Voice Of Ruin - Morning wood

Chronique CD album (44:00)

chronique Voice Of Ruin - Morning wood

Ventrechoux ! Du langage de charretier en guise de tracklist ! 

Cela sied bien à des energumènes qui n'ont d'autre vocation qu'à hurler dans un micro et jouer avec des instruments inventés par Satan.

 

Où est donc passée la tempérance suisse ? 

Disparue depuis bien des lustres, tuée par des formations musicales longuement abordées à travers des chroniques sur les pages de ce webzine, vitrine musicale du Malin. Voici donc le dernier coup de pelle sur la tombe de la classe avec un groupe bien nommé pour l'occasion : Voice of ruin.

 

Avec son vocabulaire outrancier porté sur "LA chose" dans ce qu'elle a de plus sale et de vulgaire, les frontaliers offrent pour patronyme à cet album : "Morning wood" (traduction : "la trique du matin").

L'album a-t-il néanmoins les moyens de provoquer ce phénomène qui tend à transformer un ver de terre molasson coincé dans un caleçon en un piquet prenant la couette pour une toile de tente ? 

 

La réponse sera proche de l'affirmative pour beaucoup. Il faudra néanmoins remplir quelques conditions.

La première est d'apprécier ce courant dit "metalcore". 

Point de soupe à la grimace : ce n'est pas une obligation. Mais avouons que cela aidera, tant le riffing est empreint de ce style si detesté.

 

Les esprits chafouins parleront donc d'une musique limitée sans l'avoir écoutée.

Les oreilles aiguisées et curieuses diront l'inverse, car il faudra avouer que derrière la vulgarité et l'omniprésence de la sexualité, deux signes de primitivité, se cachent de fins artistes. (Si si !)

 

Le qualificatif de "fin" n'est sans doute pas le mieux choisi, le groupe arrivant avec son gros son et ses gros sabots de fermiers.

Ce "métal de fermier" (si on se base sur leur propre présentation écrite et photographique) n'a rien d'une musique de cul-terreux arrieré avec sa production propre sur elle, ses créations plus alambiquées qu'il n'y parait.

 

Bien que subsistent des clichés sans aucun doute volontaires (on parlera d'hommage ?), cachés au nom de l'humour derrière le 1er degré (on appelle ça le 2nd degré), se trouvent aussi des artifices bien classiques.

Un chant clair et un growlé, alternance ô combien connue.

Un jeu de guitares direct, agrementé de soli inspirés de modernité.

Une section rythmique, dont le fracas tambourinant, a ce côté militaire que l'on ne conchie pas lorsqu'il faut porter la bannière du métal transgenre.
Les traces d'un thrash bien groove se cachent aussi discrètement qu'un exhibitionniste derrière son imper. Ajoutez ça aux influences proches d'un hardcore qui fait l'effet d'un rouleau compresseur avec un moteur de Formule 1 sous le capot : le tournis n'est pas loin à la fin des 45 minutes. (Et ce malgré le pied sur la pédale de frein à la 9e piste : "Today will end")

 

Si la fureur est primaire, elle réclame aussi un minimum d'intelligence lorsqu'il s'agit de musique. 

Derrière le classicisme se cachent une légéreté d'esprit mais aussi de sérieux écrits. Rapide, et tout de même technique, la créativité de Voice of ruin prouve qu'au contraire d'artistes qui se prennent bien trop au sérieux, le talent se cache aussi dans le 2nd degré.
Ces hardis hardeux, véritables harders-rêvés et pseudos-agriculteurs mettent de bonne humeur avec leurs violentes ardeurs.

photo de Tookie
le 25/07/2014

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