Shakin' Street + Désillusion le 10/01/2019, El Camino, CAEN (14)

Shakin' Street + Désillusion (report)

C'est bon, 2018, c'est bel et bien clôturé non sans s'être bien gavé l'estomac et le foie. Et pour se remettre des abus des festivités de fin d'année et entamer 2019 du bon pied, rien ne vaut un petit concert en famille. Même si maman Margoth a préféré jouer la trahison pour les beaux yeux de Calogero qui jouait malheureusement le même soir – le bougre n'a même pas joué « Calojira » apparemment, on n'a donc pas loupé grand-chose – le paternel, en revanche, était quelque peu remonté comme un coucou suisse, se permettant la folie de ramener un cousin pour remplacer l'absente, de payer sa tournée de mousses et même la charcutaille en bonus. Et pour cause, premier concert en bar pour lui et surtout, une entité qui est très loin de lui être inconnue, puisque ce modeste petit El Camino est investi par Shakin' Street, sorte d'équivalent français à Joan Jett issu de la fin des années 70/début 80's. Un nom qui ne m'était pas forcément totalement inconnu puisque je me souviens avoir vu et entendu ce nom parmi toute la ribambelle de 45 tours d'époque planquée dans le domicile parental. Et avoir aussi entendu cette fameuse anecdote qu'il aurait littéralement fait fondre les bandes magnétiques de la cassette audio – tape trading toussa toussa – de leur album éponyme de 1980 à force de l'avoir usé jusqu'à la moelle dans la Mini Austin alors qu'il était encore dans la fleur de l'âge du début de vingtaine. En définitive : un groupe de son âge quoi. Alors, bien entendu, lorsque j'ai vu débouler l'annonce que Shakin' Street repartait en tournée nostalgique au travers des scènes puantes de sueur des troquets rock'n roll, le cadeau de Noël parental était tout trouvé. Et comme l'occasion était belle, ne se représentera sans doute jamais dans un cadre aussi intimiste et près de chez soi, je me devais d'être également de la partie. Histoire de se rappeler de souvenirs d'enfance très lointains de soirées crêpes/45 tours où je pouvais parfois entendre « Solid As A Rock » entre deux goinfreries. Et que ce n'est clairement pas lorsque les parents sont prêts pour l'EHPAD qu'on peut partager des petits moments de live, autant en profiter donc !

 

C'est d'ailleurs rigolo de constater que du haut de ma trentaine nouvellement acquise, j'étais l'une des plus jeunes pousses présentes au El Camino ce soir. Ce qui change des concerts habituels souvent peuplés de jeunes de ma génération et ado/adulescents en quête de sensations fortes. Un attroupement de quadra/quinquagénaires qui auront le droit ce soir à leur petite cartouche de violence plus metallique que la tête d'affiche avec le hard/heavy à l'ancienne des Bas-Normands de Désillusion. Que je situerai à mi-chemin entre ADX niveau instru et Trust pour le chant plus rageux et vindicatif. Les ayant croisés au Conquérant Metal Fest posthume de 2017, mon avis n'a toujours pas changé : le heavy chanté en français, ce n'est toujours pas mon truc. Malgré tout, il faut admettre que le groupe dépote en live, nous assène son truc avec autant de sympathie que de professionnalisme (chose à souligner pour un « petit » groupe local qui a bien quelques brûlots sous le bras mais une actualité modeste et éparse). Et bien sûr, que ça rend bien mieux dans un lieu plus exigu plutôt que dans une MJC plus grande avec à peine autant de spectateurs que ce soir. Bref, le quintet de Lisieux a très bien réussi son pari de chauffer la salle, timide dans un premier temps – signe qu'il s'agissait sans doute d'une première en bar pour une partie des gens présents et que tous n'étaient pas forcément avides de metal à la base – avant de progressivement se prendre au jeu et se laisser gentiment gagner par la vibe. Et papa Margoth – (hard) rockeux certes pas metalleux pour deux sous – de se prendre une bonne grosse dose de ventilation bienvenue causée par les headbangs du jeune chevelu devant lui. Et le groupe de finir sa prestation par une grosse ovation, Désillusion fermant la marche avec une reprise de Manowar (« Hail And King » si je ne m'abuse) qui remporte tous les suffrages.

 

Malgré un petit souci de tête d'ampli basse qui s'est réglé gentiment grâce à la générosité normande des ouvreurs de la soirée, il faut admettre que la passation de scène s'est faite en un temps record. Et ce, même si ce qui semble être le manager enjoué et ému de Shakin' Street se confond en excuse pour le retard, ajoutant que ça donne une raison supplémentaire d'être accueillant, la mésaventure ayant mis le bassiste un brin en rogne... Soit, peut-être a-t-il une carrière de musicien accomplie, il n'empêche qu'il n'y a pas à se monter le bourrichon pour si peu, nous ne sommes que dans un petit bar après tout (avec toutes les contraintes techniques et autres mésaventures que cela amène). Parce qu'apparemment, Fabienne Shine, frontwoman et tête pensante de Shakin' Street a su bien s'entourer niveau de ses ziqueux. Pour preuve, on y retrouve un certain Ross The Boss à la guitare, ceci expliquant le pourquoi de la reprise de Manowar de Désillusion. Un guest qui, de son seul nom, a attiré une partie des gens ce soir apparemment tant son nom sort de pas mal de lèvres. Surtout d'un des types planqué au fond qui a dû perdre pas mal de sa voix à brailler « Ross The Best ! » à tout bout de champ, tel un disque rayé. Sachant que Shakin' Street a compté dans ses jeunes années Louis Bertignac et Corinne Marienneau avant de s'en aller former Téléphone, on peut dire que Fabienne a le bras long. Y compris chez les alchimistes tant l'élixir de jouvence semble efficace tant il est difficile de croire qu'elle a 74 printemps. D'aspect comme de pêche, la madame ne s'économisant pas malgré la petite superficie de carrelage allouée en pseudo-scène, haranguant la fosse depuis chaque cm² que la largeur peut lui permettre, donnant cette impression qu'elle sonde en fait chaque visage qui lui fait face, doux avantage des configurations à taille humaine. Chose qu'elle confessera directement lors de ses nombreuses communications s'inscrivant toujours dans la sympathie et la générosité. Parce que bon, elle l'a dit elle-même Fabienne : « Je ne connaissais pas du tout Caen mais vous êtes quand même vachement rock'n roll ici ! ». Eh ouais, ma bonne dame, que ce soit à vingt, trente, quarante ou cinquante balais, il y a des choses qui ne se perdent pas.

 

Je parlais tout à l'heure de « Solid As A Rock », certainement leur titre le plus connu et reconnu, quel ne fut pas la surprise de l'entendre dès l'arrivée du groupe. Niveau grosse cartouche envoyée d'entrée de jeu, on ne peut décemment pas mieux faire. Grosse entame qui m'a fait craindre le pire : étant le seul véritable souvenir musical de Shakin' Street que j'avais, allai-je me faire chier sur tout le reste du show ? Au final, ça a été loin d'être le cas. Car ça envoyait sévère – même si on est dans le pur hard rock, il y a quand même quelque chose de très punk dans le chant – avec une ambiance bonne enfant. Et que finalement, je me suis surprise à reconnaître pas mal de titres dans la setlist, signe que j'avais bien plus de souvenirs enfouis au fin fond de ma boîte crânienne que je ne pouvais bien le penser et que mon père a plutôt bien fait son boulot en terme d'éducation musicale. Ce dernier, qui a eu l'air d'avoir bien apprécié ce grand moment de nostalgie, bien que je ne saurais sans doute jamais si le fait de l'avoir vu enlever ses lunettes pour se frotter les yeux était simplement une poussière dans l’œil ou comme une petite montée d'émotion indésirable. Parmi la setlist sont bien entendu mis en honneur les vieilleries issues de Vampire Diaries (1978) et l'album éponyme, dont les récentes rééditions étaient « l'excuse » pour justifier la mise en place de cette tournée 2019. Ainsi que pour promouvoir par le même temps le nouvel album solo de Fabienne, mis en boîte avec les mêmes musiciens présents autour d'elle ce soir, duquel on a pu entendre un titre, toujours ancré dans le rock mais manifestement plus gentillet que le répertoire de son vieux groupe. Avant de prendre la poudre d'escampette par une reprise qui, là encore, met tout le monde d'accord, à savoir « I Wanna Be Your Dog » des Stooges, preuve manifeste que le punk fait bien partie des influences de sa frontwoman. Quand bien même elle n'est plus toute jeune. Bien que de l'EHPAD que je parlais en fin d'introduction, elle en est encore très loin. C'est que le rock'n roll, en plus de ne pas s'oublier, ça conserve !

 

 

photo de Margoth
le 04/02/2019

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 04/02/2019 à 17:14:42

Toujours aussi sympa à lire tes reports Margoth !! J'espère que mes loupiots me feront ce genre de surprises plus tard...

Margoth

Margoth le 05/02/2019 à 09:27:21

Merci (et pourtant, les live reports, ce n'est vraiment pas ce que je préfère écrire). Je te le souhaite, j'aime bien ces petits moments de concert en famille, ce sont des beaux moments de partage inter-générationnels. Bon, après, faut aussi les éduquer pour qu'ils te le rendent bien dans le futur (notamment, emmène-les à des concerts dès maintenant, ils prendront le pli une fois adulte) ;)

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