Youff - Heydays

Chronique CD album (33:30)

chronique Youff - Heydays

Youff, je les ai découverts en concert dans un lieu autodégénéré aujourd'hui malheureusement défunt, où le total D.I.Y. (en commençant par la construction-même du lieu en question) régnait, dans les environs de Belfort.

Cinq l'air de rien débarquent sur scène et assènent d'emblée une musique à rebrousse-poils anguleuse, puissante et follement, oui comme une folle, dansante.

Oh non ce n'est pas le retour tant craint de la ''Happy noise'' (qui craint) des années zéro !

Non, une transe No-Wave brute, passée à la moulinette du Nosié Rock et de l'Indus.

Me souvenais avoir bien dansé sur YC-CY, mais là, c'est pire. Çà défonce les oreilles, le bide et les reins.

 

Duo batterie/guitare-chant à l'origine, me semble-t-il, son personnel se sera étoffé le temps passant, jusqu'à devenir cinq donc, avec des bouts des intrigants 30,000 Monkies dedans, m'a appris un pote.

 

D'l'intrigue, y'en a d'dans, un truc de Youff, avec un chant qu'on ne peut rater, élucubrations psychotiques qui partent en vrille dans l'aigu illuminé, des blocages vocaux fortement autistiques et un non-jeu de scène qui s'étrangle lui-même, très physique statique. J'aurais pas forcément de comparaison sous la main, même si Eugene Robinson de ce drôle de groupe aussi nommé Oxbow a dû traîner par là. Et, comme dans 30,000 Monkies, les putains de Butthole Surfers quand ils manipulent les voix, également. (Doit-on accorder ''putain'' ou pas, dans la putain de phrase précédente, putain ?) Sauf que contrairement aux Surfeurs Du Trou Du Cul, chez Youff le marionnettiste manipule sa voix tout seul comme un grand sans artifice, avec rien que ses cordes vocales, ce qu'il en reste...

 

J'avais plus qu'à danser comme un possédé, à pousser des éclats de ricanements incontrôlés et à fermer souvent les yeux – mais pas toujours, l'anti spectacle de gens qui ne font finalement que jouer de la musique étant bien suffisamment prenant selon moi pour qu'on n'aie pas à ajouter des foutus costumes et des masques à tout ça. Ce n'est pas que de l'entertainment, Folks, non, c'est tout de même un peu autre chose.

Du moins, pour certaines personnes.

Sans se prendre au sérieux non plus. C'est une passion, c'est un engagement, c'est une vie. Une vie parfois simple, une vie parfois bête, mais une vie parfaitement.

Si vous n'avez pas compris cela, qu'est-ce que vous faites ici ? Vous passez le temps ? Vous passez le chemin. Y'a du monde sur la corde à linge, notamment un singe humain très concerné qui hurle en yoyo au milieu de guitares bruitistes et industrielles, un batteur qui concasse tout ça parce que sa vie en dépend et une basse qui atomise depuis ras le sol, une raclette à gens épris de douce folie, d'utopies et de liberté.

Quand une certaine hébétude et surtension n'empêchent pas la célébration de la vie vibrante, de l'expression de l'indicible, de l'entre-deux, la fête de l'entre-nous, libres et rayonnants pour quelques instants, jeunes à jamais pour le moment, s'étranglant sans poumon sur de la musique de bêtes de foire hors société, foisonnant ton microcosme, liberté bébé je crie sur ton nom, je crois que j'ai éjaculé mais en fait je n'ai que craché ma fumée en ta direction, dans les lumières ça faisait joli j'ai trouvé.

 

Merci Youff pour ce concert, et merci pour ces disques qui, s'ils ne sont pas aussi puissants qu'une expérience authentique de votre défenestration musicale en toute vérité nue, rendent bien justice, au moins celui-ci, à votre noble et humble art du boucan.

 

A un de ces jours j'espère. Avec toute mon affection,

Gep .

photo de El Gep
le 15/06/2024

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