Senmuth - Tskhigii

Il est temps pour moi de vous parler du musicien russe Valery Androsov, plus connu sous le pseudonyme Senmuth, un artiste à la carrière assez incroyable. Sous ce nom, sort son premier album en 2004 et depuis il ne s'est pas arrêté pour atteindre à l'heure où j'écris ses lignes le chiffre faramineux de 201 sorties, singles et best-of inclus. Toutes publiées au format digital, elles sont le fruit quasi exclusif de l'artiste, ne faisant appel à des musiciens extérieurs qu'en de très rares occasions. Et cela ne l'empêche nullement d'être plus ou moins actif au sein d'au moins quatre autres projets. Le musicien qualifie sa musique d'Egyptian Dark Industrial Ethno Music. Selon ses dires «  Je ne peux pas travailler sur de longs projets car je perds mon intérêt... la plupart des meilleurs projets sont donc réalisés rapidement, parfois spontanément, de manière inattendue!  »

Tskhigii, qui nous intéresse aujourd'hui porte le numéro 172 et a été publié au début de cette année. Même si je n'ai pas écouté l'ensemble des albums, je jette régulièrement aux dernières sorties un œil, puis une oreille si le premier a repéré une description qui retient mon attention. Cette fois-ci Senmuth a dégainé le mot magique  : «  avant-garde  ». Et comme d'habitude, il laisse également une grande place à sa passion première  : l’Égypte ancienne, au travers d'arrangements moyen-orientaux à grands renforts d'instruments traditionnels. Après s'être frotté au dubstep, voilà donc une voie explorée par le musicien russe.

Si vous recherchez un son naturel et analogique, passez tout de suite votre chemin. Même si elle est entièrement enregistrée et produite par Valery Androsov, y compris les orchestrations ethniques, la musique ne sonne pas complètement synthétique, un gros effort est fait pour rendre l'ensemble le moins artificiel possible. On est loin du premier album de djent enregistré tout seul dans sa chambre par un geek boutonneux découvrant son logiciel de MAO. La plupart du temps, les albums sont entièrement instrumentaux, et c'est une nouvelle fois le cas pour Tskhgii.

Si vous recherchez de l'avant-garde tendance nawak, vous pouvez aussi passer votre chemin. Point de dérapages incontrôlés ici, les structures sont rigoureuses et le côté avant-gardiste ne s'exprime que par des bidouillages électroniques, un raffinement et une certaine originalité dans les arrangements. A vrai dire, on est plus proche du progressif (acception rock prog 70's à la Pink Floyd) que les enflammes world-metal du dernier Solefald. Les morceaux prennent leur temps pour se mettre en place avec toujours ces ambiances moyen-orientales chères à Senmuth, avec cette fois-ci également une teinte western, presque omniprésente mais légère, excepté pour "Ha'nti" qui semble échappé d'une B.-O. d'Ennio Morricone. Niveau riffs, on est dans du très classique dans l'univers du musicien, à savoir un mélange entre le Rammstein première période et le Samaël era 1995-2005, mixé à une petite dose de The Kovenant (c'est quand vous voulez les gars!). Enrobés dans les orchestrations sus-mentionnées, ils concoctent un mélange original, à défaut d'être réellement avant-gardiste.

En conclusion, je regretterais l'importance prise par les morceaux non metal (3 sur 6 tout de même) et préférerais vous orienter sur l'écoute de Себек et RXG-242-11, comme tout le reste de la discographie du groupe en téléchargement gratuit.

Xuaterc

le 14/09/2015