We Only Said - Boring Pools

En 2010, We Only Said nous ouvrait une voie chiadée vers une pop mélancolique aussi assumée que pas totalement maîtrisée. « Your drab eyes »en carte de visite et le poignant « I discover murder » comme mètre-étalon pour bien prendre la mesure des démangeaisons de la bande à Florian Marzano. On avait bien cerner toutes les intentions, mais il manquait quelque chose dans cette pièce éponyme.

Cinq ans plus tard, une signature chez Les Disques Normal, plus tard, les rennais proposent une nouvel opus qui a le mérite de répondre aux interrogations laissées ouvertes par le premier jet ; et qui offre un nouveau point de vue sur leurs musiques. C'est assez rare pour le souligner.
Analyse des facteurs de la construction de ce grand petit disque.

Comme souvent, la gestion du temps confirme une marque d'intelligence pour les protagonistes. Libre de décider sans pression, un groupe fait rarement une copie sans relief d'un effort précédent voire un album de trop. Puisque tous les éléments sont connus, place à un agencement en finesse.
De fait, rejoindre l'écurie de Martial – Les Disques Normal – aura conditionné le groupe à développer des arrangements plus riches, plus subtils et moins mélancoliques. Leur Pop s'affirme toujours dans le sillage de Swell ou de Slint. Un format indé, boisé qui ose les belles parures par moments sans que cela soit rococo. Le tout sert des textes durs sur une nature humaine malmenée.
Chez Les Disques Normal, on aime le beau parfois précieux autant que la sobriété.

Boring Pools porte mal son nom, car il parvient à sortir du cadre rigide son prédécesseur. Une écoute attentive, au casque, en appelle une autre et une troisième. Ce disque procure une vraie zone de confort pour l'auditeur, plus captif, du coup.

Les harmonies vocales sont parfois un peu justes, mais elles sont compensées par les arrangements maîtrisés. On ne s'ennuie pas dans ce disque. Le jeu technique et relâché du batteur imprime un tempo assez hypnotisant.

L'Americana en mode hexagonal a de beaux jours devant lui.

Eric D-Toorop

le 28/02/2015