers vous dans cinq minutes... 4:30 pour être précis.
Ah c'est marrant, elle commence un peu comme une presque-parodie de Blues cradingue... pis ça explose d'un coup, well, well, well, ah elle est cool ! Plutôt drôle en fait, avec ce cliché du couple grosse caisse/basse débilitant qui marque tous les temps comme un gros pied qui tape la mesure.
Grosses grosses grattes bourbeuses. C'est pour ça qu'il vaut mieux parler de Blues-Punk que de Blues-Rock finalement... Mais vous comprendrez tout de suite en écoutant.
Eh bah je suis content d'avoir découvert cette piste supplémentaire, ce qui fait du coup un couple parfait avec le morceau d'après, le meilleur titre de chanson du monde :''She Had An Abortion That She Made Me Pay For'', bien déglingué et boueux aussi.
C'est étrange, tout ça sonne bien moins ''Neil Young sous speed'' (Gep copyright, mec, OK?) que Wait Long By The River... Gareth expliquait au sujet de cette compil de rejets qu'ils avaient bossé sur une grosse quantité de morceaux pour leurs deux premiers albums et presque tout enregistré. Et enregistré live, j'insiste car la conséquence pour la sélection ''alors sur l'album ou pas sur l'album ?'', ça s'arrêtait souvent à ''ah me suis un peu gouré dans les paroles sur celle-là, alors on la garde pas'' et point. Et on confirme que ces morceaux non retenus ne sont pas du tout d'une qualité moindre (ah bon il s'est gouré quelque part ? On n'est pas au courant, nous...).
Chargé à bloc, ce disque. Il y a une authentique pesanteur émotionnelle, ouais. ''Henry Ford'' est une de ces ballades maudites qui ne pourrait pas laisser indifférent. Et ces jeux de gratte, c'est quelque chose... on n'est jamais loin du traditionnel, voire de la Country de déglingués du cerveau, ou pas tant que ça (''Stop Dreaming'' et son air de chanson triste de balluche), mais tout est tellement surinterprété, passé à la moulinette de fleurs de peau, que ça en devient du grand art, de l'huile essentielle. Ce qui n'exclut pas un petit côté bœuf (j'ai pas dit beauf, hein), mais qui a son charme. D'ailleurs ''Henry Ford'' s'arrête bizarrement, "oh c'est bon, hein, tout a été dit".
En fait je crois même que je préfère ce disque à Wait long... Plus fou, plus sale. Après, ici y'a pas un tube formidable comme ''Sharkfin Blues'' ou un morceau-fleuve traumatisant comme ''Locust'' (allez écouter, bordel, et ce solo de violon dans ''Locust'', au nom de Zeus!!!!), juste une bonne dose de destruction jouissive (oh putain, ''Slammin' On the Brakes''!!!). Mais bon, c'est pas une compèt' non plus, hein. Pis j'ai pas encore écouté le premier, Here Come The Lies, c'est pas étonnant, j'ai plus le temps d'écouter de la musique. D'ailleurs je fais semblant de savoir de quoi je parle, là, alors qu'en fait je vous raconte n’importe quoi depuis le début, depuis toujours, moi la musique j'aime pas trop ça.
(machine à rires)
Ah foutre !, la fuzz-wha qui arrive à la fin des quatre premières minutes de la Fille Miller, comme elle fait mal, ahah, puté !
La fille des Miller, elle danse avec les garçons : ''Elle a des yeux qui étouffent dans sa tête / Comme le bout filtre des cigarettes / Elle est grande comme une potence, potentesque / Est habillée de la même couleur que ton dernier coucher de soleil / Suffisamment proche pour t'effrayer / Distante comme la chaise électrique'', ''the pine box blonde bitch Beelzebub''.
Sorry, something's been probably lost in translation !
D'ailleurs comment traduiriez-vous ça, vous : « She got eyes choking in her head / Like the stub end of cigarettes / Tall as a gallows... gallowesque » ???
J'osais dire quoi, juste avant? Qu'il n'y avait pas ici de morceau-fleuve traumatisant comme ''Locust'' sur l'album précédent?
Bah le voilà.
LA voilà, la Fille des Miller.
Quoique, ''I Believe'', y s'pose là aussi.
Gnnn... Qu'on me r'donne une 3 MONTS !!!
Où en étais-je ?
Arf, c'est qu'on titube pendant tout le disque, on titube et on se prend de grandes mandales en travers de la tronche, t'as beau te mettre debout sur les freins, la carriole est lancée, plus rien ne pourra l'arrêter jusqu'au crash final.
Sinon, l'ancienne pochette est pas mal, on dirait l'affiche d'un film d'Antonioni ou je sais pas... mais j'aime peut-être plus celle avec Fiona, édition vinyle de 2014 avec le morceau bonus, là :
Bah, ça fait plus, la fille des Miller, c'est ELLE. C'est plus marrant, mais bon.
C'est pas des pochettes incroyables quoiqu'il en soit. Mais bon on s'en fout un peu des pochettes, non ?
Quand vous écouterez ça, ça sera le cas.
Un jour je vous parlerai peut-être du pire album de The Drones, Feelin Kinda Free, qui est pourtant un disque fabuleux quand-même, parfait chaînon menant à ce que certains feront ensuite avec Tropical Fuck Storm.
En attendant, continuez le cauchemar, essayez d’attraper un bout de jarretelles de la fille des Miller, ''elles sont entortillées dans ses jambes comme des toiles d'araignée''.
Vous la voyez ?? Elle danse avec les garçons !
N.B. : je profite de l'occasion pour vous inviter à lire la chronique par le sympathique Dan Luscombe, « The Guitar Player » comme il aime se nommer lui-même, de leur tournée européenne de 2007 en 48 dates (sur les 53 prévues), absolument terrifiante en un sens pour qui n'a pas encore sauté le pas pour partir plus de trois jours de chez lui afin de faire LE ROCK.
Ici (pour les anglophones, sorry!) :
http://dronesdiary.blogspot.com/
Il y met un humour savoureux (humour plus précisément salvateur dans pareilles circonstances, j'imagine...), et on voit bien les soucis que peut rencontrer un groupe quand il ne voyage pas en « entreprise », avec un tour-bus, un vrai tourneur pro et compagnie. La vie, la vraie, la dure. Perso, le plus longtemps que je suis parti, ça devait être huit jours, et je peux vous dire qu'avec les mauvaises graines d'alcooliques que nous sommes... putain, c'est pas de tout repos ! Mais c'est toujours, une sacrée histoire...
Et pour finir : achetez leurs disques et ceux de Tropical Fuck Storm, Fiona Kitschin souffrant actuellement d'un bon salopard de crabe du sein, ça leur fera pas de mal ! Allez, partons sur une captation d'un concert bien intense de cette époque, ici :
8 COMMENTAIRES
Pingouins le 24/09/2023 à 17:30:28
*Mic drop*
cglaume le 24/09/2023 à 19:02:17
« Chanter juste ? Ou chanter faux ? Moi je me pique de le savoir, ce que je veux c'est le brio ! »
Non mais ho 🤣🤣
el gep le 25/09/2023 à 10:49:01
C'est vrai qu'une espèce de mash-up Dutronc/Big Soul, ben... ça pique.
Désolé pour ça (même pas vrai, même pas en rêve, ha!).
Freaks le 26/09/2023 à 04:25:40
AArrgghh The Drones.. Charisme et brio! Avec en tête de gondole Gareth Liddiard qui emmène avec son chant fiévreux et sa sauvagerie à la guitare le groupe très très loin.. Désolé pour la redite mais merci Gepeto pour la découverte et la nostalgie (positive) dans laquelle je replonge ;)
Freaks le 26/09/2023 à 04:29:00
fièvreux en vrai c'est très réducteur car il peut être d'une sensualité désarmante aussi.. J'adore ce groupe/chanteur.. Failli les voirs, suis deg!
el gep le 26/09/2023 à 20:50:35
On pourra pas risquer de les revoir tout de suite - les TFS en tous cas, passssque les Drones, encore moins possible, ahah - le crabe de Fiona nécessite plus de soins que prévus donc... encore des tournées annulées ou plutôt non programmées.
Ce qui veut dire: plus de thunes ! Tintin !
Z'ont fait un appel aux dons pour survivre ou payer une partie des soins. Ça a bien marché, on dirait, tant mieux pour eux. Faut dire qu'ils ont laissé des gens heureux partout où ils ont joué, ahha, ça aide...
Australie, beau pays, mais z'ont ni la sécu ni l'intermittence, là-bas...
el gep le 30/09/2023 à 12:14:49
Ben tiens un cool interview tout récent de gareth:
https://post-trash.com/news/2023/9/27/gareth-liddiard-tropical-fuck-storm-springtime-the-drones-takes-stock-feature-interview?fbclid=IwAR1qn4z391jWzIkvqutu1mRT8XE65ERgDmYoBA_F6c_bj0qNiDvfWcimY9Y
Son seul souci, c'est qu'il est trop court.
Freaks le 06/10/2023 à 20:48:58
Relou ces crabes! L'Australie est un pays vraiment craignos socialement... J'espère que ça ira mieux pour Fiona... Et que le groupe survivra...
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