Ur Draugr - The Wretched Ascetic

Chronique CD album (20mn)

chronique Ur Draugr - The Wretched Ascetic

« Mon bien, mon précieux... Mon bien, mon précieux... Mon bien, mon précieux... »

 

Putain d'anneau, regarde un peu ce que tu fais faire. Un orc viril et musculeux couinant de sa grosse voix des « Ur Draugr, Ur Draugr, Ur Draugr » à toutes les sauces se voit réduit au statut de gnome anorexique obsessionnel qui doit nourrir son estomac bagué à grands coups de crânes éthérés se planquant entre les racines des arbres. Triste destin.

 

Aussi terne que cette pochette qui aura de quoi diviser. Est-elle belle ? Ou tout simplement hideuse ? Je reste partagée. En tout cas, la seule chose de sûr, c'est qu'elle m'a intriguée et m'intrigue toujours. C'est que pour s'intéresser à un simple EP 3 titres, premières armes d'un groupe nouvellement venu, il fallait bien un point de départ.

 

Et quand bien même il semble que le combo ait bouffé un peu de Tolkien en chemin, ce n'est nullement des terres néo-zélandaises qu'ils proviennent mais bel et bien d'Australie. Et musicalement, ce n'est pas non plus du Howard Shore qui a été condensé dans le biberon de ces trois zigotos mais bel et bien du Opeth. Mais pas n'importe lequel, le vieux Opeth, fait de death et d'atmosphères. Les nostalgiques qui ne se sont pas remis du virage musical opéré par Mikael Akerfeldt et sa bande depuis quelques années devraient être aux anges.

 

Surtout que dans son style, Ur Draugr a bien potassé ses leçons pour livrer une belle défriche du style de ses maîtres. Même si le trio est loin d'être un simple copieur tant il n'hésite pas à étoffer ses dire d'un soupçon de Gojira et de Enslaved dans la distillation d'ambiance tout en progression. Même si encore une fois, c'est bel et bien vers les débuts discographiques d'Opeth qu'on pensera, notamment via les passages acoustiques tout en mélancolie et élégance et certaines mimiques du chant death de Drew Griffiths (Basse/Guitare/Chant) faisant penser à la marque d'Akerfeldt de jadis. On retrouve donc là, un combo marqué au fer rouge tentant toutefois de se dépatouiller de sa principale influence afin de proposer sa propre sauce.

 

Et à l'écoute de The Wretched Ascetic, ça fonctionne fort bien. Les Australiens ajoutent du progressif à leur death atmosphérique avec un talent certain. Si bien que les deux premiers titres « Unseen Golgotha » et surtout le titre éponyme dépassant quand même la barre des dix minutes passent comme une lettre à la poste sans même qu'on ne sente les minutes, voire les secondes passer. C'est bien simple, Ur Draugr semble avoir ce doigté pour transformer ce qu'il le touche en puissance au travers d'une sensibilité distinguée. Du long de ces deux titres, ça valdingue entre passages purement death à des moments atmosphériques entravés, le tout bien arrangé, bien amené. Les rythmes varient, tantôt prévisibles tantôt sournois. Les guitares grondent de noirceur tandis que la batterie s'amuse à de belles cavalcades.

 

C'est d'ailleurs sur ce point précis que le bât blesse un peu. Ça tape dans tous les sens, ça roule du tom, ça déstructure du charlet et vraiment, on sent que Dan Grainger aux fûts est très loin d'être un manchot dans son domaine. Et si dans les trois quarts du temps, cette dimension percussive épique convainc et laisse plutôt baba d'une telle maîtrise technique, il y a parfois des moments où Ur Draugr essaye de trop en faire dans ses tendances lorgnant vers la déstructuration. S'ensuit un certain malaise d'avoir affaire à des plans brouillons et approximatifs qui s'inscrivent fort heureusement dans le domaine du ponctuel. On zappe donc rapidement et on se concentre de nouveau sur les ambiances, se délectant de cette volonté de peindre une certaine beauté dans l'obscurité. Et en cela, Ur Draugr, bien loin de se montrer aussi vilain que la créature de sa jaquette, nous achève avec le court « Sombre Moribund » qui nous pose là où l'EP démarrait dans l'introduction de « Unseen Golgotha » : de l'acoustique fort inspiré, une sombre clarté que l'on aurait placé dans une boîte de velours.

 

En à peine une vingtaine de minutes, The Wretched Ascetic remplit son contrat : montrer que ses géniteurs, malgré la maladresse de leur jeunesse, ont quand même un putain de potentiel. Qui mérite d'être creuser via un album complet. Qui devrait arriver au cours de cette année justement. Décidément, Ur Draugr va vite en besogne mais ça n'empêche pas moins qu'on soit pressé et curieux de voir ce qu'il a vraiment dans le bide. 

photo de Margoth
le 26/02/2015

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 26/02/2015 à 14:49:33

En effet, aux premières écoutes, c'est Opeth qui saute aux oreilles. Je vais creuser encore un peu, mais la fin de l'EP, trop atmosphérique, ne m'emballe pas des masses...

pidji

pidji le 26/02/2015 à 15:48:18

J'avoue avoir bien apprécié l'écoute, mais je n'ai pas assez de recul pour avoir un avis franc ^^

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 26/02/2015 à 18:25:57

rien que les titres des morceaux, ça ressemble à des noms de groupe... prometteur ^^

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