Wardruna - Kvitravn

A l’origine, je ne voulais pas me farcir une chronique du dernier Wardruna.

Personne ne m’a forcé d’ailleurs à la faire. Alors pourquoi j’ouvre ma grande bouche ? diront certains.

Parce que je fais comme je veux, pour débuter, et je vous emmerde pour terminer.

Et puis une partie non négligeable de mes lectures depuis des années concernent les vikings.

Je n’achète pas de matos de sport ou de fringues tous les mois mais des épées selon la typologie de Petersen et des reproductions historiques sourcées de babioles.

Demandez à ma femme, elle en a marre, parfois.

Tout ça pour dire que j’adore me la jouer sur le sujet et concernant le fond de l’œuvre de Servik, va pas falloir me la faire à l’envers. Car j’ai les mêmes bouquins que lui sur mes étagères.

Cette chronique m’est apparue en rêve, en fait.

Pour rendre hommage à l’ esprit des anciens Scandinaves très porté sur le monde onirique et tout ce qui tourne autour de la magie en général.

Je déconne, cette bafouille m’a été soufflée en lisant un tombereau de lieux communs sur ce skeud et le bonhomme à son origine.

Un gros mot de la démarche du combo, tout d’abord.

Le projet Wardruna devait comporter trois volets à l’origine. Succès aidant, le "concept" a été complété d’un album « intimiste » parfaitement chiant surfant sur la vague.

Et voilà que débarque du drakkar (une invention française), ce Kvitravn à l’artwork décalqué sur celui des albums précédents.

Mais avec des plumes. 

Comprenons-nous bien, malgré toutes les qualités de musicien de la tête pensante du groupe, pour moi, Selvik reste un sacré roublard.

Participer à la BO d’une série de triste mémoire (ne vous inquiétez pas, Michael Hirst a encore besoin de tunes) ou à un jeu vidéo véhiculant des bassines de poncifs, révèle, ainsi, un esprit d’entreprise, typiquement viking pour le coup, là.

Le mec cite trois phrases de l’Edda de Snorri dans un canard de Metal et voilà tous les crétins avec un marteau de Þórr autour du cou qui se pâment.

Einar monte nous ta grosse bukkehooooorn !!!

Une louche de néopaganisme simpliste, à base d’animal totem (le corbeau blanc donnant son titre à l’album) et hop, emballée est la gueuse tirant les runes sur Instagram.

Non, Wardruna ne fait pas de la musique ethnique.

Les vikings ne constituaient pas une ethnie.

Mais que le groupe s’inspire de la musique d’autres ethnies, c’est évident.

Non, Wardruna ne fait pas de reconstitution musicale au sens archéologique.

On sait que dalle sur la musique pratiquée dans la Scandinavie du haut Moyen Âge.

Ce qui n’enlève rien aux qualités du skeud en question.

Ainsi, les recettes de la trilogie Runajold sont ici reprises quasi à l’identique.

Mais fonctionnent encore, parfaitement.

Car Wardruna a ouvert la voie à des charters de copycats ridicules mais reste toujours jarl en son domaine.

Les différences sont très ténues avec les autres chapitres de l’œuvre du groupe, en réalité.

Vous me direz Motörhead a toujours fait du Motörhead.

Oui, mais on n’écoute pas Wardruna pour se faire kicker son ass.

On écoute Wardruna pour croire qu’on n’a pas foutu en l’air la planète entière.

On écoute Wardurna pour se dire que se souvenir du passé n’est pas synonyme de débilité.

On écoute Wardruna quand ça ne va pas et quand ça va aussi.

On écoute Wardruna pour aimer le feu et aussi la glace.

On écoute Wardruna pour fermer les yeux et sourire encore.

Car, malgré la mélancolie omniprésente de la musique, sa beauté (subjective) et sa parfaite mise en place font du bien dans ce monde de merde.

Juste pour ça, il faut écouter Kvitravn.

Crom-Cruach

le 03/04/2021