Tētēma - Geocidal

Chronique CD album (38:39)

chronique Tētēma - Geocidal

Geocidal, le nouvel et premier album de tētēma (...oui parce qu’ils veulent qu’on l’écrive tout en minuscules. Va savoir Charles...) illustre très bien le fossé qui sépare metal expérimental (ou « avant-garde metal » si vous préférez) et nawak metal. Là où le second – en bon fils de papa Fusion et de maman MoveYourBody metal qu’il est – vous prend par la main pour gesticuler joyeusement sur des airs de samba, des guitares funky et des blagues de Toto, le 1er reste dans sa bulle autiste, engoncé dans un costume 3 pièces trop serré qui le gêne dans sa progression exploratrice parmi les noirs couloirs de Bedlam. Ce nouveau projet de Mike Patton, conçu par-delà les continents avec le pianiste/compositeur iconoclaste Anthony Pateras (…rien à voir avec l’acteur de « Desperado »), fait clairement parti de ces entités / savants fous qui remplissent leurs éprouvettes de sons et bruits, et mélangent le tout au petit bonheur, aboutissant occasionnellement sur des choses intéressantes, voire agréables, mais nous explosant plus souvent encore la pipette et l’alambic pour tâcher notre système auriculo-nerveux de tout plein de sensations bizarres.

 

M’enfin je vous balance « metal expérimental » comme ça, mais en fait on est plus dans la « musique expérimentale », même si les vocaux hallucinés de Mr Patton, certaines rythmiques frénétiques et un gros versant noise/indus nous laissent souvent en terrain (presque) connu. Pour être encore plus précis – bien que ça ne soit pas aisé avec ce gros paquet de 38 minutes – il faut dire que si Geocidal est certes complètement atypique, c’est quand même dans le contexte d’une musique où rythmique et tension psychologique jouent un rôle central, ce squelette fondateur étant par la suite recouvert d’influences tribales, de musique concrète et d’agression indus/noisy. La dimension tribale est sans doute l'aspect qui offre parmi les instants les plus agréables et accrocheurs de l’album, notamment via la fraîcheur amazonienne de « Irundi », les Toutoutout-Carné chaloupés de la jungle « Tenz » et le nettement moins détendu mais captivant « Pure War ». Dans un registre plus Faith No Moresque  – quoique progressant en équilibre précaire dans un univers sonore grésillant  – « Kid Has Got The Bomb » est également très sympa. Reste « The Hell Of Now » qui évolue entre noise rock tendu et plages attentistes sans grande valeur ajoutée.

 

…Et là on a fait le tour de ce qui était appréciable en l’état par le commun de mortels (...enfin de mortels capables de s’envoyer sans brocher Disco Volante, Delìrium Còrdia et tout Zorn sans brocher. Si si: tel est le ticket d’entrée minimal!)

 

En ce qui concerne les morceaux non encore explicitement cités, il s’agit soit d’interludes – pas forcément insupportables, mais pas non plus musicaux – soit de pièces minimalistes façon « B.O. horrifique » où l’auditeur guette les chapelets de notes sporadiquement lâchés par un piano glacé, les délires d’un saxo strident, les émanations sourdes d’une flûte peu vendeuse et les divagations vocales du psychopathe de service, pour un résultat plus figé et plus frustrant encore que le moins vivace des morceaux de doom/drone. Bienvenu dans un monde où la brosse métallique fait des aller-retours sur le tableau noir, et où les ambiances délicatement malsaines et les frémissements furtifs prennent autant si ce n’est plus de place que ce que l’on appelle communément « musique ».

 

Gloups.

 

En conclusion, même en faisant une sélection aux petits oignons, c’est mort: vous ne pourrez placer aucun de ces morceaux sur la playlist du mariage de la cousine Henriette. Seuls les moins orthodoxes – ou les plus masos – des fans du grand Mike reviendront régulièrement vers ce laboratoire pas forcément très accueillant qu’est Geocidal.  

 

‘m’en vais me réécouter le dernier Secret Chiefs 3 plutôt moi tiens…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: pour apprécier Geocidal, il faut être ceinture noire en Pattonophilie et s’écouter Disco Volante et Delìrium Còrdia tous les matins au petit déjeuner. Parce que ces expérimentations noisy, tribales et lugubres ne sont clairement pas à mettre entre toutes les oreilles. 

photo de Cglaume
le 20/01/2015

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