Watertank - Destination Unknown
Chronique CD album (35:00)

- Style
post hardcore - Label(s)
Solar Flare - Sortie
2015 - Lieu d'enregistrement recorded by Patrice Guillerme and mastered by Carl Saff
- écouter via bandcamp
C’est cool d’avoir un groupe il parait. On compose des chansons en étant persuadé qu’on va mettre des branlées à tout le monde, on fait des répet' avec des sourires niais sur la tronche, on joue tout ça sur scène en bougeant la tête comme des cons, on finit par coller les chansons sur une rondelle de vinyle avec les meilleures intentions du monde… Et ces dernières peuvent être bien variées : révolutionner un style, surpasser le maître, faire pleurer dans les chaumières, pondre le truc le plus violent du monde, faire saigner les tympans, etc. Après c’est bien gentil tout ça parce qu’il ne faut pas oublier cette putain de chienne de réalité : des groupes, il y en a plein et, surtout, il y en a toujours une tripotée qui ont eu la même idée en même temps et en mieux, qui jouent plus fort, qui vendent plus, qui sont plus sexy et qui baisent plus de groupies… C’est comme ça, c’est finalement pas toujours si cool d’avoir un groupe en fait.
Par contre, vous ne m’ôterez pas de la tête que ça doit être tout de même un peu cool d’avoir un groupe comme Watertank. Cool mais pas forcément facile. En effet les mecs ne produisent ni la musique la plus originale ni la plus fraiche qu’il soit. Avec le compteur bloqué sur les 90’s (ok, on parle bien des 90’s digérées mais c’est les 90’s quand même) et des références super évidentes telles que Quicksand, Torche, Failure voire Helmet il est évident que les bordelo-nantais partent plus avec un handicap qu’un avantage dans le grand bouillon du rock n’roll. Cependant, même si je peux comprendre que le fait d’entendre de pareilles références percer aussi grossièrement dans des compos originales en 2015 peut avoir de quoi en rebuter plus d’un, il ne faut pas pour autant négliger la qualité de ces dernières. Et là, pour le coup, nos cinq larrons s’en sortent avec les honneurs. Chacune des neuf pièces de ce Destination Unknown contient en effet suffisamment de bonnes idées pour coller au minimum une semi-dure à quiconque a kiffé un jour au moins une des quatre références suscitées. Les riffs, les arrangements, les enchainements, les structures, les lignes de chant, les rythmiques, tout dans ce disque semble avoir été réfléchi pour frapper pile poil là où il faut avec pertinence et efficacité. On se mange successivement des riffs d’enfer, des mélodies tantôt assassines, tantôt gentiment crève-cœur, le tout emballé dans un son qui ne transpire pas, lui non plus, l’originalité mais qui a au moins le mérite de nous expédier ça directement en pleine poire par le chemin le plus court qui soit.
Entre la noirceur subtile et la violence frontale d’un « Doomed drifters », la mélancolie d’un « Scheme », l’efficacité d’un « Surrender » ou encore la tristesse crasse du dernier titre éponyme, nos petits cœurs de trentenaire à chemise (option carreaux) se fait gentiment balancer dans tout les sens et même si on reste en terrain connu, le voyage en vaut la peine. Ah et pour ceux qui ont moins de trente ans, ben pas de souci, ça doit pouvoir se tenter à l’aise aussi, y a pas de raison. Ça reste un groupe de rock, et je le répète, c’est cool les groupes de rock, ça compose des chansons, ça répète tout ça avec un sourire niais pour finalement bouger comme des cons sur scène et coucher tout ça sur un disque, enfin, vous savez quoi…
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