Voice Of Ruin - Archeron

Chronique CD album (48:14)

chronique Voice Of Ruin - Archeron

L’autre jour, on discutait intolérances au lactose avec le patron. Comme je ne suis pas sujet à ces problèmes gastro-entériques, il me dit “Ben, tiens, justement, toi qui aimes bien les petits Suisses, tu voudrais pas nous chroniquer le dernier Voice Of Ruin parce que Tookie, il en a trop mangé et depuis il est passé  aux fromages à pâte cuite.” Soucieux du confort stomacal de l’ami Tookie, et comme en général, quand le patron fait des propositions, il se trompe rarement (c’est qu’il connaît bien ses ouailles), j’ai dit “benco”!

 

Je n’ai pas l’habitude de commencer en évoquant le mixage mais même les habitudes peuvent être confinées parfois. Parce que le mixage d’Archeron pour un audiophile, c’est comme du coq au vin pour un poivrot. Pourtant, Madame 8oris m’ayant emprunté mon casque, ma première écoute d’Archeron s’est faite avec un casque low-tech de marque Fony. Et pourtant, même avec du mauvais matériel d’écoute, ça sonne la mort. Pas étonnant, car avec Fredrik Nordström et Henrik Udd derrière la console, on se doute qu’on ne sera pas confronté à du travail d’amateur. Les gars ont clairement roulé, pétri et façonné leur bosse avec deux ou trois références pas très connues comme Dimmu Borgir, Bring Me the Horizon, Architects, At the Gates, Arch Enemy, Opeth. Chers Fredrik et Henrik, je m’adresse à vous: n’hésitez pas à ajouter Acheron à votre CV, il le mérite amplement. Tout est parfaitement mixé.

Les guitares sont incisives, organiques et vivantes. On ressent complètement le grain des amplis, le travail mécanique des HP qui rendent avec exactitude la moindre finesse de jeu et d’attaque des guitaristes. Sur certains leads, il y a quelques pointes de chorus du plus bel effet. Les passages clean-crunch (“Suffer - Recover”) sont dosés au nano-poil d’EQ (celui qui comprend ce jeu de mots gagnera ma considération la plus entière). La batterie: mamama, c’est du “yummy yummy in my tummy”, explosive, compressée juste ce qu’il faut. La voix n’est pas en reste et rendue parfaitement quelle que soit l’interprétation (cf. plus bas). Quant à la basse, saturée parfois et pleine de corps tout le temps (“Salem”), c'est une belle offrande à Sainte-GroßeKord.

Bref, quand Fredrik et Henrik sont dans un studio, l’album ne tombe pas à l’eau et il reste dans le bateau une œuvre idéale pour les métalodiophile.

 

Un excellent mixage mais qu’en est-il des morceaux? Eh bien, c’est tout aussi bon. Je ne connaissais pas Voice Of Ruin donc j'ai découvert le groupe avec cet album qui propose 11 pistes dans un registre death metal mélodique mais le bon, le vrai, l’hybride parfait qui chaloupe entre le death et le heavy, parfois le black (l’intro de “Salem”) mais excelle sans écart dans l’écriture mélodique. Le tout est hyper efficace (“Rotting Crows”), sans temps mort grâce à une gestion parfaite de la dynamique. Le secret des Helvètes : des passages tenus (“Salem”) et puissants, vous savez ceux qui vous font headbanguer de la casquette jusqu’aux baskets, qui alternent avec d’autres qui vous mettent la cafetière dans une centrifugeuse musicale (“Dark Waters”). Mélodiquement, c’est très riche, les leads portent la rythmique et vice versa. Heureusement, adepte du "ni trop ni trop peu", jamais le groupe ne tombe ni dans la facilité ni dans la surenchère inutile. Rythmiquement, c’est simple et groovy, parfois légèrement complexe mais juste ce qu'il faut pour surprendre l'auditeur sans le perdre. Chacune des pistes est une indéniable preuve que le groupe maîtrise aussi bien les ficelles mélodiques (solo de “Mass Grave”) que rythmiques (mention spéciale aux outros de “One way Overdose” et “Dark Waters”). Ajoutez à cela une multitude de petits gimmicks hyper satisfaisants (“Parasomnia”) qui donne à chaque morceau une touche originale malgré une patte à l'empreinte marquée et vous avez une belle leçon en matière de compositions.

La prestation vocale ne manque pas de versatilité. On enchaîne growls qui décollent le papier peint, screams qui poncent les murs, et plus sporadiquement chuchotement et/ou susurrations en mode crooner malsain. Un petit côté Guillaume Bideau de Scarve avec plus de gravier dans la voix. Et quand le groupe se plaît à quelques incursions orchestrales (“One Way Overdose”), cela décuple la puissance du morceau. Un seul, et vite oubliable, point négatif: certains morceaux finissent de façon un peu abrupte ou pas toujours très finement ("Holy Venom" et son fade-out par exemple).

 

Bref, il est doué le patron. Il a le chic pour me proposer des sacrées pépites. J’ai jeté une oreille, puis une deuxième, et je dois dire que la pépite s’avère être un joli caillou. Et c’était pas gagné, parce qu’en matière de Death Metal mélodique, je suis vraiment très très mais alors très difficile. 

 

Voice Of Ruin m’a réconcilié avec le style grâce à son Archeron et son son d’excellente facture, ses compositions travaillées, très dynamiques, à l'interprétation parfaite et aux constructions sans linéarité et sans essoufflement.

 

On aime: le son, les morceaux qui se suivent mais ne ressemblent pas, la voix versatile, les constructions très dynamiques des morceaux

On n’aime pas: les fins des morceaux parfois un peu abruptes.

photo de 8oris
le 30/04/2020

5 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 30/04/2020 à 13:46:43

Ces Suisses ne sont pas à confondre avec les Californiens de VoiceS Of Ruin ^^ !  
http://voicesofruin.bandcamp.com/album/path-to-immortality
Très bon death mélodique helvétique. Comme quoi, c'est possible malgré un marché en voie de saturation ! 

Seisachtheion

Seisachtheion le 30/04/2020 à 14:11:03

Au passage, la comparaison n'est pas flatteuse pour les 'Ricains, produits par Logan Mader. C'est bien moisi... 

Freaks

Freaks le 30/04/2020 à 14:22:46

Tiens du Death Mélo, ça va me changer de mes habitudes et puis ça faisait un bail... Et bah enthousiasme partagé ;) 
Juste cette chafouinade de rien du tout, j'trouve aussi la voix techniquement irréprochable mais un peu trop générique à mon goût. A part ça, c'est une bonne grosse dérouillée ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/04/2020 à 17:47:25

En Live, c'est bien.

cglaume

cglaume le 01/05/2020 à 10:01:57

Effectivement c'est joliment léché !!

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