Jason Bieler (And The Baron Von Bielski Orchestra) - The Consolidation
Chronique Maxi-cd / EP (22:02)

- Style
Prog / Rock / Metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
8 mars 2024 - écouter via bandcamp
Dans la liste des remerciements adressés à l’année 2023 figure un « St Cloud very much » exprimant ma gratitude pour avoir enfin croisé la route de Jason Bieler, ceci via l’exceptionnel Postcards From The Asylum. Depuis quelques années, cet ex-Saigon Kick poursuit en effet une carrière solo lui offrant tout le loisir de coucher sur microsillons (j’ai dû mal à écrire « à encoder sur disque SSD », même si une approche naturaliste de la chronique l’exigerait) « de coucher sur microsillons », disais-je, le foisonnement créatif qui semble l’agiter constamment… Or les œuvres qu’il immortalise au cours de ce cheminement créatif solitaire sont de nature à émoustiller les fans de Devin Townsend et de Mike Mills (Toehider), artistes à la nature pareillement expansive, et à la palette également bigarrée. Usant des mêmes armes, rien d'étonnant, donc, à ce qu'il ait réussi à séduire votre interlocuteur dans les mêmes proportions.
Puisque le bonhomme n’arrête apparemment jamais de se titiller la muse, ce n’est bien évidemment pas parce que son dernier album frémit encore sur nos platines qu’il va se retenir de livrer des compos nouvelles. C'est donc ce qu'il a fait à intervalles réguliers depuis la sortie de Postcards, les 5 créations rassemblées sur ce nouvel EP ayant été dévoilées les unes après les autres, par grappes, sur Bandcamp. Mais on a déjà bien assez de taf à collecter les affaires éparpillées à travers tout l’appart par [nos ados négligents / Monsieur le Bordélique / Madame l’Artiste] pour ne pas vouloir faire de même avec les compos du Bibiel’ : on n’est donc pas mécontent de voir celles-ci livrées d’un bloc d’un seul, joliment empaquetées – « consolidées » serait un terme plus approprié, pour le coup – derrière ce superbe artwork d’un Styx carmin dont on se dit qu’il aurait également pu servir dans le cadre d’une pub hardcore pour Tampax.
Au menu de ces vingt grosses minutes – également passées en compagnie du batteur Edu Cominato et du guitariste Andee Blacksugar, qui faisaient déjà partie de l’aventure Postacards… – figurent :
- de sublimes mille-feuilles vocaux
- des créations à la fois délicatement ouatées, subtilement décalées, et rythmiquement énergiques
- un rythme cardiaque qui s’emballe plus qu'occasionnellement
« No Real Goodbyes » est la parfaite incarnation de cette formule ternaire, ce morceau de Rock aventureux, à la fois brumeux et mû pas une batterie insistante, étant certes à la limite du format acceptable en radio, mais en même temps tellement plus, le fil d’Ariane que l'on y suit étant celui d’un Devin Townsend serein et inspiré.
Routier, rock et chantant, Jasonique-nique-nique prend ensuite la route sous un vaste ciel clément à l’occasion de « Zombies & Black Swans », l’artiste y faisant à nouveau preuve de cette aptitude étonnante à se caler à califourchon sur un nuage depuis lequel, si haut et pourtant si proche, il nous raconte des histoires à la fois simples et extraordinaires.
Bien que doté de multiples petits samples qui dynamisent sa trame – et d’un refrain qui vient insidieusement nous squatter la caboche (« Some people call me Satan, some people call me Stan… ») – « Some People Call Me » est le titre qui convainc le moins durablement du lot, peut-être du fait de la froideur d'une guitare qui semble avoir emprunté sa tessiture du côté de chez Muse.
« Industrious » s'avère quant à lui bien plus tortueux. Et pourtant, sublimé par ces chœurs superbes et quelques marques de malice bienvenues (cf. ce meuglement taquin qui vient nuancer la superbe vocale de l’introduction), celui-ci marque notre estime plus positivement, mais aussi plus durablement.
Solennel, presque grave même en son début (il faut dire que c’est déjà l’heure des aurevoirs), « March Of The Vikonaughts » bénéficie lui aussi de l’un de ces refrains magnifiques, confectionné à la seule force des cordes vocales d'un Jason toujours aussi inspiré. On sent cependant que c’est bientôt l’heure d’accoster sur l’autre rive du Styx, la résignation semblant sourdre d’entre les fibres de cet épais matelas cotonneux, les dernières minutes n’étant plus que flottements engourdis, lead nébuleuse, et invitation à l’abandon…
Pas de déception à l’horizon, donc : comme son nom l’indique, The Consolidation renforce cet attachement profond que l’on a fini par développer pour Mr Bieler, sortie après sortie. Il est donc plus qu’adéquat de terminer ce papier sur un « Vivement la suite ! » certes classique, mais traduisant parfaitement l’impatience du fan d’en écouter encore et toujours plus.
La chronique, version courte : dans la pure continuité de Postcards From The Asylum, Jason Bieler profite des 5 titres de cet « Extended Play » au nom tout à fait approprié pour nous verser dans les oreilles un généreux supplément de refrains vocalement superbes, de décalages Prog élégants, et de bienveillance subtilement accrocheuse. Ah ça, on peut dire qu’il sait s’y prendre pour consolider une fanbase, le bougre !
2 COMMENTAIRES
Dark Globe le 17/04/2024 à 10:38:13
Par contre, si t'es pas fan des 80's l'écoute s'avère fastidieuse !
cglaume le 17/04/2024 à 12:05:55
Pas impossible que je sois vieux 😅
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