Kalpa - A Grand Misconception

Chronique CD album (24:35)

chronique Kalpa - A Grand Misconception

Je préfère prévenir tout le monde dès le début : attention, cette chronique va être la fête du « tu veux une référence de groupe ? En voici une en voici deux en voilà d'autres », ce que l'on appelle plus communément un bon vieux name dropping, – auquel j'ajouterais volontiers le qualificatif « des familles » qui fait toujours bonne mesure – comme autant d'ingrédients. Et pour cause, sur ce A Grand Misconception, leur premier long format, les Athéniens de Kalpa invoquent bon nombre de fantômes présents ou passés, chaque morceau combinant des entités différentes, des associations diverses, et le tout – excusez du peu – en gardant une cohérence d'ensemble, pour un album redoutable d'efficacité. Ou alors c'est encore moi qui suis bon public, il faut dire que j'ai de l'appétit pour ce genre de musique, notamment quand c'est bien fait.

 

Pour la jouer courte, disons que le dénominateur commun a tout les morceaux, ce qui sert d'ossature au groupe, navigue dans quelque chose pas loin du blackened hardcore. A partir de ça surgisse toutes sortes d'excroissances, qui parfois s'entrecroisent entre elles, et dont les principales branches seront composées de hardcore chaotique, de screamo et de post-hardcore, mais avec des bourgeons ici stoner, là groovy. Tout ça fait qu'ils ont déjà pu jouer sur scène avec des groupes tels que Pupil Slicer ou Arboricidio, ce qui donne déjà un peu une idée de ce que les Héllènes ont à proposer ici.

 

Le premier morceau (« Cross Section ») est déjà tout un poème, appelons-le même Odyssée : si l'on est propulsé dès les premières secondes sur cette base de blackened hardcore agressif, de type du récent Cross Bringer mais en plus lent, les structures sont changeantes, avec des plans à la Vision of Disorder ou tous ces groupes de hardcore chaotique du tournant des années 2000. On est pas dans le d-beat de base, quoi, et ce premier morceau suffit déjà à retenir l'attention des amateurs et amatrices de ce genre de gourmandises sucrées-salées avec supplément tarte dans la tronche.

 

Ces influences de début de millénaire, on les retrouvera plus loin, dans le groove dissonant Botchisant de la troisième piste (« It's not always about you ») ou de la sixième (« Open Parties, Empty Streets »). Mais chacune de ces deux pistes est pleine d'autres surprises : des guitares et breaks plus postcore dans les deux cas, des airs de screamo pour la première, de End qui aurait tourné black sur la seconde.

 

Parce que ouais, les trucs hyper vénère à la End / Cult Leader, ça ne manque pas dans le quartier : sur « Bystanders », les sections rentre-dedans de « Discomfort/anxiety », le break éclate-nuques de « No Discount ». Autant dire que ça ne rigole pas, et que quand on tombe par hasard sur les quelques mesures qui constituent ces sections là, les voisins ne viendront pas frapper à la porte pour demander du sel (à la limite ils le répandront devant pour conjurer le mauvais oeil).

 

Même les sections postcore qui viennent mettre un peu de pachydermisme dans l'histoire s'intègrent bien dans tout ça, assez proche de Rosetta en plus frontal, dans l'esprit (« Discomfort/anxiety », « A Grand Misconception »).

 

On trouve aussi, au milieu de ce panier garni, des ambiances plutôt post-black, des assauts que n'auraient pas renié votre groupe de powerviolence préféré, des voix parfois plus crusty, pour un album en mille feuilles qui fera le bonheur de toute la famille. Je ne me suis pas amusé à le faire, mais compter le nombre de changement de plans sur ce disque pourrait être une bonne façon de se divertir un peu. Le petit truc qui fait tout, c'est que malgré leur prolifération, ce n'est jamais trop, tout glisse et s'encastre parfaitement, rien ne semble surfait.

 

La production et l'enregistrement de A Grand Misconception ont été faits de façon totalement DIY, à l'aide d'une douzaine de petits labels, fidèles aux inclinaisons anticapitalistes et antifascistes du groupe.

 

Bref, Kalpa mènent donc avec brio leur recette, pour une cuisson presque parfaite. Quelques moments un peu plus anecdotiques (mais qui apportent des respirations) sont bien présents, mais dans l'ensemble c'est ici un mets de choix à la table du hardcore blacko-postcorisant, plein de créativité et de rebondissements qui ne manquent pas de ravir.

 

A écouter vite et fort, une spanakopita DIY à la main, quand on a besoin d'une bonne tarte d'air méditerranéen dans les naseaux.

photo de Pingouins
le 30/11/2021

3 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 30/11/2021 à 11:08:57

Putain de gros phasage en cours sur Discomfort/anxiety.. 
Le reste viendra ensuite...;)

Pingouins

Pingouins le 30/11/2021 à 15:35:01

Eheh je savais bien qu'il y avait des trucs qui allaient te plaire là-dedans.
Perso j'aime vraiment beaucoup cet album, et j'espère bien pouvoir les voir en concert !

Pingouins

Pingouins le 05/01/2022 à 13:20:48

Je le réécoute là et putaing quelle tuerie quand même. 

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements