Ukandanz - EP 2014

Dur et Doux, le collectif lyonnais: ça vous parle? Une belle bande de barjots ma foi. Pas foncièrement metal, ça non. Mais rock, ça oui. Et barrés, carrément. C’est grâce à eux que vous aurez (peut-être) croisé en ces colonnes les noms de Ni, Brice et sa Pute, PoiL – et très bientôt Chromb!. Et c’est contre eux que Pidji, notre boss adoré, a récemment pesté quand je lui ai demandé de rajouter le drapeau éthiopien – qui manquait au catalogue CoreAndCo –, afin de créer la page du groupe uKanDanZ. Quoique le drapeau lyonnais aurait également pu faire l’affaire, le groupe étant éclaté entre ces 2 contrées exotiques du Grand Sud (…sors de ce corps, vil parigot!). M’enfin connaissant Pidji, il aurait également renâclé à insérer le drapeau lyonnais (si, ça existe: tiens) dans la base du site. Donc pas de regrets...

« uKanDanz tu dis? Késako? »

Eh bien c’est un groupe singulier qui, grossal-modal (puisque singulier), combine math-rock, saxo et prestation vocale sentant bon les fins de soirées dans les bars d'Addis-Abeba. Sur le 1^er morceau, « Lantchi Biyé », l’auditeur est accueilli par un riff cyclique, lancinant et distordu, porté par une rythmique brinquebalante, et accompagné par un saxo qui, d'emblée, interdit toute velléité d'escapade du côté du registre « inconfort maladif & poil à gratter pendulaire ». Parce que t’as beau l’entortillonner tant que tu peux ou veux, un saxo ça reste tout chaud, tout ronflant. Puis une parenthèse délicate taillée sur mesure se découpe soudain dans la trame musicale, laissant le champ libre à Asnake, dont le chant – avec un T cette fois – se déploie, tous trémolos dehors, avec la grâce du serpent hypnotisé par la mélopée du pungi. Mais il ne faut pas longtemps pour que la litanie afro-[para]disiaque se colore d’une teinte rock pleine d’énergie gouailleuse. Insidieusement envoûté par ce groove indolent autant qu'exotique, mais néanmoins titillé tout à tour par le saxo et les incantations d’Asnake, l’auditeur se prend à se demander si on ne lui aurait pas mis un peu de poudre-qui-fait-rire dans le taboulé qu’il s’est envoyé au déjeuner.

Sur « Endè Iyèrusalém », le titre suivant, uKanDanZ confirme son amour pour les rythmiques fuyantes et déséquilibrées, mais pourtant moelleusement groovy. Le chant se fait à nouveau plus coloré, moins rock. Le duo guitare / saxo dessine des volutes que nos cigarettes – même euphorisantes – ne sauraient décemment reproduire. On vogue à la limite de l’inconfort, de la chute dans le trip musicalo-hypnotique, tout en restant toujours à flot grâce aux milles petits coups d’aiguillon d’une musique fraîche et dynamique.

Finalement ça ne coûte pas si cher que ça de se faire un trip psychotrope inédit dans un pays loin-tout-là-bas: 2 titres, un EP, et c’est garanti satisfait-ou-satisfait (quelle autre option?). Si vous êtes fans des groupes chtarbés cités plus haut (surtout les math-rockeux), voire même d’Ultra Zook (sur le label duquel Yetchalal, le précédent album du groupe, était sorti), d’espaces lointains (notamment est-africains!) et d’expériences sensorielles inédites, envoyez-vous tout ça via le player situé à votre gauche. Et en attendant d'être fort aise à l'écoute du nouvel album, prévu pour le printemps 2015, il n’est pas interdit de danzer maintenant...

La chronique, version courte: avez-vous déjà plané à dos de saxo au son d’un math-rock virevoltant dans le ciel éthiopien, sans aucun nuage autre que ceux imbibant votre cerveau de substances farceuses? Non? Essayez donc les 2 titres de cet EP de uKanDanZ. Garanti sans bad trip.

Cglaume

le 11/12/2014