Utarm - Concrete God of the Scorched Earth

Un peu comme Jeff Grimal, Sindre Foss Skancke (SfS), l'homme derrière Utarm, est connu à la fois pour son activité en tant que graphiste au trait si particulier,

mais aussi pour son implication dans le domaine de la musique. Outre le groupe qui nous intéresse aujourd'hui, il a aussi œuvré chez Noisestar And The Fall Of Rome, Himeriksskvadronen ou Gribberiket, etc. Depuis ses débuts en 2004, Utarm est devenu une référence dans le domaine du Black Drone Noise, caractérisé par l'utilisation de basses fréquences, de textures granulaires et de distorsions extrêmes pour provoquer des sensations émotionnelles intenses. Sindre Foss Skancke reste rivé à ce genre comme un guitariste de post-rock à son rack de pédales d'effets.

Concrete God of the Scorched Earth méritait plus l'appellation de grimoire que d'album, tant les deux titres qui le composent, d'une durée de 23 et 24 minutes, semblent irréels et enregistrés pour l'invocation d'entités stellaires et millénaires, toutes droit sorties du cerveau de Lovecraft, à la fois au centre de l'univers et au plus profond de la psyché malade du professeur Lake de Miskatonic. Hormis la batterie, confiée à ChL d'Ævegårdsjuvet, Sindre Foss Skancke s'est chargé de tous les aspects musicaux entre 2018 et 2019. Ces délais ne sont en aucun cas gênants, car Concrete God of the Scorched Earth échappe aux tendances contemporaines, s'inscrivant hors du temps et des conventions actuelles.

Cette approche hors normes se reflète aussi dans l'alliage sonore proposé : les textures Drone se mêlent au riffing Black-metal et aux hurlements Harsh pour former une « musique » terrifiante et malsaine, en droite ligne de l'univers visuel de SfS. Ses cauchemars prennent forme, en musique ou en peinture, les règles et les codes ne sont là que pour remplir cette mission, qui semble nécessaire pour l'artiste — un moyen de débarrasser son esprit d'une noirceur qui le consume petit à petit. « Vous qui entrez, abandonnez toute espérance », toute sanité, toute pitié.

Concrete God of the Scorched Earth n'a pas été écrit ou composé, au sens musical originel des termes, mais expulsé, sorti aux forceps. Il propose une aventure sonore unique, dramatique et hors du commun. Malgré tous ces aspects iconoclastes, les deux titres maintiennent une cohérence étonnante, offrant une plongée hallucinée et sans retour dans les ténèbres insondables de l'âme humaine.

Xuaterc

le 05/02/2025